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Dans un sale État
par des militants FA le 15 août 2021

des échos du 14 août

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Trois échos de manifs dans le cadre des actions anti-Pass sanitaire.



Saint-Étienne (42):

Deux cortèges à Saint-Etienne, ce samedi 14 août, contre le passe sanitaire.

L’un, partant d’un centre commercial jusqu’au centre-ville, est emmené par les jeunes gilets jaunes. Le second, de tonalité plus "tradi", le retrouve au CV. Au mitan, il y a plus de deux mille personnes, sinon près de trois mille (l’ensemble occupait tout l’espace de la Grand Rue de la Place de l’Hôtel de Ville à la place du Peuple, pour les amateurs de la géographie stéphanoise.

Les slogans les plus scandés (dans l’ordre décroissant) : "Non au passe sanitaire", "liberté", "on est là", "Révolution" (lancée par les GJ, en partie repris par la foule), "ne touchez pas à nos enfants", "Macron démission" (plutôt pschittt)... Des anti-vax sont présents, mais leurs slogans ne décollent pas.

Le cortège GJ était très spontex. Prises de parole variées lors du rassemblement final où l’accent est mis sur la nécessité de mieux s’organiser. Demandes de faire pression sur les élus locaux. Lancement d’une politique de déscolarisation des enfants à la rentrée pour éviter qu’ils subissent la pression de la vaccination.
Beaucoup de femmes dans les deux groupes. Profils sociaux très hétérogènes. Précaires, jeunes précaires, immigrés, femmes immigrées, classe moyenne très féminisée, tous âges, en famille...
La manif GJ dans les rues extérieures étaient souvent saluée par les automobilistes.

Mon commentaire : les tradis ("touchez pas à nos enfants") s’organisent, les "progressistes" ne saisissent pas assez l’enjeu.

Ph. (Groupe Makhno 42).





Digne-les Bains (04)
Manifestation contre le Pass Sanitaire à Digne les Bains, le samedi 14 août 2021

Une foule nombreuse s’est réunie ce samedi sur la place du Général de Gaulle, à Digne-les-Bains, préfecture des Alpes-de-Haute-Provence. Quand la semaine passée, quelques centaines de personnes s’étaient regroupées, cette fois c’est 1800 selon la préfecture, 2500 pour les organisateurs, tablons sur 2000, ce qui n’est pas rien pour une commune de 16 000 habitants. L’appel était départemental, et les mécontents avaient convergé de tout le département, à l’appel d’organisateurs que je n’ai pas su clairement identifier, mais qui semblaient se placer dans une continuité GJ.
Sous le rude soleil de la mi-journée, dans l’attente des prises de paroles, la foule joyeuse s’était regroupée autour du kiosque à musique, à l’ombre salutaire des platanes. Générations et classes sociales (modestes et moyennes) mélangées, mais foule peu métissée, ce qui est regrettable.
L’inventaire des banderoles permet de relever une bannière jaune de la confédération paysanne, un FI, un CGT, et moins attendus, un drapeau POI côtoie un rouge et noir de la Fédération de la Libre Pensée.
Pancartes : « No Pass ara » « Great Reset » barré, « Retrait des lois liberticides » « Impasse sanitaire » Dans le dos d’un sapeur pompier : « Je peux pas sauver, je ne suis pas piqué ». Une grand mère :« Je suis ici pour défendre la liberté de mes enfants et petits enfants »…
Les orateurs parlent en leur nom, promettent de ne pas parler longtemps, ce que tous ne font pas, mais la foule est indulgente.
Un des organisateurs, voir meneur, puisqu’il s’exprimera à de nombreuses reprises, y compris pour modérer, indiquer le programme. Ses propos permettent de le cerner un peu, même s’il s’est gardé d’une quelconque affiliation : Il cite Naomie Klein la stratégie du choc, référence qui est revenue dans d’autres bouches. Cet orateur propose de se défier des partis et des institutions « créons nos propres symboles, ne nous trompons pas d’ennemis » Plus loin, : « C’est à chacun de trouver ses frères d’armes. N’attendons pas l’organisation de quoi que ce soit ».
Agnès, soignante et pompier volontaire, très applaudie. Refus des principes créés par le Pass, principes qui contreviennent à l’éthique et aux devoirs de tout soignant.
Farah, porte-parole de la coordination « Café, Restaurants, Hôtels, Unis et solidaires du 04 ». Refus de la précarité qui les menace, des dettes qui s’accumulent (Prêts Garantis de l’État). Ils ont rencontré des élus, représentants de la préfecture… Tous se sont engagés à faire échos aux doléances de la coordination. On attend.
Une femme annonce que Pfizer et d’autres sont prêts à vacciner les enfants de 2 à 11 ans. « On ne touche pas à mes enfants ! »
Une autre, en pleurs sous le coup de l’émotion, annonce qu’une loi vient de passer qui remet fortement en cause le droit d’enseigner à la maison.
Un homme parle de « Nous voulons des coquelicots »
Un autre chante une chanson de son cru. La foule rythme en tapant des mains.
L’unique restauratrice d’une petite commune, Entrevaut, explique, avec beaucoup de colère et d’émotion, avoir fermé son établissement ce jour, sous la menace de se voir dénoncée par sa voisine parce qu’elle ne demande pas le Pass Sanitaire à ses clients.

