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Chroniques du temps réel
par Blandine le 24 août 2021

À quel prix ??

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Nous avons choisi un monde meilleur pour les autres. Aux dépens de nos vies. Nous avons choisi de nourrir les gens mettant nos vies et nos corps entre parenthèse pour les autres . On ne nous voit jamais, parce nous n’avons pas, n’avons plus le temps. Le temps de sortir, de partir, de rencontrer l’ailleurs. Notre vie s’est figée quand et là où nous avons décidé de nous installer comme paysan.e.s.



Image par Сергей Корчанов

Celles et ceux dont je vous parle c’est par choix. L’envie d’offrir à nos congénères des aliments et de qualité, légumes, œufs, céréales, viandes…

Hier j’ai vu mon pote pleurer, parce que sa récolte de lentilles était détruite par les chevreuils qui viennent se coucher dans ses champs, les tiges couchées à terre ne sont plus récoltables par la machine et la récolte manuelle est inimaginable…
L’autre jour, une de mes amies, terrifiée à l’idée de voir débarquer la DDT qui la menace de sanctions si elle n’installe pas un bac d’équarrissage, hérésie et gouffre financier pour elle car les œufs souillés ou cassés elle les donne. Mais ça n’est pas autorisé...
Un autre camarade dévasté par la perte de tous ses oignons, aulx et échalotes pourris par les intempéries incessantes.
Ici une pompe cassée, là un tracteur, là une maladie, ailleurs autre chose…

La liste n’est pas exhaustive évidemment, sinon je pourrais en écrire des tomes entiers. Tout ce poids sur si peu d’épaules...Et pourtant on les oublie toujours. Les corps détruits et les esprits épuisés. Si on peut aujourd’hui se réunir, si on peut lutter, si on peut envisager d’autres futurs, c’est grâce à eux. Eux qui remplissent nos assiettes d’anarchistes invétérés, de penseurs de toutes formes. Des débats on en a eu dans les champs, mais qui est là pour porter nos idées, nos voix quand les légumes quémandent de l’eau sous le soleil, les vaches une nouvelle parcelle à brouter, les poules à sortir de leur poulailler, les œufs à être récoltés ?

Le dos courbé, les mains caleuses, la peau brûlée, la fatigue, le stress de l’échec, j’en passe...
Les trente-cinq heures... connaît pas, les congés payés... connaît pas, la retraite… connaît pas…
Les dimanches… connaît pas..

Notre question, comment se fait-il qu’aujourd’hui la paysannerie ne soit pas un sujet majeur de réflexion au sein de la fédération anarchiste ?

« Nous avons l’audace d’affirmer que chacun(e) peut et doit manger à sa faim, que c’est par le
pain pour tous (et toutes) que la révolution vaincra
.» P. Kropotkine

Blandine, ouvrière agricole, groupe Gaston Couté
PAR : Blandine
groupe Gaston Couté
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1

le 24 août 2021 14:42:25 par Luisa

Tout est là, comme une claque !
Merci