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par Taym Alkhalili. • le 9 septembre 2019
Les présidentielles tunisiennes : un vote inutile
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Souvent les abstentionnistes sont taxés d’être des déserteurs ou fossoyeurs de la démocratie, considérés comme des individus indifférents à la politique. Et pourtant les abstentionnistes ont de bonnes raisons de ne pas prendre part à des scrutins. A l’heure où nous vivons au rythme des élections présidentielles, j’ai longuement réfléchi. Finalement, j’ai décidé de m’abstenir.
Le 15 septembre 2019, les tunisiens étaient invités aux urnes pour élire leur président de la république dans des élections anticipés après le décès de Béji Caid Essebsi le 25 Juillet. 26 candidats sont dans la course présidentielle, en lisant le présent article, certainement deux candidats auraient réussi à passer au second tour.
Cet article est un plaidoyer pour l’abstention de la part d’un électeur déçu qui a pris part à tous les scrutins en Tunisie depuis 2011. Cela n’est pas un déni ou un mépris pour la démocratie mais pour une certaine démocratie, ce texte n’est pas aussi un mépris pour le vote mais contre son détournement pour cautionner ou légitimer les mandats des élus.
Je vais vous énumérer les raisons de mon abstention :
1. Les 26 prétendants au poste du président de la république, n’ont aucune offre politique crédible. Evidemment, je ne parle pas des candidatures fantaisistes, folkloriques, ceux et celles cherchant une visibilité médiatique ou redorer leurs egos surdimensionnés. Bien entendu, les candidats du camp islamo-conservateur n’ont aucune faveur à mes yeux. Les programmes ressemblent plus à un cahier de doléances et de souhaits. Même si certains candidats présentent un programme technocratique, il me semble qu’ils seront incapables d’honorer leurs engagements politiques à cause de la loi électorale. Ladite loi ne permet aucune majorité parlementaire capable d’opérationnaliser les programmes politiques.
2. Il n’existe aucune transparence sur le financement des partis politiques et le drainage d’argent dans les campagnes électorales. Cela implique que tout le scrutin est vicié, manipulé par des magnats du paysage médiatique, des lobbies et des hommes d’affaires. Dans les milieux politiques tunisiens se côtoient hommes d’affaires, magnats médiatiques et mafieux nantis, les machines électorales sont bien huilées pour les favoris, alors que les rares candidats intègres ne disposent pas des moyens leur permettant de faire le poids contre leurs adversaires.
3. Absence d’une justice indépendante : malgré les acquis de la révolution tunisienne de 2011, les juges peinent à défendre leur indépendance surtout dans les affaires à caractère politique comme les assassinats politiques, la corruption des politiques et de leurs proches. Dans la démocratie tunisienne naissante, l’indépendance de la justice est encore une fiction politique. Beaucoup de tunisiens ont l’impression qu’ils ont une justice à deux vitesses.
4. Concrètement, je pense que ma voix ne va pas faire basculer le scrutin dans un sens ou dans l’autre. Imaginons que j’ai choisi un candidat X, et que le nombre des votants est 3 millions. Mon vote représente 1/3.106, donc une probabilité tellement faible qu’elle négligeable dans le scrutin. Or malgré cette vérité mathématique et statistique, les gens continuent de voter car ils pensent que leurs voix comptent dans le scrutin. Cela pourrait avoir un sens si un nombre important de citoyens se mobilisent autour d’un vrai projet politique et décident de prendre part à des élections et peser dans un scrutin. Mais, ce scénario arrive rarement dans les démocraties représentatives. Souvent, ce sont des partis politiques qui mobilisent les citoyens sur des programmes élaborés dans les quartiers généraux de ces partis sans consulter les citoyens.
5. Le vote est un chèque en blanc, l’élu en fait ce qu’il veut. Il est impossible de lui demander des comptes, de le révoquer.
6. Cette démocratie représentative s’est révélée incapable de résoudre et améliorer le quotidien des gens, d’offrir de vrais alternatives, des propositions révolutionnaires à la hauteur de l’attente et des aspirations révolutionnaires des tunisiens, les têtes changent et les politiques persistent.
