Mieux qu’un banal parcours annulé de la flamme, c’est l’Olympe lui-même qui prend sur son temps précieux pour descendre sur l’île ultramarine (*).
« Le président part dans un esprit de responsabilité »… Que la porte parole du gouvernement (*) éprouve le besoin de le préciser, révèle les doutes que nourrit son entourage sur cet « esprit de responsabilité ». Ils sentent qu’il ne l’a plus la flamme. Faut dire que passer sept ans à l’Elysee entre un labrador et une marchande de pièces jaunes, une mare au canard comme horizon, c’est long, c’est très long. Une fois qu’on a épuisé la série d’inauguration, de célébrations prévues, après avoir fait le tour des thèmes possibles de grands débats et les matchs de bienfaisance que reste-t-il ? Les jeux olympiques mais ils seront rangés dès le mois de septembre. Les conversations avec ses homologues ? Ils refusent désormais de prendre ses appels. Il reste encore quelques youtubeurs avec lesquels échanger sur l’intelligence artificielle et M’Bappe, à condition qu’il ait souscrit un abonnement international. On comprend qu’ il ait envie de partir en vadrouille au moindre frémissement médiatique. Encore doit-il être extrêmement réactif depuis qu’il a loué l’appartement d’en face au rayeur de parquet compulsif.

A la recherche d’un évènement
Heureusement, entre l’envahissement par les mafias de la drogue, les élections qui s’annoncent catastrophiques, les automobiles qui partent à la chasse des fourgons pénitentiaires s’évadant d’une centrale normande ou les tirs au couteau sur cibles émouvantes, l’actualité est bonne fille. Jusqu’à une île lointaine qui lui fournit un prétexte en or pour s’échapper quelques jours de la prison élyséenne. Il a donc décidé de compléter sa collection de milles et d’enrichir son bilan carbone en se rendant en Nouvelle Calédonie, un territoire dont il a pris le temps de feuilleter les pages du guide de voyage qui lui est consacré. Pourtant, la situation ne lui est pas favorable au président. Entre l’aéroport international qui prolonge sa fermeture lorsqu’il a connaissance de sa venue, entre les montagnes russes (encore un coup de Poutine) qui viennent de causer quelques dizaines de blessés dans un vol transatlantique, les conditions semblent s’être liguées contre lui. Mais il n’en a cure notre Phare et n’écoutant que son courage, il s’embarque à la rencontre d’ « autochtones aux mœurs certes frustes mais qui restent au fond de grands enfants » (note de la cellule service diplomatique).

Le Phare de la Nation de passage
Quant au côté « politique », il a le choix entre la panthéonisation de Louise Michel et de ses camarades bagnards, les derniers détails d’une manipulation électorale à régler ou le bilan économique et culturel de l’occupation française, à l’heure de l’épuisement des ressources naturelles et des catastrophes climatiques. En réalité, le Phare de la Nation est venu s’offrir en direct live, une cérémonie de bienvenue (*** sur trip advisor) au cours de laquelle le comité d’accueil remet aux nouveaux arrivants, un collier de pneus crâmés, une variété locale à Michelin entre culture intensive et production maraîchère qui pousse à l’ombre des voitures calcinées. Il lui en restera au moins quelques selfies exotiques pour les réunions de famille et les conférences d’après mandat.
* pas trop ultra Marine tout de même, espérons-le
*Décidément ils ont tous de belles têtes à claques

Jean Claude Lénervé