J’ai manifesté hier Place de la République. le camion d’Assa Traoré a en effet été bloqué, nous sommes restés pacifiques trois heures durant sous une grosse chaleur, malgré un climat quasi insurrectionnel qui n’a jamais dégénéré, du moins sur le gros de la place. Une banderole suprémaciste avait été déployée en haut d’un immeuble "non, au racisme anti-blanc" que des manifestants grimpés sur le toit se sont employés à déchirer, sous les vivats de la foule. Il m’a semblé, je dis bien il m’a semblé, voir la cinquantaine (plus tard centaine) de blacks-blocs, jeunes, encagoulés, vêtus de noir, sortir en rang serré de ce même immeuble vers 16h30. Ils se sont plus tard déchaînés (montrés en boucle par BFMTV), en marge de la manif, devant le bd du temple, lançant en effet des pavés de plus en plus gros a dit le commentateur (comment les pavés de la place peuvent-ils grossir au fil de l’heure) ? Plus tard la seule charge des policiers s’est soldée par une reculade, sous la poussée de la foule, mais BFM a seulement montré le bouclier en plexiglas pris puis tenté d’être carbonisé par les blacks-blocs (en fait ça ne brûle pas).

Rentrée chez moi, fatiguée, j’ai regardé depuis mon canapé la manif et subi les commentateurs dont celles du général Cavalier. Là j’ai entendu, hallucinée, dire que les manifestants scandaient des injures antisémites (d’où développement assuré sur l’anti-sémitisme des gilets jaunes) et entendu une autre fois, tout aussi hallucinée, qu’il s’agirait de groupes d’extrêmes "islamistes". La journaliste bourgeoise a parlé aussi des parents qui devraient mieux éduquer les jeunes beurs, après que quelqu’un a dit que l’école faisait défaut. Mais la plupart du temps j’ai coupé le son ne supportant plus ce verbiage dégoulinant de mensonges.

Donc, cette manifestation pacifique d’environ 20000 personnes qui, pendant 3 heures, a été emprisonnée, a été récupérée par le pouvoir pour devenir une foule "haineuse" qui provoque les pauvres policiers... J’oubliais de dire que vers 13 heures, ceux-ci avaient entièrement bloqué la rue Bisson où il y a un foyer de gilets noirs, voulant nous contrôler et nous fouiller (ils palpaient tout le monde, hommes ou femmes). Effectivement des gilets noirs, soutenus par ces manifestants (dont un certain nombre de personnes de la Cantine des Pyrénées, un collectif qui a assuré pendant toute la crise des colis alimentaires plus un plat pour 150 personnes par jour, dépensant, résultat de dons, 700 euros les premiers jours, les autres associations de la capitale ayant fermé, sauf les Restos du cœur, donc des EXTRÉMISTES en effet) se sont donc abstenus de sortir et d’aller manifester. Liberté de manifester ? Plus tôt le matin, j’ai vu des murs anti-émeute être montés à l’entrée du 11ème (souvenir cuisant des policiers coursés là le samedi de la manifestation des sans-papiers, aussi nombreuse mais nulle part évoquée par la TV, silence radio de BFM), où pourtant plus tard, hier, les manifestants étaient interdits d’aller... Incohérence et gaspillage

Ce moment historique d’une jeunesse impressionnante de dignité qui se rebelle a donc été traité comme un événement d’un groupe "haineux", qui attaque la République parce que il ne la supporte pas !

ETAT DE GUERRE provoqué par ce gouvernement ! Une belle manif dévoyée par un groupe d’extrêmes, sans doute d’extrême-droite, et toute l’opprobre jetée sur ces militants anti-raciste ! C’est la France d’en ce moment !

Le cœur serré aussi pour Assa, dont le mouvement est attaqué. Ah, j’oubliais qu’on a parlé de sa famille "multirécividiviste", même si elle est éducatrice spécialisée et s’entend donc à redresser ces délinquants qu’on ne réprime pas assez préventivement avant leur passage à l’acte, assure le commentateur qui admet toutefois que "c’est compliqué". Assa, multirécidiviste ou éducatrice spécialisée?

On est tous des manifestants sournois !