Les caractéristiques traditionnelles du flicage au sol
Sont brièvement restituées dans un premier point.
Au nom de la surveillance sanitaire des mégalopoles
Une adaptation secondaire est présentée en contrepoint.
I
La technique policière du décubitus ventral a ceci de merveilleux
Qu’elle donne ses lettres de noblesse à une méthode d’immobilisation
Proscrite chez les Helvètes ou les Belges en cas d’interpellation
Car ce plaquage au sol est non seulement infâme mais aussi dangereux.

Le pays des droits de l’Homme n’en tire strictement aucune leçon
Les droits effectifs des femmes et des hommes comptent finalement peu
Les grands principes se suffisent à eux-mêmes et à la queue leu leu
Au Ministère ou à la Préfecture, on se félicite de cette pratique de contention.

Le risque d’asphyxie encouru par le quidam, suspect ou contrevenant
Est quantité négligeable au regard de l’objectif de maintien de l’ordre
« La fin justifie les moyens », les tyrans usent de cette maxime sans démordre
Les démocrates ne s’interdisent pas d’y recourir le cas échéant.

Même lorsque les policiers reçoivent parfois contrordre
D’ajouter aux clés de bras la compression du thorax de l’impétrant
Les vieux démons accompagnent le brutal déchaînement
Il faut éradiquer cette chienlit et distordre, distordre, distordre.
II
Une puce glissée dans la chaussure et le marathon
De la surveillance sanitaire pourra s’engager pour de bon.
Que vous remontiez ou descendiez les avenues
Tout sera enregistré de vos allées et venues.

En cas de contact rapproché avec un porteur du virus
De l’homosexualité, de l’insoumission ou de Bacchus
Vous goûterez aux joies de la fourrière
Rebaptisée « quatorzaine » en terme populaire.

On sait par avance qui sortira vainqueur
De cette course de fond et de malheur.
Hors du périmètre autorisé, les coups de matraque
S’abattront sur votre carcasse et cela fera crac.

Cette variante contemporaine du flicage au sol
Ne chagrinera pas les nostalgiques du Komsomol [note] .
Mais quelques autres, vous et moi compris
En ont soupé des méthodes empruntées à la Stasi.

Céd