Donne ta RTT, tu iras au paradis !

mis en ligne le 1 mars 2012
Un député UMP a proposé une loi afin que les salariés puissent, en plus de se faire exploiter par un patron, se faire exploiter par un ou une collègue qui aura un enfant gravement malade en lui donnant des jours de repos, toujours chèrement obtenus. Comme c’est mignon. Plus fort encore, le texte de loi prétend donner « un cadre légal à des initiatives spontanées de solidarité de salariés » : c’est là un tour de passe-passe digne des politiciens les plus habiles. Il confond tout simplement solidarité et charité.
S’il s’agissait de solidarité, ce ne sont pas seulement les salariés de l’entreprise qui feraient un effort – et d’ailleurs, encore faut-il qu’ils soient assez nombreux dans la boîte pour que cette aide en vaille vraiment la peine ? – mais tous les citoyens, comme pour la sécu (ou ce qu’il en reste).
On voit là que la charité sert bien le libéralisme, prônant la démerde individuelle plutôt qu’une véritable solidarité. Et le patron, il donnera quoi ? Comme d’hab’ : la « solidarité », c’est pour ses enfants à lui, pas ceux des employés.
Les médias font leur travail de propagande, reportage voué à faire pleurer dans les chaumières, interview de la secrétaire d’État aux solidarités... Un travail d’information aurait pu consister à voir les choses autrement, non selon un plan com’ du gouvernement, mais ceux qui font la télé, s’ils n’ont pas d’enfants gravement malades, en ont un certain nombre à nourrir et un loyer à payer, etc. Ils ne vont pas risquer leur job. Ensuite, ce serait le chômage, peut-être même le RSA... Et le S de RSA, c’est encore la solidarité. Comme ce monde est bien fait !
Faire jouer les sentiments, et même culpabiliser, car refuser de donner sa RTT face à la pression de la morale charitable, ce ne sera pas facile, on reconnaît bien là les traits d’une idéologie shootée à l’eau bénite. Et on voit bien à quel point la religion peut être néfaste en dehors même des superstitions abêtissantes qu’elle enseigne.