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par Hépha Istos • le 4 octobre 2021
Covid-19 : à leur tour, les sénateurs entrent en guerre
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Article extrait du Monde libertaire n°1831 de septembre 2021
Une mutation particulièrement dangereuse du Virus se propage au sein des tenants du pouvoir politique, le variant Gamma – pour Guerre. Détecté dès le 16 mars 2020, mais encore trop peu étudié, ses effets nous atteindront pourtant de plein fouet, car ils rendront invivable notre « Monde d’après ». Faudra-t-il à notre tour lui déclarer la guerre ? On commente ici le rapport d’information n° 673 (2020-2021) du Sénat « Crises sanitaires et outils numériques ». Nous soulignons les parties les plus critiques.
De quoi la « Guerre » contre le virus est-elle le nom ?
Dans son allocution télévisée du 16 mars 2020, Emmanuel Macron assimilait à six reprises la crise sanitaire à une « guerre ». Le 3 mai, son conseiller pour le numérique Cédric O abondait en commentant sur la plateforme Medium son application de traçage social StopCovid : « StopCovid n’est pas une application de temps de "paix" ». Le 3 juin 2021, le Sénat à son tour apparaît gravement contaminé, qui réclame sans plus de retenue la mise en place d’une formidable armée de bots [note] et de robots, les seuls à même de gagner cette guerre nous assurent-ils. Mais quelle est cette guerre et qui sont les ennemis ? Cette guerre à les en croire est aussi une guerre civile, car l’ennemi est intérieur : nous, nous tous, tous suspects d’être complices.
Persuadés que seule une « infime fraction » des contraventions au premier confinement a été verbalisée, les sénateurs soucieux de garantir notre obéissance à 100 % posent les bases d’un Contrôle Digital Total et proposent tout simplement de robotiser notre surveillance devenue totale. Animés par la foi épaisse des nouveaux convertis, ils sont convaincus qu’avec « le numérique [..] il serait théoriquement possible d’atteindre un taux de contrôle de 100 % ». L’objectif est assumé : surveiller et contrôler au plus près chaque dimension observable de l’existence de 100 % de la population. La méthode est clairement décrite : une infrastructure logicielle, matérielle et juridique permettant « en appuyant sur un bouton » d’activer et coordonner les bataillons de dizaines de milliers de bots et robots formés à la surveillance et à la répression. Un dispositif total, conjoignant les mondes physiques et numériques ; nouvelle déclinaison d’un « en même temps » en marche forcée vers un État Total – d’aucuns diraient « totalitaire ». Nos élus ne s’opposent pas toutefois aux élections qui pourront être maintenues ; la façade et leurs confortables mandats seront préservés.
Imposer l’Identité Numérique
Le rapport invoque en premier lieu la nécessité d’imposer la création accélérée d’une Identité Numérique régalienne qui complétera dans l’espace Cyber la Carte d’Identité Nationale. Un document rendu obligatoire, il est utile de s’en souvenir, sous le gouvernement de Vichy par la loi du 27 octobre 1940, afin de capturer les immigrés et les « mauvais Français ». La filiation n’étonnera pas car nos élus savent qu’en temps de guerre il y a toujours des résistants, des irréductibles, des « réfractaires », qu’ils soient certifiés gaulois ou soupçonnés de ne l’être pas vraiment ou pas assez. L’Identité Numérique couplera les robots-caméras qui nous identifient déjà dans les espaces publics aux bots de l’espace numérique chargés de collecter, regrouper et fusionner l’ensemble de nos traces. Le projet séduira sans doute Emmanuel Macron qui avait crânement assumé le 7 février 2019 dans le cadre du « grand débat » destiné à enterrer le mouvement des Gilets Jaunes : « Moi je ne veux plus de l’anonymat sur les plateformes internet ».
Mais pour nous l’imposer, la CNIL est dans leur ligne de tir... à l’arme lourde, car on peut lire (en gras dans le texte…) que sa « sensibilité apparaît en réalité infondée, ou plus exactement décalée ou mal placée ». La CNIL en effet leur pose problème car elle reste dans ce cas vaillamment fidèle à sa mission de dernier rempart contre les dystopies digitales, et ce pour une raison très simple : on s’y souvient encore du « Fichier juif » assemblé par l’État pendant l’occupation allemande. Un fichier qui fut l’instrument de l’efficacité des rafles et des déportations ; de la contribution de l’État à la Shoah. Le souvenir de ce fichier si efficace fut un des motifs qui présida à la création de la CNIL [note] , une spécificité bien française qui honore notre pays.
