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Littérature
par Philippe Arnaud le 25 mai 2024

40 années dans les oubliettes de la République

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Au travers de la bande dessinée Dans les oubliettes de la République , Pierre Carles livre le scénario d’un film sur lequel il travaille depuis une dizaine d’années. Il l’a réalisé avec le dessinateur Malo Kerfrieden.

Pierre Carles a été sollicité par une militante pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, pour réaliser un documentaire afin de soutenir l’action. Il l’avait connu quand elle soutenait la libération des prisonniers d’Action directe, à l’occasion de la réalisation du film Ni vieux ni traîtres . Il a accepté ce projet et a découvert une affaire qui mêle au-delà de l’horreur d’une détention à perpétuité, l’implication des États-Unis dans le système judiciaire français et le rôle des médias pour falsifier les faits, son sujet de prédilection.

Dans cette BD, les auteurs nous racontent l’histoire de la trop longue détention de Georges Abdallah.

Elle nous raconte comment Pierre Carles découvre Georges Abdallah, à l’occasion de ses rencontres avec les prisonniers d’AD, puis nous ramène aux débuts de l’affaire au travers des médias : occupation du Liban par Israël, exécution d’un diplomate israélien, Barsimentov, puis d’un attaché militaire américain, Ray, les deux à Paris.

La BD nous emmène ensuite en Algérie, où il rencontre la personne d’AD qui a déposé la revendication des deux exécutions pour les FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), c’est l’occasion de revenir sur ces deux exécutions et leur report quand le risque de tuer des civils s’est présenté. Depuis l’Italie, nous refaisons le trajet de Georges qui le conduira à Lyon où il se fera arrêter pour détention de faux papiers, puis le procès avec son avocat Jacques Vergès et Georges Kiejman, avocat des parties civiles américaines. Les demandes des États-unis pour que Georges Abdallah soit condamné à perpétuité puis ne soit jamais libéré sont constantes. Au Liban, Pierre Carles rencontre la famille de Georges. A l’époque, 1986, le ministre de l’intérieur, Charles Pasqua et son associé, Robert Pandraud, font porter la responsabilité des tragiques attentats de la rue de Rennes, aux frères Abdallah. On saura plus tard que c’est un groupe lié à l’Iran qui en est responsable. Et la presse, Le Monde à l’époque d’Edwy Plenel, en particulier, relaie sans contrôle cette information qui pèsera sur le tribunal qui condamnera Georges Abdallah. Il a été condamné pour complicité, le procureur ayant demandé le maximum soit dix ans. La perpétuité ne s’explique que par le contexte des attentats et la pression médiatique.




Pour Pierre Carles, l’accusation de « terroriste » colle à la peau de Georges Abdallah et rend impossible sa libération. Georges Abdallah était bien un membre important des FARL, aussi membre du FPLP, mais il n’a exécuté personne. L’objectif de l’action était de porter la guerre hors du sol national, quand Israël envahissait le Liban, sous la protection des États-unis et de la France dont les armées sont présentes sur le sol libanais. Ces exécutions ciblés et précises envers des personnes travaillant pour leurs services secrets sont à l’opposé de la notion de terrorisme.

Aujourd’hui, à 73 ans, Georges Abdallah ne peut sortir de sa perpétuité que par un arrêté d’expulsion émis par le ministère de l’intérieur, ce que tous refusent depuis Manuel Valls. C’est la dernière décision de justice : Georges Abdallah est libérable, sous condition d’expulsion au Liban, qui le réclame.

Redisons-le, cette BD est le scénario du film que finalise Pierre Carles « Who want Georges Abdallah in jail ? ». Ces deux expressions, BD et film, visent aussi à faire connaître à un large public cette injustice faite à un homme par la France. Delcourt est un grand éditeur de BD, largement diffusé, cela va dans ce sens. N’oublions pas les différentes productions qui ont déjà été diffusées comme le film « Fedayin » ou le livre de Saïd Bouamama « L’affaire Abdallah », et d’autres.
Chaque année, nous sommes de plus en plus nombreux à la date anniversaire de son arrestation, le 24 octobre, avec ses comités de soutien, à aller manifester jusque devant la prison où il est détenu à Lannemezan (65) pour lui dire que ses camarades, elles et eux, ne l’oublient pas.

Que personne n’ignore que la France détient le plus vieux prisonnier politique en Europe, avec 40 années de détention, le plus vieux prisonnier de la cause palestinienne, au même titre que les États-unis détiennent Mumia Abu-Jamal (42 années) et Léonard Pelletier (48 années) !

Il est de notre responsabilité de sortir Georges Abdallah des oubliettes de la République !

Philippe Arnaud
Cercle libertaire Jean-Barrué (33)

Dans les oubliettes de la République de Malo Kerfriden, Pierre Carles, Malo Kerfriden - Album | Editions Delcourt (editions-delcourt.fr)
C-P Productions - longs-métrages et documentaires (cp-productions.fr)
Plus d’infos sur Georges Abdallah et son soutien : Libérons Georges Abdallah ! (samizdat.net)

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PAR : Philippe Arnaud
Cercle libertaire Jean-Barrué (33)
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