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Nouvelles internationales

par Philippe Diaz • le 26 juillet 2025
LA DICTATURE DU DOLLAR – Quatrième partie : Sur la recherche scientifique
Lien permanent : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=8491
Nous avons vu dans la première partie, https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=8360
comment l’État de non-droit, créé par la nouvelle autocratie présidentielle américaine, utilisait la dictature du dollar pour limiter la liberté d’expression de la presse ; dans la deuxième partie, comment cette même dictature du billet vert était utilisée pour supprimer la liberté d’expression des étudiants : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=8383 et dans la troisième partie, la liberté d’expression artistique : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=8423
Un autre développement de cette autocratie est la suppression des financements de la recherche, ou plus exactement, des recherches qui n’entrent pas dans le combat idéologique du nouveau roi de l’Amérique et de son gouvernement.
Depuis le début de son second mandat, Trump a réduit ou éliminé les financements fédéraux destinés à la recherche scientifique dans de nombreux domaines jugés idéologiquement contraires aux valeurs du mouvement « MAGA (Make America Great Again) » (Rendre à l’Amérique sa Grandeur), notamment le changement climatique, la pauvreté, l’intégration des minorités, le cancer, le sida, les programmes internationaux de vaccination, etc. Ceci s’ajoute, bien sûr, aux coupes ou aux annulations de l’aide internationale acheminée dans de nombreux pays via USAID, aide s’intégrant maintenant à la « diplomatie commerciale » des États-Unis.
Pire, Trump vient de promulguer la loi « One Big Beautiful Bill Act » (Une Grosse et Magnifique Loi), qui fut adoptée par le Congrès le 3 juillet. Les coupes budgétaires prévues par cette loi dans les programmes de santé et d’aide alimentaire vont aggraver la paupérisation, la faim et la santé de millions d’Américains vivant déjà sous le seuil de pauvreté. Elle supprime également les incitations aux énergies propres, tout en subventionnant davantage les industries pétrolière et gazière qui vont recevoir 15 milliards de dollars d’allègements fiscaux. Rappelons-le, ces industries sont les principaux financiers du parti républicain et donc du mouvement MAGA aujourd’hui.
Le gouvernement a confirmé que le budget 2026 supprimerait tous les financements fédéraux pour la recherche sur le climat. Cela inclut l’annulation d’une subvention de 15 millions de dollars pour l’étude de la biodiversité, la fermeture du site « Climate.gov », et la suppression du « U.S. Global Change Research Program » (Programme de Recherche Américain des Changements Mondiaux), un pilier de la politique climatique américaine qui coordonne et intègre la recherche fédérale sur les changements de l’environnement mondial et leurs implications pour les sociétés.
Pire, les mesures les plus récentes de l’administration ont supprimé les rapports climatiques exigés par le Congrès sur les sites web gouvernementaux, ce qui empêche les gouvernements des États et des collectivités locales d’anticiper sérieusement les vagues de chaleur, les incendies de forêt, les inondations et la montée des eaux. La loi fédérale oblige pourtant l’exécutif à publier le « U.S. National Climate Assessment » (Évaluation Nationale du Climat des États-Unis) tous les quatre ans, ainsi qu’une mise à jour annuelle pour le Congrès américain. Pourtant, la semaine dernière, les sites web hébergeant cette évaluation ont été fermés.
Des projets tels que la surveillance satellitaire du CO₂ par la « NASA (National Aeronautics and Space Administration) » (Administration Nationale de l’Aéronautique et de l’Espace) ont été interrompus. Le bureau de recherche océanique et atmosphérique de la « NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) » (Administration Nationale des Océans et de l’Atmosphère) est en voie de dissolution, menaçant la prévision des inondations et les systèmes d’alerte précoce. On vient d’en voir quelques conséquences immédiates avec les inondations catastrophiques, maintenant imprévisibles, au Texas entre le 3 et le 6 juillet, qui ont fait au moins 134 morts.
Une subvention fédérale de 15 millions de dollars était censée aider les scientifiques à mieux comprendre comment le réchauffement climatique nuit aux plantes et aux animaux, les conduisant ainsi à l’extinction. Mais l’administration Trump l’a supprimée cette année, arrêtant du même coup les recherches.
