Les organes de presse avaient été méticuleusement émasculés.
La chasse au pluralisme avait enrichi des mercenaires opportunistes
Les journalistes affidés exhaussaient le culte de la personnalité
La radio D’État diffusait un programme de conférences résolument fasciste.

Pour assoir dans les esprits la nécessité du contrôle de la population
En ces temps de sortie d’une période dite de confinement
Un spécialiste en ravages précisa que les logiciels de géolocalisation
Étaient la solution adéquate pour échapper à tous les tourments.

Incrédule et athée, refusant d’être gros Jean comme devant
Je me concentrai et entrepris de dénouer le fil de l’argumentation
Les effets de manche, les mensonges et la logique du raisonnement
Pour échapper au caractère spécieux de toutes ces assertions.

L’intervenant commença par préciser que sa formation de neurobiologiste
Le qualifiait pour accéder au contenu de notre cervelet
Qu’ainsi il pouvait épier handicapés, drogués et communistes
Et décoder, pour la sécurité de tous, leurs plus intimes pensées.

Avec la géolocalisation, ajouta-t-il, on gagnerait encore en efficacité
Déviants, repris de justice et même les artistes
Le doigt sur la souris et les yeux rivés sur des écrans colorés
Toute cette lie serait surveillée par une armée d’activistes

L’état d’urgence sanitaire n’autorisait aucune contestation
Implanter une puce en sous-cutanée à tous les braves gens
Permettrait de tuer dans l’œuf les projets de contamination
Mais aussi, conclut-il, de remplacer la CB pour acheter Présent.

Des applaudissements préenregistrés ponctuèrent cet exposé sidérant
Que j’accompagnai d’une bière blonde d’artisanale fabrication
L’alcool aiguisant ma mémoire et ma lucidité conjointement
Mon amertume répondant à celle du houblon.

Je sais déjà que mes voisins et au cri de « anarchiste ! »
Me présenteront à la police comme un mauvais sujet
Regimbant, je signe pourtant et je persiste
A m’élever contre cette insulte à nos libertés.

Céd