Les pompiers sont venus en force. Dans un département où ils sont volontaires à 98%, ils se sont déplacés nombreux pour exprimer leur refus de l’obligation vaccinale et du Pass Sanitaire.
Le cortège se met en marche, direction la préfecture, après un détour par les grands axes de la ville. L’affluence est toujours très importante, et sans doute jamais vues depuis…
Quelques policiers se font très discrets, un drone, copieusement hué vient faire son compte rendu aérien. Le but du rassemblement devant la préfecture, ce sont les pompiers qui pour marquer leur désaccord vont être nombreux à déposer leur Bip dans une poubelle. 50 Pompiers sont présents et 28 les accompagnent par procuration. Dans un cérémonial un peu « AA » [note] , tour à tour, ils déclinent leur nom, leur grade, et leurs années d’ancienneté en parlant dans un mégaphone. Pour les encourager et s’associer à leur geste, la foule est invitée à dire « Dépose ton Bip ». Certain(e)s sont en larmes. Il y a des officiers, des sous-officiers… Certain(e)s déclinent 35 ans de carrière… S’il y a de l’emphase, l’émotion est aussi très palpable. C’est ainsi que 78 Bip finissent dans une poubelle. Ce qui signifie que ces hommes et ces femmes ne pourront plus être appelés. Leur geste équivaut à une démission, mais dans le même temps, ils quittent ce qui pour beaucoup est une famille, une passion, un engagement.
Le geste peut surprendre par son ampleur et sa radicalité aucun de celles et ceux qui déposent leur bip n’a envie de faire ce geste. C’est un symptôme. Comme pour les soignants, on a demandé beaucoup aux pompiers. On leur à demandé de prendre sur eux. Quand ils ont voulu revendiquer pour leurs droits et leurs conditions de travail, les uns comme les autres ont eu droit à la potion policière (gaz, matraque…) . Cette obligation vaccinale semble être perçue comme l’intrusion de trop, celle qui s’attaque au corps, ultime refuge de l’individu-e. Et quand on a plus que ça, on y tient !

D’autres prises de paroles ont suivi, ainsi qu’un arrêt devant la permanence de la députée de la circonscription, absente de l’assemblée au moment du vote.
Familier de la ville, mais n’en connaissant pas tous les acteurs, il m’est difficile de savoir quelles seront les orientations futures de cette mobilisation locale. Il y avait une sensation assez joyeuse, avec le sentiment que cette foule déjà dense était de nature à entraîner à sa suite la masse de celles et ceux qui regardaient passer le défilé depuis leur fenêtre, ou leur voiture immobilisée.

En décembre 1851, ce département 04 qui s’appelait alors les « Basses Alpes », avait été le seul à s’opposer massivement, et avec succès au coup d’état de Napoléon-le-Petit. La victoire avait été éphémère, et la répression violente à l’encontre de ces gueux impertinents. On sait que l’histoire ne repasse pas les plats, mais elle donne parfois des idées.

Nicolas (Groupe Gaston Levas. 78)

Paris :
Retour de manif (14 août Paris)

Salut,
Réfractaire aux manifs contre le Pass sanitaire, je me suis pourtant rendu à l’une d’elles samedi pour me faire une idée plus précise en m’immergeant dans ce cortège.

Je laisse de côté le rendez-vous de l’extrême-droite. J’attends donc le passage de la manif des Gilets Jaunes à République. Le cortège arrive.
Drapeaux tricolores. Je n’arrive pas à m’y faire. Ce drapeau pour moi est celui de l’état et de son histoire coloniale, de ses guerres, du patriotisme, le symbole de l’écrasement de la Commune.
On me dira de ne pas m’arrêter aux symboles et que d’ailleurs pour les manifestants c’est le drapeau de la révolution française. Les symboles disent pourtant beaucoup de choses .Je vois aussi un drapeau jaune, un palestinien, un corse. Pas de signes d’organisations politiques ou syndicales, à l’exception d’un drapeau de Solidaires. Beaucoup, et c’est normal, de GJ et quelques soignants aussi.
Quelques banderoles et des pancartes réalisées par les manifestants. La manif est combative, contrairement à beaucoup de manifs, on crie, on chante .Contre le pass, contre Macron avec un slogan, "Liberté", qui revient souvent. En 10 minutes le cortège est passé. Pas une grosse manif donc mais quelques milliers de personnes dans ce cortège très dense. Je me sens mal à l’aise.