Je refuse d’être un idiot utile d’un scrutin dont la forme et le fond laissent à désirer. L’issue de ces élections est incertaine et très probablement, il s’agit d’une brèche ouverte pour une vague populiste et un retour au conservatisme sous toutes ses formes, mêmes les plus autoritaristes.
Taym Alkhalili.
Le 15 septembre 2019, les tunisiens étaient invités aux urnes pour élire leur président de la république dans des élections anticipés après le décès de Béji Caid Essebsi le 25 Juillet. 26 candidats sont dans la course présidentielle, en lisant le présent article, certainement deux candidats auraient réussi à passer au second tour.
Cet article est un plaidoyer pour l’abstention de la part d’un électeur déçu qui a pris part à tous les scrutins en Tunisie depuis 2011. Cela n’est pas un déni ou un mépris pour la démocratie mais pour une certaine démocratie, ce texte n’est pas aussi un mépris pour le vote mais contre son détournement pour cautionner ou légitimer les mandats des élus.
Je vais vous énumérer les raisons de mon abstention :
1. Les 26 prétendants au poste du président de la république, n’ont aucune offre politique crédible. Evidemment, je ne parle pas des candidatures fantaisistes, folkloriques, ceux et celles cherchant une visibilité médiatique ou redorer leurs egos surdimensionnés. Bien entendu, les candidats du camp islamo-conservateur n’ont aucune faveur à mes yeux. Les programmes ressemblent plus à un cahier de doléances et de souhaits. Même si certains candidats présentent un programme technocratique, il me semble qu’ils seront incapables d’honorer leurs engagements politiques à cause de la loi électorale. Ladite loi ne permet aucune majorité parlementaire capable d’opérationnaliser les programmes politiques.
2. Il n’existe aucune transparence sur le financement des partis politiques et le drainage d’argent dans les campagnes électorales. Cela implique que tout le scrutin est vicié, manipulé par des magnats du paysage médiatique, des lobbies et des hommes d’affaires. Dans les milieux politiques tunisiens se côtoient hommes d’affaires, magnats médiatiques et mafieux nantis, les machines électorales sont bien huilées pour les favoris, alors que les rares candidats intègres ne disposent pas des moyens leur permettant de faire le poids contre leurs adversaires.
3. Absence d’une justice indépendante : malgré les acquis de la révolution tunisienne de 2011, les juges peinent à défendre leur indépendance surtout dans les affaires à caractère politique comme les assassinats politiques, la corruption des politiques et de leurs proches. Dans la démocratie tunisienne naissante, l’indépendance de la justice est encore une fiction politique. Beaucoup de tunisiens ont l’impression qu’ils ont une justice à deux vitesses.
4. Concrètement, je pense que ma voix ne va pas faire basculer le scrutin dans un sens ou dans l’autre. Imaginons que j’ai choisi un candidat X, et que le nombre des votants est 3 millions. Mon vote représente 1/3.106, donc une probabilité tellement faible qu’elle négligeable dans le scrutin. Or malgré cette vérité mathématique et statistique, les gens continuent de voter car ils pensent que leurs voix comptent dans le scrutin. Cela pourrait avoir un sens si un nombre important de citoyens se mobilisent autour d’un vrai projet politique et décident de prendre part à des élections et peser dans un scrutin. Mais, ce scénario arrive rarement dans les démocraties représentatives. Souvent, ce sont des partis politiques qui mobilisent les citoyens sur des programmes élaborés dans les quartiers généraux de ces partis sans consulter les citoyens.
5. Le vote est un chèque en blanc, l’élu en fait ce qu’il veut. Il est impossible de lui demander des comptes, de le révoquer.
6. Cette démocratie représentative s’est révélée incapable de résoudre et améliorer le quotidien des gens, d’offrir de vrais alternatives, des propositions révolutionnaires à la hauteur de l’attente et des aspirations révolutionnaires des tunisiens, les têtes changent et les politiques persistent.
Je refuse d’être un idiot utile d’un scrutin dont la forme et le fond laissent à désirer. L’issue de ces élections est incertaine et très probablement, il s’agit d’une brèche ouverte pour une vague populiste et un retour au conservatisme sous toutes ses formes, mêmes les plus autoritaristes.
Taym Alkhalili.
PAR : Taym Alkhalili.
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