Poursuivons… « Une enquête menée par plusieurs grands médias européens portant sur 23 applications de contact tracing, est récemment venue confirmer l’efficacité plus que douteuse de ces solutions, dès lors que leur utilisation reste facultative et que leurs données ne sont pas croisées avec d’autres, au nom de la préservation de l’anonymat ». Le « devoir de mémoire » des sénateurs préfère ainsi s’exercer dans les commémorations plutôt que dans la prévention d’une nouvelle dystopie dont, bien au contraire, leur recommandation crée les conditions de possibilité. Une dystopie cette fois 100 % efficace !
Cas contacts du patient zéro du variant Gamma – le chef de guerre de la « Start up Nation » – les sénateurs contaminés manifestent déjà les symptômes les plus aigus : un solutionnisme au front bas, augmenté d’une addiction sévère aux lois liberticides, et aggravé par le culte scientiste d’une Efficacité aveugle à ses effets secondaires ; ici notre totale – fatale ? – transparence à l’armée de robots d’un État qu’ils voudraient omniscient.
Puis collecter tout ce qui peut l’être
Il semblerait que contrairement aux « premières lignes » trop occupées à nous nourrir et nous soigner, nos sénateurs aient profité du Grand Confinement pour parcourir quelques-uns des 450 000 livres de leur somptueuse bibliothèque. Tout d’abord, c’est Churchill « Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise » actualisé sans tabou par la Stratégie du Choc de la très gauchiste Naomi Klein qui les propulse dans l’action : « Profitons plutôt des circonstances favorables de la sortie de crise pour nous préparer sereinement à l’avenir. » Puis c’est Ulysse, « le Rusé », le chouchou du grand Homère (et le nôtre), qui les invite à faire de l’application StopCovid le Cheval de Troie Digital, gros d’une armée de robots – Pegasus lâché contre tous – qu’il leur faut dès maintenant libérer : « Le présent rapport propose donc de recourir bien plus fortement aux outils numériques dans le cadre de la gestion des crises sanitaires ou des crises comparables (catastrophe naturelle, industrielle, etc ), notamment en vue de contrôler au niveau individuel le respect des mesures imposées par la situation, et y compris si cela implique d’exploiter des données de manière intrusive et dérogatoire. » On remarque le très inquiétant « etc. » qui ouvre grand la porte à toutes sortes de crises, et l’on aura noté que ce début de millénaire n’en manque pas.
Le Pass Sanitaire et son code QR – la lingua franca des robots – inaugure le contrôle robotisé de toutes les personnes habitant un territoire ; l’État transfère à l’infosphère le contrôle de la biosphère. L’informatisation de ce Pass dans l’application TousAntiCovid est le test grandeur nature de notre consentement à la robotisation de la gestion des espaces publics. C’est le moment inaugural en France de ce que l’on peut nommer « Robocratie ».
Le Sénat s’engouffre dans la brèche à l’aide d’un raisonnement pitoyable assimilant des partis-pris à des évidences.
SACHANT QUE : il n’y a pas d’alternative (le « TINA» de Margaret Thatcher) : « à chaque nouvelle crise, il faudra inévitablement s’appuyer [..] sur des croisements de données massifs et dérogatoires. »
ET QUE : Prévoir est impossible : « il est impossible de savoir a priori quelles données pourraient être utiles face à une nouvelle crise »
DONC : il faudra capturer toute donnée collectable : « données médicales [..] ou produites par des entreprises privées tels les opérateurs télécoms, entreprises technologiques, établissements financiers, laboratoires pharmaceutiques, transports publics, employeurs, etc. » (nous soulignons ce nouveau « etc. »)
Une définition complète cette liste d’un Prévert devenu fou par celle des Opérateurs d’Importance Vitale (OIV) : « environ 250 OIV, répartis en 13 secteurs d’activité : santé, transport, gestion de l’eau, industrie, énergie, finances, communications, activité militaire, activité civile de l’État, activité judiciaire, alimentation, espace et recherche. Pour des raisons de sécurité nationale, cette liste n’est pas publique. » Alors que la première liste de sources se conclue par un « etc. » qui supprime par avance toute limite, on nous explique sans fard que nous n’avons pas à connaître les membres de la seconde, les OIV ! Ce variant "Gamma" si mal documenté, porte à l’évidence le germe pour ses survivants mêmes, d’un monde d’après invivable.
