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par Hépha Istos le 1 février 2021

Robocratie: À quand la robonose ?

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Article extrait du Monde libertaire n° 1824 de janvier 2021
Zoonose : « maladies et infections se transmettant naturellement entre animaux et humains » : jusqu’ici connu des seuls spécialistes, le concept s’est popularisé grâce aux virus. Mais on ne connaît pas encore la robonose qui verrait humains et robots s’échanger leurs virus… En conséquence, la pandémie a été tout à la fois l’occasion et le prétexte pour remplacer toujours plus d’humains par des robots et renforcer la pression du capital sur le travail.

Peu commentée, l’accélération de la robotisation est pourtant une des plus importantes répercussions de la pandémie ; mort ou vif, il faut produire, vendre et livrer, et le patron sait que les robots ne meurent pas. Immunisés contre nos virus, des robots ont infecté certaines activités vitales comme par exemple… manger. D’avril à mai aux États-Unis, près de de 20 000 travailleurs de la « transformation » de la viande étaient infectés, faisant diminuer la production de bœuf et de porc de plus d’un tiers. Qu’à cela ne tienne ! Alors qu’en juin dernier un sondage indiquait que la moitié des dirigeants de sociétés envisagent davantage d’automatisation en réponse au coronavirus, chez le géant Tyson Foods leader de la « Protéine », des robots maintenant découpent les poulets et certaines parties des bœufs.




Manger aux États-Unis d’Amérique

Les fast-foods mènent le bal de la déshumanisation, tant en en salle pour prendre les commandes « sans contact », qu’en cuisine pour y préparer des plats toujours parfaits. Après deux mois de tests, la chaîne White Castle a décidé d’équiper ses restaurants du robot-chef Flippy de Miso Robotics. C’est sans assistance humaine qu’ils préparent frites, burgers, beignets de crevettes, chicken wings… la standardisation de l’accueil et des plats avait pavé la voie pour les robots, le virus leur a ouvert grand les portes.

Pour cuisiner à la maison, il faut faire ses courses, par exemple chez Walmart, leader mondial de la grande distribution devant Carrefour, et premier employeur privé du pays. D’ici la fin de l’année, c’est dans la moitié de ses 5000 magasins que Walmart utilisera les robots magasiniers et nettoyeurs de Brain Corp. Ils font déjà l’inventaire et analysent les rayons d’un millier de sites tandis que près de 2000 de leurs congénères sont attendus pour réceptionner et trier les livraisons, directement au cul des camions. Expert en Intelligence artificielle, Brain Corp vend des « cerveaux » de robots totalement autonomes, uniquement guidés par la définition de leur tâche et des règles de bonne conduite avec les humains. L’enjeu est d’en faire des compagnons de travail « comme les autres », enfin… « presque », car alors que plus de 14 000 de ces êtres hantent déjà bureaux et grandes surfaces, Brain Corp indique à ses clients qu’ils ne tombent pas malades et ignorent cette plaie qu’est l’absentéisme… À l’occasion de la pandémie, 70 types différents de « robots sociaux » ont été testés ou déployés.

Produire en Chine

Le virus a également accéléré le « grand remplacement » au sein de l’usine mondiale. La Chine est le premier client de la robotique industrielle – un tiers des achats – et affiche la plus forte croissance, de plus de 20 % par an. Trois facteurs y concourent : en premier lieu la fin des salaires microscopiques, avec des coûts de main-d’œuvre multipliés par 10 au cours des 20 dernières années. En second, la démographie : une part importante de la population chinoise atteindra bientôt l’âge de la retraite, sans remplaçant suite à la politique de l’enfant unique. Enfin, tout en baignant dans une culture d’une subtilité sans égale, nombre des dirigeants, tel le président Xi Jinping, sont des ingénieurs ou des scientifiques diplômés des meilleures universités mondiales, familiers avec la robotique. Contrairement aux énarques français lobotomisés, ils comprennent et ont mobilisé les gains réalisés dans la production bas de gamme pour créer une redoutable armée de jeunes scientifiques et ingénieurs. Avec 3 millions de diplômés chaque année – cinq fois plus que les États-Unis – la Chine produit bien plus d’ingénieurs en Intelligence artificielle que tout autre pays, et son mélange unique de dirigisme étatique et de capitalisme privé au service d’une ambition politique et financière à l’échelle planétaire suscite un tsunami continu de start-up d’une agressivité sans égale.

« La COVID-19 a accéléré notre transition vers l’ère de la quatrième révolution industrielle » … concluons avec Klaus Schwab, infatigable animateur des cénacles obscurs où se pense et s’organise la mondialisation capitaliste : Groupe Bilderberg dont il a été le directeur ou Forum de Davos qu’il dirige depuis sa création. Ce Monsieur Loyal de l’oligarchie mondialisée nous convoque avec entrain au « Great Reset » – la Grande réinitialisation – qu’il appelle de ses vœux, ce « remplacement des idées, des institutions, des processus et des règles actuelles » comme il le définit. Un « grand remplacement » qui sera surtout celui du travail par le capital ; des travailleurs par les robots.


PAR : Hépha Istos
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