Le « NIH (National Institutes of Health) » (Institut National de la Santé), principal organisme de recherche médicale aux États-Unis, a vu ses financements réduits de 2,3 milliards de dollars, affectant notamment la recherche sur le cancer, le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine), les inégalités de santé, les vaccins, et les traitements post-COVID. De plus, la nouvelle proposition de l’administration Trump est de réduire ses financements de 18 milliards de dollars, soit près de 40 % de son budget. Quel que soit le niveau final de la coupe budgétaire, cela empêchera la commercialisation d’un grand nombre de nouveaux médicaments. Plus de 1 200 employés du NIH ont été licenciés, et 3 500 postes supprimés à la « FDA (Food and Drug Administration) » (Administration des Aliments et des Médicaments).
Le « PEPFAR » (Plan présidentiel d’urgence pour la lutte contre le sida) a été suspendu par décret en février 2025. Ceci va entraîner une montée en flèche des taux de HIV et les décès vont se multiplier au cours des quatre prochaines années, pouvant atteindre plusieurs millions de morts supplémentaires.
En parallèle, 83 % des programmes de l’USAID ont été supprimés, y compris le soutien à Gavi, l’alliance pour les vaccins. Une subvention de 2,63 milliards de dollars à Gavi a été annulée, ce qui représente 6,6 % du budget total de l’agence. Gavi est une organisation internationale créée pour améliorer l’accès aux nouveaux vaccins et aux vaccins sous-utilisés pour les enfants vivant dans les pays les plus pauvres du monde.
En réaction, des chercheurs du NIH ont signé publiquement la « Déclaration de Bethesda »,
en signe de protestation contre la politisation de la science et de son financement au NIH, critiquant la destruction de 2 100 projets d’un budget de 12 milliards de dollars. Ils accusent l’administration de sacrifier la santé publique au nom de l’idéologie politique.
Le « Broad Institute (Harvard/MIT) » a licencié 75 personnes et supprimé 42 millions de dollars de budget pour la recherche, en raison de la perte de financements fédéraux. Dans le secteur de la recherche d’Harvard, 3,3 milliards de dollars de subventions ont été annulés, affectant près de 1 000 projets.
Le plus important est de bien comprendre qu’ici, tout comme pour la liberté d’expression des étudiants, la liberté de la presse et de la création artistique, ces pertes de financement reflètent une cohérence idéologique parfaite. Les domaines ciblés : climat, vaccins, santé mondiale et égalité correspondent aux sujets de prédilection de la sphère MAGA, attaquant donc les minorités raciales, les pauvres, les LGBTQ+, etc., tels qu’expliqué clairement dans le « Projet 2025 » ayant servi de base idéologique à Trump. Ce projet de plus de 900 pages de propositions politiques conservatrices d’extrême droite, proposé par la « Heritage Foundation » (Fondation Héritage), vise à transformer le gouvernement fédéral des États-Unis et à consolider le pouvoir du président, qui devrait avoir un pouvoir absolu sur le pouvoir exécutif ! Il propose notamment de remplacer des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux par des personnes nommées pour leurs positions ultraconservatrices, de réformer en profondeur certaines agences fédérales, telle la suppression de « l’Éducation Département » (équivalent du ministère de l’Éducation en France), et d’appliquer un programme xénophobe, protectionniste, ultraconservateur, liberticide, autoritaire, nationaliste chrétien, et fortement climatodénialiste. Le premier angle d’attaque est l’État de droit et les libertés fondamentales garanties par la constitution américaine. Mais ne nous trompons pas, cette politique extrémiste ne se limite pas aux seuls États-Unis d’Amérique. L’ambition de Trump et de sa sphère est mondiale. Il suffit de voir l’implication des États-Unis dans le génocide à Gaza ou les tentatives pour influencer les élections de nombreux pays dans le monde, pour se convaincre que les partis fascistes du monde n’ont qu’à tendre la main pour récolter les sommes maintenant disponibles.
Par Philippe Diaz / « L’autre Voix de l’Amérique » pour Le Monde Libertaire
www.philippe-diaz.com
PAR : Philippe Diaz
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