Le Monde d’après ? un contrôle total robotisé
Les sénateurs ne craignent pas les oxymores, leur urgence est permanente. À cet effet « le présent rapport propose donc non pas de collecter une multitude de données sensibles à l’utilité hypothétique, mais tout simplement de nous mettre en capacité de le faire, pour ainsi dire en appuyant sur un bouton... ». Composée de dizaines milliers de bots et de robots – certains très visibles mais pour l’immense majorité, invisibles – l’armée robotisée devra être opérationnelle à tout instant, instantanément mobilisable. C’est donc dès maintenant qu’elle doit être imaginée, développée, assemblée, entraînée, puis testée ; rodée. Le projet est ainsi résumé : « une plateforme sécurisée spécifique, qui ne serait activée qu’en temps de crise. ». Uniquement en temps de crise ! Nous voudrions bien y croire, mais hélas, l’histoire, tout simplement la mémoire, à nouveau, nous enseigne que certains motifs – l’urgence, la crise, l’ennemi, la guerre – sont propices aux pires catastrophes autoritaires. Et nos sénateurs le savent également car c’est à peine quelques pages plus loin qu’il apparaît que le « dispositif » sera déclenchable « soit dans le cadre du droit commun de la réquisition administrative, soit en application d’un article spécifique de la loi relative à l’État d’urgence sanitaire ». Autrement dit, selon le bon vouloir de l’exécutif.
Pour parfaire enfin l’opérationnalité du dispositif, en complément des informaticiens et des roboticiens, des juristes seront gamma-inoculés afin qu’ils contaminent à leur tour la Loi, introduisant « une obligation légale, pour certaines entreprises et organisations, de maintenir des bases de données dont le contenu et le format seraient fixés à l’avance, et de se tenir prêtes à les connecter à la plateforme, via l’API, en cas de nécessité. ».
Mais on nous rassure, au Sénat on est latiniste, on y connaît la fameuse interrogation du poète Juvénal (nous traduisons) : « Qui surveillera les surveillants ? ». On nous assure que nos amis informaticiens – ceux par exemple de La Quadrature du Net ? – auront accès aux codes sources des algorithmes animant ces robots-guerriers, car « dernier grand avantage du Crisis Data Hub : celui-ci peut être développé en open source ». Mais, malgré toute notre bonne volonté, nous ne pouvons que nous interroger, car pour prendre un exemple très récent, la promesse gouvernementale de fournir en open source l’ensemble du code de l’application StopCovid n’a engagé que ceux qui l’ont crue. Comme l’indique une phrase sibylline trouvée sur son site de développement « Une partie (restreinte) qui n’est pas publiée car correspondant à des tests ou à des parties critiques pour la sécurité de l’infrastructure [..] ». Les informaticiens savent pourtant que le motif de sécurité ne tient pas, à tel point qu’Unix, ou encore les serveurs web qui gèrent les cryptomonnaies, sont en open source total, et en particulier pour des raisons... de sécurité ! Même chose pour l’application TousAntiCovid Verif caviardé sans justification crédible de code caché.
Et nos sénateurs d’ouvrir grand le parapluie ; les plus cyniques pour nous anesthésier, les plus couards peut-être pour se dédouaner : « Se préparer en amont à collecter des données ne veut pas dire qu’on va forcément le faire, ni, le cas échéant, que toutes les possibilités seront utilisées. Nous proposons bien un dispositif de riposte graduée ». « Riposte » ... il s’agit bien d’une guerre. Une guerre dont l’ennemi ici est bien identifié : toutes et tous. Et lorsqu’une arme existe, elle est utilisée.
Dans le Monde d’Après des sénateurs, il faudra que Le Président puisse à son gré, « en appuyant sur un bouton », prendre connaissance de ce que fait, a fait et fera chacune et chacun d’entre nous : une surveillance totale, digitale, biologique et physique. Et plus encore, grâce à l’application de l’intelligence artificielle à ces phénoménales masses de données, la surveillance se voudra inévitablement prédictive, décidant ainsi de nos intentions… les fichant, éventuellement les condamnant. On assiste, à l’émergence au Sénat de la forme radicale du contrôle des populations : la robocratie.
