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par Pierre Sommermeye • le 31 octobre 2023
La guerre, toujours…
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ARTICLE EXTRAIT DU MONDE LIBERTAIRE PAPIER NOVEMBRE 2023 NUMÉRO 146: CINQUANTE NUANCES DE RACISME
Samedi 7 octobre, le matin, je commence un article où je veux décrire, aux lecteurs du Monde Libertaire, la situation d’Israël quelques heures avant le début de la 40e semaine de manifestation contre la prise en main du pays par l’extrême droite fascisante et messianique. Je laisse mon texte à moitié fini et je pars faire un tour sans consulter les dernières nouvelles. À mon retour, la guerre a commencé. Je peux jeter mon texte.
Des mortes, des morts, des blessées, des blessés. Leur nombre augmente d’heure en heure. La vengeance va devenir le maître mot. De chaque côté, des ultras religieux sont à la manœuvre. Il faut libérer Al Aqsa, il faut libérer le Mont du temple. C’est le même endroit.
À Jérusalem, les messianiques au pouvoir poussaient à l’éviction des Palestiniens. Dans la rue, les manifestants tentaient d’empêcher leur pays de glisser vers une théocratie messianique. Si les extrémistes juifs avaient les Arabes dans le viseur, les manifestants avaient été incapables (ou n’avait ni voulu ni pu) d’associer les mêmes Arabes à leurs manifestations, bien qu’ils déclaraient que les territoires occupés par Israël étaient le problème.
À Gaza, les dirigeants du Hamas (mouvement de résistance islamique lié aux Frères musulmans) qui tiennent la ville d’une main de fer depuis juin 2007, se trouvaient, eux, devant le dilemme suivant : avec une vie devenant, pour les Gazaouis, de plus en plus difficile, une jeunesse de plus en plus remuante, un nombre de permis de travail accordés pour travailler en Israël augmentant doucement, trop doucement probablement, il leur fallait sortir de cette impasse. Cinquante ans après la guerre de Kippour, un jour de shabbat, un pays ennemi divisé où une bonne partie des réservistes de l’armée israélienne étaient en grève, toutes les occasions étaient réunies pour donner un grand coup dont ils savaient bien quelle serait l’issue, encore plus de martyrs.
Vers l’union sacrée ?
Pour les extrémistes israéliens au pouvoir, c’est une occasion en or. L’opposition allait se taire. Plus de débat sur la question d’être ou pas « raisonnable ». Plus de grève de réservistes, c’est l’union sacrée, tout le monde au front !
Pour une fois clairvoyant, le correspondant du journal Le Monde, dans son article du jour même, dit : « Ces fondamentalistes messianiques cherchent à détruire l’Autorité palestinienne du président palestinien, Mahmoud Abbas. Ils envisagent ouvertement la possibilité d’un « transfert » – un nettoyage ethnique d’une part des territoires occupés. À ce titre, le Hamas confirme qu’il est l’allié objectif de l’extrême droite israélienne, parvenue au pouvoir en décembre 2022, en attisant les griefs et les peurs suscités un an plus tôt par des violences intercommunautaires dans les villes dites « mixtes » (juives et arabes) d’Israël, sur fond de guerre à Gaza. »
Les colons juifs vont pouvoir ainsi continuer à clamer que les Palestiniens n’ont rien à faire en Palestine. On ne voit pas comment, après avoir déclaré la patrie en danger, il serait possible de juste penser autrement la situation actuelle qui faisait dire, il y a quelque temps, à un général à la retraite, que Tsahal était un « partenaire de crimes de guerre » lorsque cette armée assistait, sans rien faire, aux attaques des colons extrémistes contre les Palestiniens, et que la situation en Cisjordanie est un "apartheid absolu". Pas plus, il ne sera encore possible, et avant longtemps, d’entendre un leader politique comme Zehava Galon, ancienne présidente d’un parti de gauche, déclarer que « L’occupation est notre grand projet national, et elle dure depuis tellement longtemps que nous ne sommes plus capables de nous concevoir sans elle ».
La porte est grande ouverte pour le chef de la sécurité, Ben Gvir, de voir son rêve se réaliser en la création d’une milice à sa botte.
La guerre n’est jamais une solution
Il faudra beaucoup de courage et de persévérance à la gauche israélienne et à ses alliés démocrates pour empêcher Israël de tourner le dos à ce qui fit de ce pays une exception au Moyen-Orient, une démocratie bourgeoise. Quant aux Palestiniens vivant en Israël, en Cisjordanie ou à Gaza, combien de temps vont-ils payer les exécutions effectuées par des islamistes fanatiques.
Alors que j’écris cet article, je reçois un communiqué de l’UJFP (Union des juifs pour la Paix) qui proclame ceci : « Nous soutenons la résistance du peuple palestinien face à l’occupation, à la répression, au déni du droit des Palestiniens ». Honnêtement, il est dit au début du texte, à propos de la stratégie adoptée par le Hamas : « nous n’avons pas forcément un point de vue commun sur le sujet ». Comme pour l’Ukraine, croire qu’une guerre, quelle que soit sa forme, va solutionner un problème, quel qu’il soit, c’est refuser de se rendre compte que le problème c’est la guerre.
Pierre Sommermeyer Individuel FA
PAR : Pierre Sommermeye
Individuel FA
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