Illustration Gerd Altmann

Le jour où ils ont inventé le héros
Les arabes ont révolutionné les mathématiques.
Avant, les savants étaient des anonymes
Tout au plus connaissait-on leur prénom.

Romain calculait avec des croix et des bâtons
Et ses contemporains souriaient, magnanimes.
Mais les opérations n’étaient guère pratiques
Tout ce bois pesait lourd dans son sac à dos.

Avec le temps, place fut faite aux falots
Les courbettes de Gauss n’ont ainsi rien de statistique.
L’obséquiosité de Pascal le conduisit proche de l’abîme
Avec l’invention d’une machine à calculer le renom.

Au service des puissants, certains ont fait don
De leur œuvre et y ont sacrifié leur patronyme.
La relation de Chasles n’a rien d’érotique
Charles, lui, abusait de ses relations en son château.

Aujourd’hui Thalès vend son âme aux généraux
Et s’adonne à la programmation électronique.
Pour les marchands d’armes, les faiseurs de crimes
Il oriente les missiles ou les hydres-avions.

Certes, Archimède poussa très loin la compromission
Avec la complicité de trigono-traîtres pusillanimes.
Mais sous couvert d’acrobaties géométriques
Ses épigones trafiquent actuellement sous le manteau.

Céd.

Passager clandestin (CRML) :