Le variant Gamma déclenche le syndrome totalitaire, mais ne l’oublions pas, nous sommes le vaccin !
Hépha Istos
De quoi la « Guerre » contre le virus est-elle le nom ?
Dans son allocution télévisée du 16 mars 2020, Emmanuel Macron assimilait à six reprises la crise sanitaire à une « guerre ». Le 3 mai, son conseiller pour le numérique Cédric O abondait en commentant sur la plateforme Medium son application de traçage social StopCovid : « StopCovid n’est pas une application de temps de "paix" ». Le 3 juin 2021, le Sénat à son tour apparaît gravement contaminé, qui réclame sans plus de retenue la mise en place d’une formidable armée de bots [note] et de robots, les seuls à même de gagner cette guerre nous assurent-ils. Mais quelle est cette guerre et qui sont les ennemis ? Cette guerre à les en croire est aussi une guerre civile, car l’ennemi est intérieur : nous, nous tous, tous suspects d’être complices.
« Atteindre un taux de contrôle de 100 % »
Persuadés que seule une « infime fraction » des contraventions au premier confinement a été verbalisée, les sénateurs soucieux de garantir notre obéissance à 100 % posent les bases d’un Contrôle Digital Total et proposent tout simplement de robotiser notre surveillance devenue totale. Animés par la foi épaisse des nouveaux convertis, ils sont convaincus qu’avec « le numérique [..] il serait théoriquement possible d’atteindre un taux de contrôle de 100 % ». L’objectif est assumé : surveiller et contrôler au plus près chaque dimension observable de l’existence de 100 % de la population. La méthode est clairement décrite : une infrastructure logicielle, matérielle et juridique permettant « en appuyant sur un bouton » d’activer et coordonner les bataillons de dizaines de milliers de bots et robots formés à la surveillance et à la répression. Un dispositif total, conjoignant les mondes physiques et numériques ; nouvelle déclinaison d’un « en même temps » en marche forcée vers un État Total – d’aucuns diraient « totalitaire ». Nos élus ne s’opposent pas toutefois aux élections qui pourront être maintenues ; la façade et leurs confortables mandats seront préservés.
Imposer l’Identité Numérique
Le rapport invoque en premier lieu la nécessité d’imposer la création accélérée d’une Identité Numérique régalienne qui complétera dans l’espace Cyber la Carte d’Identité Nationale. Un document rendu obligatoire, il est utile de s’en souvenir, sous le gouvernement de Vichy par la loi du 27 octobre 1940, afin de capturer les immigrés et les « mauvais Français ». La filiation n’étonnera pas car nos élus savent qu’en temps de guerre il y a toujours des résistants, des irréductibles, des « réfractaires », qu’ils soient certifiés gaulois ou soupçonnés de ne l’être pas vraiment ou pas assez. L’Identité Numérique couplera les robots-caméras qui nous identifient déjà dans les espaces publics aux bots de l’espace numérique chargés de collecter, regrouper et fusionner l’ensemble de nos traces. Le projet séduira sans doute Emmanuel Macron qui avait crânement assumé le 7 février 2019 dans le cadre du « grand débat » destiné à enterrer le mouvement des Gilets Jaunes : « Moi je ne veux plus de l’anonymat sur les plateformes internet ».
Mais pour nous l’imposer, la CNIL est dans leur ligne de tir... à l’arme lourde, car on peut lire (en gras dans le texte…) que sa « sensibilité apparaît en réalité infondée, ou plus exactement décalée ou mal placée ». La CNIL en effet leur pose problème car elle reste dans ce cas vaillamment fidèle à sa mission de dernier rempart contre les dystopies digitales, et ce pour une raison très simple : on s’y souvient encore du « Fichier juif » assemblé par l’État pendant l’occupation allemande. Un fichier qui fut l’instrument de l’efficacité des rafles et des déportations ; de la contribution de l’État à la Shoah. Le souvenir de ce fichier si efficace fut un des motifs qui présida à la création de la CNIL [note] , une spécificité bien française qui honore notre pays.
