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Nouvelles internationales
par Denis Pilash le 25 juillet 2022

Libérer Maksym Butkevytch, anarchiste, antimilitariste, engagé volontaire, prisonnier de guerre

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Nous publions le texte ci-dessous, écrit par un historien ukrainien. lien pour le texte original en fin d’article





Il est confirmé que Maksym Butkevytch, un militant des droits humains de gauche qui a rejoint l’armée ukrainienne, a été capturé par les envahisseurs russes fin juin. On ne sait rien de son statut actuel ni de l’endroit où il se trouve.

Son rêve d’enfant était de devenir cosmonaute et de voir notre planète d’en haut, sans frontières ni divisions étatiques ; les problèmes de santé et les changements politiques se sont mis en travers de son chemin, mais « Max » a trouvé le « cosmos » dans l’humanité elle-même, chez « ceux qui ne sont pas guidés par les frontières et la nationalité, mais par la justice, la solidarité et la miséricorde ». Il est devenu un anarchiste et un antifasciste de premier plan, actif dans différentes initiatives de gauche des années 990, y compris la « première génération » de notre syndicat étudiant, Action directe.

Il a participé à ses premières manifestations étudiantes en tant qu’élève de septième année, établissant un comité de grève non violent dans son école pendant la « révolution de granit » de 1990. Il a poursuivi son activité militante alors qu’il était à la faculté de philosophie de l’Université nationale de Kyiv. (Plus tard, il a étudié l’anthropologie appliquée à l’université du Sussex en Grande-Bretagne.)

Il a travaillé comme journaliste pour BBC World Service et pour les médias ukrainiens (il a été l’un des fondateurs de Hromadske Radio, projet de radio indépendante, non gouvernementale et non oligarchique) tout en continuant à faire campagne pour le social, le travail, l’égalité des sexes et d’autres droits humains, en apportant solidarité et aide aux personnes les plus vulnérables et les plus opprimées. Il a également été impliqué dans l’organisation de nombreuses manifestations antiguerre, altermondialistes et antifascistes des années 2000, y compris les actions annuelles à la mémoire de Stas Markelov et Nastya Baburova tués par des néonazis.

Il a également rejoint diverses antennes locales d’organisations humanitaires internationales, il a été porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), conseiller de l’Alliance pour la santé publique, membre du conseil d’administration d’Amnesty International et modérateur de DocuDays UA International Human du Festival du film documentaire sur les droits.

En tant que co-coordinateur du projet No Borders, Max Butkevytch et ses collègues sont intervenus pour sauver, protéger et soutenir de nombreux réfugiés et demandeurs d’asile d’Asie centrale, du Bélarus, de Russie, du Moyen-Orient et de pays africains ; ils ont également prêté main-forte aux déplacés internes ukrainiens après le début de la guerre, en 2014.

Il a également été actif dans la lutte contre le racisme, la xénophobie, l’extrême droite et différentes formes de discrimination dans la société ukrainienne, et il a participé à de nombreuses formations pour sensibiliser le public et les journalistes pour éradiquer les discours de haine et les violences policières. Il critique les violations des droits humains, en particulier celles de l’État, quel que soit le lieu où elles sont commises, que ce soit en Ukraine ou à l’étranger.

Il a, entre autres, beaucoup fait pour empêcher l’expulsion des demandeurs d’asile étrangers d’Ukraine (le bilan du Service national des migrations est tout à fait terrible) et, via son activité au sein du Comité de solidarité, pour libérer les militants de Crimée détenus dans les prisons russes après l’annexion.

En tant qu’internationaliste antiguerre, convaincu de la militarisation d’autres sphères de la vie au-delà de l’armée elle-même, Max a estimé qu’il devait rejoindre la résistance ukrainienne à l’agression actuelle de l’impérialisme russe. On a appris sa capture par des vidéos et des articles de propagande russe, qui qualifient cyniquement, de manière orwellienne, cet humaniste et antifasciste de « propagandiste et commandant de bataillon nationaliste (voire nazi) ».

Depuis sa capture, nous n’avons aucune information sur lui. Seuls deux de ses compagnons d’armes, faits prisonniers en même temps que lui, ont été autorisés à passer de brefs appels à leurs proches il y a deux semaines.

Denys Pilash

À retrouver ici suivi d’un texte de Matsym Butkevytch, La Pâques et la Kalachnikov
PAR : Denis Pilash
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