LES AFFRES DU COURONNEMENT

Ce que cela donne comme boulot,
un souverain de couronner,
croyez-moi à demi-mot,
il y a de quoi s’affoler.

Les lords et pairs du royaume,
faut sévèrement les aérer
et leur apprendre les psaumes
qu’ils vont devoir en chœur chanter.

Les comtesses, faut les redorer
pour qu’elles soient présentables
et les ducs, faut les rembourrer
pour qu’ils soient vraiment sortables.

Mais avant la cérémonie,
que de mesures de sécurité :
envoyer les chiens en Laponie
et proscrire la mendicité

Stig DAGERMAN

Poème de Stig Dagerman publié le 29 mai 1953 dans Arbetaren, publié dans Stig Dagerman, Billets quotidiens, éditions Cent pages Cosaques (Grenoble), 2014, traduits du suédois par Philippe Bouquet.

Écrit lors des préparatifs du couronnement de la reine d’Angleterre, ce texte n’a rien perdu de son actualité. N’oublions pas que la Suède, le pays natal de Stig Dagerman (1923-1954), est également, de nos jours encore, une monarchie.

Anarchiste résolu, Stig Dagerman était romancier, poète, dramaturge. Parmi ses activités figurait l’envoi régulier de billets pour Arbetaren, journal quotidien de la SAC (syndicat libertaire suédois) dont il devint membre dès la fin de l’adolescence.

Sur cet écrivain profond, mélange foudroyant de lucidité et de brûlure, lire le brillant numéro de A contretemps, bulletin de critique bibliographie (12, juin 2003).