« Le culte scientiste d’une Efficacité aveugle à ses effets secondaires »
Poursuivons… « Une enquête menée par plusieurs grands médias européens portant sur 23 applications de contact tracing, est récemment venue confirmer l’efficacité plus que douteuse de ces solutions, dès lors que leur utilisation reste facultative et que leurs données ne sont pas croisées avec d’autres, au nom de la préservation de l’anonymat ». Le « devoir de mémoire » des sénateurs préfère ainsi s’exercer dans les commémorations plutôt que dans la prévention d’une nouvelle dystopie dont, bien au contraire, leur recommandation crée les conditions de possibilité. Une dystopie cette fois 100 % efficace !
Cas contacts du patient zéro du variant Gamma – le chef de guerre de la « Start up Nation » – les sénateurs contaminés manifestent déjà les symptômes les plus aigus : un solutionnisme au front bas, augmenté d’une addiction sévère aux lois liberticides, et aggravé par le culte scientiste d’une Efficacité aveugle à ses effets secondaires ; ici notre totale – fatale ? – transparence à l’armée de robots d’un État qu’ils voudraient omniscient.
Puis collecter tout ce qui peut l’être
Il semblerait que contrairement aux « premières lignes » trop occupées à nous nourrir et nous soigner, nos sénateurs aient profité du Grand Confinement pour parcourir quelques-uns des 450 000 livres de leur somptueuse bibliothèque. Tout d’abord, c’est Churchill « Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise » actualisé sans tabou par la Stratégie du Choc de la très gauchiste Naomi Klein qui les propulse dans l’action : « Profitons plutôt des circonstances favorables de la sortie de crise pour nous préparer sereinement à l’avenir. » Puis c’est Ulysse, « le Rusé », le chouchou du grand Homère (et le nôtre), qui les invite à faire de l’application StopCovid le Cheval de Troie Digital, gros d’une armée de robots – Pegasus lâché contre tous – qu’il leur faut dès maintenant libérer : « Le présent rapport propose donc de recourir bien plus fortement aux outils numériques dans le cadre de la gestion des crises sanitaires ou des crises comparables (catastrophe naturelle, industrielle, etc ), notamment en vue de contrôler au niveau individuel le respect des mesures imposées par la situation, et y compris si cela implique d’exploiter des données de manière intrusive et dérogatoire. » On remarque le très inquiétant « etc. » qui ouvre grand la porte à toutes sortes de crises, et l’on aura noté que ce début de millénaire n’en manque pas.
« L’État transfère à l’infosphère le contrôle de la biosphère. »
Le Pass Sanitaire et son code QR – la lingua franca des robots – inaugure le contrôle robotisé de toutes les personnes habitant un territoire ; l’État transfère à l’infosphère le contrôle de la biosphère. L’informatisation de ce Pass dans l’application TousAntiCovid est le test grandeur nature de notre consentement à la robotisation de la gestion des espaces publics. C’est le moment inaugural en France de ce que l’on peut nommer « Robocratie ».
Le Sénat s’engouffre dans la brèche à l’aide d’un raisonnement pitoyable assimilant des partis-pris à des évidences.
SACHANT QUE : il n’y a pas d’alternative (le « TINA» de Margaret Thatcher) : « à chaque nouvelle crise, il faudra inévitablement s’appuyer [..] sur des croisements de données massifs et dérogatoires. »
ET QUE : Prévoir est impossible : « il est impossible de savoir a priori quelles données pourraient être utiles face à une nouvelle crise »
DONC : il faudra capturer toute donnée collectable : « données médicales [..] ou produites par des entreprises privées tels les opérateurs télécoms, entreprises technologiques, établissements financiers, laboratoires pharmaceutiques, transports publics, employeurs, etc. » (nous soulignons ce nouveau « etc. »)
Une définition complète cette liste d’un Prévert devenu fou par celle des Opérateurs d’Importance Vitale (OIV) : « environ 250 OIV, répartis en 13 secteurs d’activité : santé, transport, gestion de l’eau, industrie, énergie, finances, communications, activité militaire, activité civile de l’État, activité judiciaire, alimentation, espace et recherche. Pour des raisons de sécurité nationale, cette liste n’est pas publique. » Alors que la première liste de sources se conclue par un « etc. » qui supprime par avance toute limite, on nous explique sans fard que nous n’avons pas à connaître les membres de la seconde, les OIV ! Ce variant "Gamma" si mal documenté, porte à l’évidence le germe pour ses survivants mêmes, d’un monde d’après invivable.
