Pigiste payé à coup de lance-pierre
Je déambulais au sein d’un EHPAD
Muni, comme il se doit, du dernier iPad
En quête d’un sujet qui me tirerait d’affaire.

Je croisai alors un vieux et une vieille
Dans ce bâtiment de Villeneuve d’Ascq
S’embrassant goulûment et sans masque
Se moquant bien des consignes de la veille.

Lui avait les bras tatoués tel un corsaire
Elle portait un parfum à la noix de muscade
Tous deux plaisantaient des algarades
Les pressant au respect des gestes-barrières.

En cette période précédant le grand sommeil
Ils adoptaient un comportement fantasque
Et que leurs chairs soient devenues flasques
Ne changeait rien à cette merveille.

***

Quelques temps après et sans surprise
Ils rejoignirent le funérarium municipal.
Le virus avait sifflé la fin du bal
Le sérieux s’impose en temps de crise !

On rappela qu’il se revendiquait anarcho
On dit qu’elle n’avait plus toute sa tête
On l’assimila à la Môme Crevette
Et lui fut décrit en parfait gigolo.

Point d’orgue de ce torrent de sottises
Le discours emphatique d’un baron local
Condamna cette gente antisociale
Et ponctua ces fielleuses expertises.

Je continue souvent à penser à ce numéro
Où je mis à l’honneur cette petite Miette
Cet homme qui gênait les gens honnêtes
Ils m’ont inspiré ce que j’ai écrit de plus beau.

Céd