Chroniques du temps réel > Héros ? J’fais mon boulot, en pire.
Chroniques du temps réel
par Fabien • le 10 mai 2020
Héros ? J’fais mon boulot, en pire.
Lien permanent : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4791
Témoignage
Nous publions, et publierons, des témoignages de personnes qui travaillent malgré le confinement, le covid-19 et le mal être qui en découle. Ces témoignages ont été recueillis par le groupe Graine d’Anar de Lyon. Merci à lui.
Je travaille au rayon fruits et légumes dans le magasin Auchan Sète. Voilà cinq années que je suis embauché dans cette entreprise.
Il faut d’abord préciser que de toutes les entreprises dans lesquelles j’ai travaillé, Auchan est certainement celle qui représente le mieux ce qu’ont appelle une entreprise à management paternaliste. Comme dans beaucoup d’entreprises, nous ne sommes plus des « salariés » mais des « collaborateurs », ce mot à totalement remplacer tout autre mot pour nous designer. Nous sommes donc des « collaborateurs ».
Dès Le 23 ou bien le 24 Mars – je ne me souviens plus de la date exacte – nous avons reçu les consignes de sécurité. Ne pas se serrer la main. Pas de bises, bien sûr, et rester à un mètre des collègues et des clients. Ce qui est bien sûr difficile dans le contexte du commerce.
Les masques sont arrivés à peu près une semaine après le confinement mais en petites quantités. Et ils étaient périmés. Pas au niveau du filtre, qui lui ne s’use que lorsqu’il est utilisé mais au niveau des élastiques. Les masques ne tenaient pas longtemps.
Une de mes collègues du rayon fruits et légumes à cousu des masques pour les collègues. J’utilise les masques en tissus de ma collègue que j’imbibe[note] d’un peu d’arbre à thé.
A ce jour, la direction fournit des visières en plastiques qui font office de masques-barrière mais extrêmement inconfortables. En tout cas, c’est mon avis.
Par contre, les gants et le gel hydroalcoolique n’ont jamais manqué et la direction nous en a fournis dès l’urgence sanitaire.
Les horaires ont étés aménagé pour les collègues qui s’occupent de l’ouverture du magasin. Les horaires normaux sont de 4h00 du matin à 11h30. Ils ont été déplacés de 20h00 à 4h00 du matin environ pour éviter le contact avec les clients.
Bien sûr, pour nous aux fruits et légumes, c’est impossible car nous recevons notre marchandise aux alentours de 5h00 du matin. Ce sont des produits frais et les modifications d’horaires de livraison sont impossibles.
Nous nous sommes donc arrangés pour favoriser les collègues ayant des enfants ou des problèmes de santé aux horaires du matin et les autres aux horaires de l’après midi. Un arrangement d’horaires a aussi été mis en place pour les collègues ayant des enfants – 3h30 le matin à 9h00 à raison de six jours sur sept.
En ce qui concerne l’accès au magasin, le service de sécurité filtre les entrées – pas plus de cent personnes dans le magasin – comme convenu.
Même si je ne trouve rien à redire à l’organisation de la part de la direction pour faire face à cette crise et il est juste de penser que notre santé, si mise en avant part la direction nationale, a aussi servi de prétexte pour tout faire afin que l’activité du magasin ne soit pas freinée.
A ma connaissance, un seul collègue, travaillant au rayon discount à contracter le virus. Il a été mis en quarantaine. Mais depuis, il est guéri et a repris son poste.
La crise du COVID 19 n’a de toute façon affecté aucune lutte interne au magasin vu qu’elles sont inexistantes.
La CFDT est le syndicat salariale majoritaire est la dernière lutte que je leur connais était une pétition pour mettre en place des chèques-restaurant. Le management paternaliste et l’organisation du travail basé sur la participation bloque toute initiative d’émancipation salariale.
Nous avons bien touché la prime de 1000 Euros – une partie ce mois ci et normalement la deuxième le mois prochain. Il est sûr que c’est une maigre consolation au vu des risques que nous prenons mais cet argent nous appartient . C’est nous qui créons la richesse en produisant des services donc, nous n’allons pas cracher dessus.
Pour finir, je dirais que nous sommes tous conscient des risques que nous encourons et si le matériel de base – gants , gel et masques – venaient à manquer, beaucoup d’entre nous feraient valoir leur droit de retrait.
Nous avons tout de même le sentiment de rendre service à la collectivité en permettant aux gens de se procurer de la nourriture.
Le point positif est que dans mon rayon, nous nous fournissons au plus près. Les fournisseurs locaux sont plus sollicités, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Le COVID 19 favorise le circuit court.
Mais la chose sur laquelle j’insiste lorsque je discute avec les collègues, c’est de leur faire remarquer que cette crise sanitaire à mis en évidence que sans nous, les travailleurs , la société ne tourne pas et j’ai espoir que lorsque tout ça sera passé, qu’ils en prennent véritablement conscience.