Le Monde d’après ? un contrôle total robotisé
Les sénateurs ne craignent pas les oxymores, leur urgence est permanente. À cet effet « le présent rapport propose donc non pas de collecter une multitude de données sensibles à l’utilité hypothétique, mais tout simplement de nous mettre en capacité de le faire, pour ainsi dire en appuyant sur un bouton... ». Composée de dizaines milliers de bots et de robots – certains très visibles mais pour l’immense majorité, invisibles – l’armée robotisée devra être opérationnelle à tout instant, instantanément mobilisable. C’est donc dès maintenant qu’elle doit être imaginée, développée, assemblée, entraînée, puis testée ; rodée. Le projet est ainsi résumé : « une plateforme sécurisée spécifique, qui ne serait activée qu’en temps de crise. ». Uniquement en temps de crise ! Nous voudrions bien y croire, mais hélas, l’histoire, tout simplement la mémoire, à nouveau, nous enseigne que certains motifs – l’urgence, la crise, l’ennemi, la guerre – sont propices aux pires catastrophes autoritaires. Et nos sénateurs le savent également car c’est à peine quelques pages plus loin qu’il apparaît que le « dispositif » sera déclenchable « soit dans le cadre du droit commun de la réquisition administrative, soit en application d’un article spécifique de la loi relative à l’État d’urgence sanitaire ». Autrement dit, selon le bon vouloir de l’exécutif.
Pour parfaire enfin l’opérationnalité du dispositif, en complément des informaticiens et des roboticiens, des juristes seront gamma-inoculés afin qu’ils contaminent à leur tour la Loi, introduisant « une obligation légale, pour certaines entreprises et organisations, de maintenir des bases de données dont le contenu et le format seraient fixés à l’avance, et de se tenir prêtes à les connecter à la plateforme, via l’API, en cas de nécessité. ».
Mais on nous rassure, au Sénat on est latiniste, on y connaît la fameuse interrogation du poète Juvénal (nous traduisons) : « Qui surveillera les surveillants ? ». On nous assure que nos amis informaticiens – ceux par exemple de La Quadrature du Net ? – auront accès aux codes sources des algorithmes animant ces robots-guerriers, car « dernier grand avantage du Crisis Data Hub : celui-ci peut être développé en open source ». Mais, malgré toute notre bonne volonté, nous ne pouvons que nous interroger, car pour prendre un exemple très récent, la promesse gouvernementale de fournir en open source l’ensemble du code de l’application StopCovid n’a engagé que ceux qui l’ont crue. Comme l’indique une phrase sibylline trouvée sur son site de développement « Une partie (restreinte) qui n’est pas publiée car correspondant à des tests ou à des parties critiques pour la sécurité de l’infrastructure [..] ». Les informaticiens savent pourtant que le motif de sécurité ne tient pas, à tel point qu’Unix, ou encore les serveurs web qui gèrent les cryptomonnaies, sont en open source total, et en particulier pour des raisons... de sécurité ! Même chose pour l’application TousAntiCovid Verif caviardé sans justification crédible de code caché.
Et nos sénateurs d’ouvrir grand le parapluie ; les plus cyniques pour nous anesthésier, les plus couards peut-être pour se dédouaner : « Se préparer en amont à collecter des données ne veut pas dire qu’on va forcément le faire, ni, le cas échéant, que toutes les possibilités seront utilisées. Nous proposons bien un dispositif de riposte graduée ». « Riposte » ... il s’agit bien d’une guerre. Une guerre dont l’ennemi ici est bien identifié : toutes et tous. Et lorsqu’une arme existe, elle est utilisée.
Dans le Monde d’Après des sénateurs, il faudra que Le Président puisse à son gré, « en appuyant sur un bouton », prendre connaissance de ce que fait, a fait et fera chacune et chacun d’entre nous : une surveillance totale, digitale, biologique et physique. Et plus encore, grâce à l’application de l’intelligence artificielle à ces phénoménales masses de données, la surveillance se voudra inévitablement prédictive, décidant ainsi de nos intentions… les fichant, éventuellement les condamnant. On assiste, à l’émergence au Sénat de la forme radicale du contrôle des populations : la robocratie.
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Hépha Istos
PAR : Hépha Istos
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