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Luttes syndicales
par Jean-Jacques Chatelux et Ramón Pino le 22 novembre 2021

Les retraités encore là... malgré tout !

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L’EHPAD privé enrichit ses actionnaires.
Les publicités garantissent un « investissement accessible et rentable encadré par l’État, avec un rendement annuel de 5,80 % et jusqu’à 33 000 euros d’abattement fiscal … et affirment que l’investissement EHPAD s’impose largement devant les placements classiques ».
Le « remplissage » des établissements privés est assuré par le gouvernement qui réduit la construction d’EHPAD publics et en envisage l’arrêt en prétextant que le « virage domiciliaire » le permet : la loi Grand âge a en effet accouché d’une cinquième branche de l’autonomie dont l’équilibre des comptes repose sur l’arrêt de constructions d’EHPAD publics et sur le « virage domiciliaire » reposant sur les aidants. Mais qui peut se payer une place chère en secteur privé ? Sûrement pas les retraités dans leur grande majorité !

Accélération des prix de consommation.

Selon l’Insee, sur un an, les prix à la consommation augmentent de 1,9 % à cause de produits manufacturés (+1,1%), de l’alimentation (+1,3 %) et surtout de l’énergie (+12,7%). En même temps comme dirait Macron, élu en promettant le maintien du pouvoir d’achat des personnes retraitées, la pension de base à augmenté de 0,4 % et la complémentaire de 1 %. Depuis 2011, la valeur du point de la retraite complémentaire a été augmentée de 5,71 % pour les employés (ARRCO) et de 5,50 % pour les cadres (AGIRC), pour une inflation de 9,8 %. Cherchez l’erreur !

Quant à la hausse des prix de l’énergie, ce ne sont pas les 100 euros de la « prime Castex » qui vont nous sortir de la précarité, prime payée de surcroît par nos impôts. Mieux aurait valu bloquer les prix et augmenter salaires et pensions, mais évidemment, pour le gouvernement c’était toucher aux intérêts des compagnies pétrolières et compromettre quelque peu la sacro-sainte économie capitaliste !

La solitude ça n’existe pas ! (chanson de Gilbert Bécaud).
L’association « Les Petits Frères des Pauvres » vient de publier son baromètre annuel « Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France » :
- 6,5 millions de personnes âgées se sentent seules fréquemment.
- 2,5 millions le ressentent tous les jours ou très souvent.
- 2 millions sont isolées des cercles familiaux et amicaux (c’est plus du
double en quatre ans).
- 1,3 million ne voient jamais ou quasiment jamais leurs enfants ou petits
enfants, contre 470 000 en 2017.
- 530 000 sont en « situation de mort sociale » sans aucun contact social, amical ou familial, soit 77 % de plus en quatre ans.

La crise sanitaire a mis un frein aux rencontres.
Les personnes isolées interrogées demandent toutes des contacts sociaux. Le rapport demande la prise en charge par les pouvoirs publics et les élus locaux de mesures pour que les retraité-e-s et personnes âgées vivent une retraite digne et paisible, de « faire de la lutte contre leur isolement un axe majeur dans la construction de politiques publiques de prévention de la perte d’autonomie ». Belles phrases, jolis propos, mais nous savons que rien ne se fera sans la mobilisation de toutes et tous. Et il y a urgence. Toutes les études le disent : globalement dans la société, le nombre de décès par suicide est faible comparé à celui constaté chez les personnes âgées. Mais dans l’ensemble de la population française, c’est chez les plus de 85 ans que le taux de suicide est le plus élevé. Il est effectivement de 39,7 pour 100 000, ce qui est deux fois plus que pour les jeunes de 25 à 44 ans. La dépression est la première cause de suicide : 70 % des personnes qui décèdent par suicide souffraient d’une dépression, le plus souvent diagnostiquée ou non traitée.
Alors que la santé mentale des Françaises et Français s’est dégradée pendant la crise sanitaire, les professionnels de Santé font état de conditions de travail qui se détériorent, de collègues non remplacés, et de listes de patients qui s’allongent.
Dans les centres médico-psychologiques qui accueillent gratuitement toute personne qui se présente, les délais sont longs pour obtenir un rendez-vous (4 à 6 mois). Les locaux souvent trop petits. Il faudrait évidemment d’avantage d’embauches et de moyens dans les structures publiques pour pouvoir répondre à la demande qui explose.

Certes, il faudrait un « Tous ensemble » pour venir à bout des projets gouvernementaux et patronaux, mais les personnels de santé se sont mobilisés et ont fait grève pour dénoncer la mascarade des Assises gouvernementales de la santé mentale et de la psychiatrie, d’où a été totalement évacué l’état de délabrement de ce secteur.




Le 1er octobre, les retraités en participant à au moins 164 rassemblements ou manifestations dans tout le pays, ont rappelé leurs revendications au gouvernement. Mais cela ne suffit pas, les prix flambent et les pensions stagnent, les moyens attribués à la Santé et aux services public régressent.





Le 2 décembre, ils et elles seront là pour participer à la manifestation nationale à Paris pour faire entendre leurs exigences. Nous aussi, histoire de rappeler que dans notre projet de société libertaire, l’un des axes prédominants s’articule autour de l’entraide, valeur qui n’a jamais été celle du capitalisme pour qui le profit passe avant tout. Plutôt que de pseudos réformes, c’est donc bien d’un changement radical de société dont nous avons besoin : égalitaire, solidaire et libertaire.

Jean-Jacques Chatelux et Ramón Pino
Groupe anarchiste Salvador Seguí


PAR : Jean-Jacques Chatelux et Ramón Pino
Groupe anarchiste Salvador Seguí
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