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Anti-capitalisme
par S. F. • le 22 mars 2020
Après le calme environnemental, la tempête capitaliste ?
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La nature va mieux, merci pour elle. En Italie, le programme européen d’observation terrestre Copernicus souligne une chute des taux de dioxyde d’azote (NO2 - principal polluant atmosphérique via les centrales thermiques et les moteurs à combustion interne). Les chercheurs attribuent notamment cette fluctuation mesurée entre le 1er janvier et le 11 mars 2020 par satellite, « au confinement responsable de la baisse du trafic automobile et du ralentissement de l’activité
industrielle ».
Même son de cloche du côté de la Chine. La NASA a comparé des données collectées en janvier 2020 (avant la quarantaine chinoise) et en février de la même année (pendant la quarantaine). La baisse des taux de NO2 est spectaculaire et inédite sur une zone aussi vaste, peut on lire du côté de l’agence spatiale américaine. Mêmes effets, mêmes facteurs : ralentissement de l’activité humaine (industries et déplacements) cumulé à une quarantaine. La tendance se poursuit en mars selon une étude du Centre for research on energy and clean air (CREA).
Il n’est toutefois pas question de prétendre que le COVID-19 a un impact positif sur la santé. Si la surmortalité liée à la pollution atmosphérique est sans doute enrayée par un reflux des principaux gaz polluants, le coronavirus continue à grossir ses funestes statistiques.
Toujours est-il que les humains se confinent, la nature en profite. Sur les réseaux sociaux, on peut voir un dauphin nager dans le port de Cagliari. Faut-il y voir un lien avec la mise au ban des ferries et autres cargos ? La baisse du trafic fluvial a redonné aux canaux de Venise une teinte naturelle, loin de son habituelle couleur de vase grisâtre. On évoque aussi, çà-et-là, des animaux qui s’aventurent en "territoire humain" comme dans les fontaines de la capitale italienne et certainement dans d’autres lieux où les smartphones ne sont pas là pour les capturer.
Attention au retour de bâton
Il faut cependant s’attendre, comme après la crise de 2008, à une réponse cinglante du monde capitaliste. La machine va être relancée à marche forcée sans franchement penser à la couleur des canaux vénitiens. Il y a certes des salaires à payer, mais il y a surtout des chiffres d’affaires à tenir, des bénéfices à engranger et des dividendes à verser. La glaciale réalité de notre monde occidental.
Les mesures gouvernementales et des banques centrales (américaine via une réduction des taux et européenne via un plan d’aide de 750 milliards d’euros) constituent autant de shoots d’adrénaline prêts à être injectés dans les veines d’un capitalisme enrhumé. Le court terme lucratif, oui, l’écologie, on verra plus tard.
Cette pression est visible en Chine. Pékin urge déjà certains gouvernements locaux à reprendre l’activité faisant fi des risques sanitaires. Pour le président Xi Jinping, le shutdown est allé trop loin. L’économie et les objectifs de développement sont menacés. Cité par Reuters, le capitalisme, s’exprimant par la voix de Pan Gongsheng, vice-gouverneur de la banque centrale de Chine, expliquait en février que « dans le contexte de l’épidémie et de la pression à la baisse sur l’économie, il est plus important de maintenir la croissance économique ». De leur côté, les gouvernements locaux privilégient la santé et maintiennent les mesures de quarantaine.
Quid également du redémarrage à l’échelle individuelle ? Une pandémie peut-elle dériver sur une prise de conscience environnementale vers une transition écologique ? Lorsque l’on voit les queues aux supermarchés, les consommateurs prêts à se rouer de coups pour du papier toilette ou des féculents, on est en droit de douter. Il est fort à parier que l’électrochoc lié au confinement n’ait qu’un effet mineur. Aucune cause des changements perceptibles n’est structurelle.
On peut certes croire que certaines sociétés, forcées à se convertir au télétravail, poursuivent en ce sens. Limitant de fait d’inutiles futurs déplacements. Peut-être que certain(e)s vont réaliser que nous ne sommes pas à l’abri de crises d’envergure. Que les effets d’une catastrophe écologique seraient autrement plus dramatiques. A côté de cela, combien vont reprendre leur volant et leurs habitudes sans bouger d’un iota ? Rappelons que l’objectif préconisé par le groupe d’experts climatiques de l’ONU (le GIEC) est une baisse de 45% des émissions mondiales de CO2 d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010 (bilan nul d’ici à 2050).
L’environnement n’est donc pas sauvé, plutôt en sursis. Si, comme le mentionne le CREA sur Twitter, le coronavirus n’est en rien un blessing in disguise [note] , il est toutefois intéressant de se pencher sur ses inattendus effets environnementaux. Pour la première fois, l’homme est confiné et peut analyser son impact en temps réel et grandeur nature. De là à agir positivement lorsqu’on le sortira du placard… la question reste posée.
S. F.
PAR : S. F.
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