Un groupe de GJ chante, parmi eux un GJ qui aborde l’étoile jaune. Cela ne dérange personne.
Mon malaise s’accroit.

Mais je continue d’avancer toujours sur le trottoir. Je tombe sur une discussion, des manifestants "lambdas". Ils sont "la France", Macron est un "traître", et ils se pensent être des "résistants". A côté dans la manif j’entends que l’on tente de faire reprendre "Le chant des partisans". Nous quittons les grands boulevards et nous engageons dans des rues plus étroites.

Du coup je me retrouve dans la manif. C’est très très compact. Personne ne porte le masque à part moi.

J’en profite pour commencer à lire des pancartes rédigées à la main. Ca vante, comme remède, le Dolipran, d’autres des vitamines ou encore l’immunité naturelle, une vie saine. D’autres se proposent d’éliminer la source du mal: le Parti Communiste Chinois.
Bref tout le monde y va de son sentiment sur la question. Ca rit, ça chante, la bonne humeur est de mise. On chante "Le pass je m’en passe. Tous sur les terrasses". Ce groupe passe, sans même les regarder, devant une famille de migrants, puis devant un SDF, pieds nus, à même le sol.
Je ne peux m’empêcher de penser que pour eux, avec ou sans pass, il n’y aura pas de terrasses ni aujourd’hui ni demain, pas plus qu’il y en avait hier.

Place Clichy, fin de manif. Et un sentiment de solitude.

Je suis conscient de ne pas être objectif, je relate ce qui m’a choqué. Je dois dire que le cri, le slogan, la revendication principale était "liberté". Mais derrière ce beau mot j’ai surtout cru percevoir une conception très libérale, égoîste, de la liberté. Un autre mot, "solidarité", était totalement absent.
Solidarité : "relation entre personnes qui entraîne une obligation morale d’assistance mutuelle". Cette simple définition de la solidarité exclut toute déformation ou interprétation libérale de celle-ci. Appliquée à une catastrophe naturelle ou pas elle appelle des valeurs et des pratiques qui n’ont pas grand chose à voir avec la liberté scandée lors des manifs anti pass .

Salutations libertaires,
Laurent, Groupe libertaire d’Ivry


PAR : des militants FA
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1

le 16 août 2021 08:44:17 par Luisa

Le mot « moyens » pour désigner les gens qui manifestent les samedis, me rappelle un extrait de sketch de Coluche : - « …. quand on a tout de moyen, c’est que paradoxalement on est en-dessous de la moyenne …. ».

2

le 16 août 2021 09:12:33 par Luisa

- Un Grand MERCI à Vous !

Voici deux témoignages pour mémoire ( comprenne qui peut … ) :

- « Le jour de la Libération de Lyon, Christian était assis en face de moi, en kaki avec un brassard FFI. Je lui dis : « Tiens, t’as changé d’uniforme ! » Parce que la veille, je l’avais vu en bleu, avec le béret, l’uniforme de milicien. Là, il était en kaki, il avait une blessure à la main et il était devenu FFI dans la nuit …. » - Georges

- « Dans Bordeaux, il en sortait de partout, de ces brassards tricolores ! Résistants de la dernière heure et collabos de la première. Tous clandestins, tous héros de l’ombre. Une ombre si épaisse que personne ne les y avait jamais vus à l’œuvre. Les brassards s’étaient multipliés dans la nuit. C’était à se demander comment les Allemands avaient pu survivre sans être étouffés par tant de héros, et comment on avait pu déporter tant de monde sans que tous les trains sautent dans toutes les gares. » - Yves

3

le 16 août 2021 10:02:00 par Luisa

Je n’ai jamais vu, lu et entendu autant de fois le mot « Liberté » dans les rues, mais jamais devant les prisons !! Cherchez l’erreur !!

4

le 16 août 2021 22:56:51 par Philippe

Militant syndicaliste je suis surpris de ce mouvement. Fin 2019 début 2020 avec mes camarades nous sommes dans un des plus long mouvement , cheminot le confinement interrompt ce mouvement. Personne n aurait immaginé une telle situation.
Je m interroge sur le sens du mot liberté qu on tous ces humains qui défilent.