Alors peut être, la venu d’un monde meilleur viendra enfin.
Un monde débarrassé de l’exploitation et des inégalités.
Fabien
Je travaille au rayon fruits et légumes dans le magasin Auchan Sète. Voilà cinq années que je suis embauché dans cette entreprise.
Il faut d’abord préciser que de toutes les entreprises dans lesquelles j’ai travaillé, Auchan est certainement celle qui représente le mieux ce qu’ont appelle une entreprise à management paternaliste. Comme dans beaucoup d’entreprises, nous ne sommes plus des « salariés » mais des « collaborateurs », ce mot à totalement remplacer tout autre mot pour nous designer. Nous sommes donc des « collaborateurs ».
Dès Le 23 ou bien le 24 Mars – je ne me souviens plus de la date exacte – nous avons reçu les consignes de sécurité. Ne pas se serrer la main. Pas de bises, bien sûr, et rester à un mètre des collègues et des clients. Ce qui est bien sûr difficile dans le contexte du commerce.
Les masques sont arrivés à peu près une semaine après le confinement mais en petites quantités. Et ils étaient périmés. Pas au niveau du filtre, qui lui ne s’use que lorsqu’il est utilisé mais au niveau des élastiques. Les masques ne tenaient pas longtemps.
Une de mes collègues du rayon fruits et légumes à cousu des masques pour les collègues. J’utilise les masques en tissus de ma collègue que j’imbibe[note] d’un peu d’arbre à thé.
A ce jour, la direction fournit des visières en plastiques qui font office de masques-barrière mais extrêmement inconfortables. En tout cas, c’est mon avis.
Par contre, les gants et le gel hydroalcoolique n’ont jamais manqué et la direction nous en a fournis dès l’urgence sanitaire.
Les horaires ont étés aménagé pour les collègues qui s’occupent de l’ouverture du magasin. Les horaires normaux sont de 4h00 du matin à 11h30. Ils ont été déplacés de 20h00 à 4h00 du matin environ pour éviter le contact avec les clients.
Bien sûr, pour nous aux fruits et légumes, c’est impossible car nous recevons notre marchandise aux alentours de 5h00 du matin. Ce sont des produits frais et les modifications d’horaires de livraison sont impossibles.
Nous nous sommes donc arrangés pour favoriser les collègues ayant des enfants ou des problèmes de santé aux horaires du matin et les autres aux horaires de l’après midi. Un arrangement d’horaires a aussi été mis en place pour les collègues ayant des enfants – 3h30 le matin à 9h00 à raison de six jours sur sept.
En ce qui concerne l’accès au magasin, le service de sécurité filtre les entrées – pas plus de cent personnes dans le magasin – comme convenu.
Même si je ne trouve rien à redire à l’organisation de la part de la direction pour faire face à cette crise et il est juste de penser que notre santé, si mise en avant part la direction nationale, a aussi servi de prétexte pour tout faire afin que l’activité du magasin ne soit pas freinée.
A ma connaissance, un seul collègue, travaillant au rayon discount à contracter le virus. Il a été mis en quarantaine. Mais depuis, il est guéri et a repris son poste.
La crise du COVID 19 n’a de toute façon affecté aucune lutte interne au magasin vu qu’elles sont inexistantes.
La CFDT est le syndicat salariale majoritaire est la dernière lutte que je leur connais était une pétition pour mettre en place des chèques-restaurant. Le management paternaliste et l’organisation du travail basé sur la participation bloque toute initiative d’émancipation salariale.
Nous avons bien touché la prime de 1000 Euros – une partie ce mois ci et normalement la deuxième le mois prochain. Il est sûr que c’est une maigre consolation au vu des risques que nous prenons mais cet argent nous appartient . C’est nous qui créons la richesse en produisant des services donc, nous n’allons pas cracher dessus.
Pour finir, je dirais que nous sommes tous conscient des risques que nous encourons et si le matériel de base – gants , gel et masques – venaient à manquer, beaucoup d’entre nous feraient valoir leur droit de retrait.
Nous avons tout de même le sentiment de rendre service à la collectivité en permettant aux gens de se procurer de la nourriture.
Le point positif est que dans mon rayon, nous nous fournissons au plus près. Les fournisseurs locaux sont plus sollicités, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Le COVID 19 favorise le circuit court.
Mais la chose sur laquelle j’insiste lorsque je discute avec les collègues, c’est de leur faire remarquer que cette crise sanitaire à mis en évidence que sans nous, les travailleurs , la société ne tourne pas et j’ai espoir que lorsque tout ça sera passé, qu’ils en prennent véritablement conscience.
Alors peut être, la venu d’un monde meilleur viendra enfin.
Un monde débarrassé de l’exploitation et des inégalités.
Fabien
PAR : Fabien
SES ARTICLES RÉCENTS :
Réagir à cet article
Écrire un commentaire ...
Poster le commentaire
Annuler