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Vie du journal
par Monde libertaire • le 9 septembre 2019
Interview du groupe de soutien aux prisonniers, « Les trois passants ». (Ancien article)
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Article paru sur la une du 8 juin 2016
Monde libertaire : Pouvez-vous vous présenter ?
Nous sommes « Les trois passants » et nous soutenons, depuis 2006, dans la mesure de nos possibilités, quelques prisonnier-e-s mexicain-e-s qui s’inscrivent dans l’adhésion à la Sexta, proposition politique et organisationnelle lancée par les zapatistes en 2006.
Depuis 2009, nous cheminons et soutenons des prisonnier.e.s anarchistes, quelques prisonnier.e.s en lutte et ceux et celles qui se revendiquent eux-mêmes prisonnier-e-s de la guerre sociale.
Nous avons un blog d’infos où nous diffusons les lettres et communiqués des prisonnier-e-s, nous menons des actions, projections de vidéos, lectures de lettres, concerts, expositions repas solidaires, pour les soutenir, toujours en donnant une priorité à l’échange avec les prisonnier-e-s, leurs familles et leurs collectifs de soutien. Nous ne travaillons pas pour les prisonnier-e-s mais avec elles et eux dans une logique anti-carcérale, dans une logique d’échange et de soutien mutuel, nous allons visiter chaque année les prisonnier-e-s, les groupes de soutien et les familles au Mexique, en ce sens nous cheminons avec elles et eux pour la liberté de nous tous et toutes.
Ainsi nous travaillons étroitement avec des compagnons et compagnonnes au Mexique : dans la Ville de Mexico avec la Croix Noire Anarchiste de Mexico qui suit de près les cas des compagnon-e-s anarchistes et d’autres non anarchistes en lutte et avec le groupe de soutien à Luis Fernando Sotelo. A Oaxaca - région de Loxicha – nous travaillons avec l’organisation de la Voix des Zapotèques Xiches en prison, composée par les familles de prisonniers ; tout dernièrement nous essayons de travailler avec le groupe de soutien aux prisonnier-e-s de la région d’Eloxochitlán de Flores Magón. Au Chiapas, nous sommes en contact avec le Groupe de Travail « No estamos Todos » qui eux, travaillent avec les familles et les proches de prisonnier-e-s au Chiapas. Au niveau de la Sexta, nous sommes en contact avec le Réseau contre la Répression et pour la solidarité qui regroupe plusieurs collectifs, groupes et individus au niveau national dont certains mènent un travail pour la libération des compagnonnes et compagnons depuis 2006.
Actuellement, nous sommes en relation avec des prisonnier-e-s qui tiennent un petit journal appelé El Canero que nous avons traduit en français et commencé à diffuser en France. Nous avons fait deux présentations avec l’Envolée à Paris qui a présenté, dans son numéro de novembre 2015, le journal El Canero et qui nous aide à faire le lien avec les prisonnier-e-s d’ici.
Nous partons du fait que nous nous trouvons dans une réalité où l’enfermement se manifeste à travers de nombreuses institutions, comme celle des prisons, au service d’un projet politique, capitaliste, libéral, productiviste, patriarcal, sexiste, raciste, autoritaire et arbitraire que nous ne pouvons pas accepter et faire comme si de rien n’était. Le monde, pour lequel nous nous battons, refuse les réformes de ces centres d’extermination, nous ne les voulons pas car nous n’en avons pas besoin. Nous désirons voir tomber ces murs et avec eux ce système. C’est main dans la main avec nos compagnons et compagnonnes prisonnier.e.s que nous avons appris que notre lutte s’inscrit dans la destruction de ces centres, pour la disparition de ces lieux conçus pour être les poubelles sociales dont l’État se sert pour éliminer des milliers d’hommes, de femmes, de jeunes d’en bas. Notre lutte durera jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !
ML : Pouvez-vous nous présenter le projet du journal El Canero ?
El Canero est une proposition lancée par le compagnon Fernando Barcenas Castillo, prisonnier anarchiste incarcéré dans la prison Nord de la ville de Mexico.
Fernando est un jeune de 21 ans, étudiant au lycée de Sciences humaines de Vallejo, travailleur et musicien, accusé d’attaques à la paix publique en bande organisée suite aux manifestations et actions contre l’augmentation des tarifs des transports publics. Il a été arrêté le 13 décembre 2013 et accusé d’avoir brûlé un arbre de Noël publicitaire appartenant à la multinationale Coca Cola. Fernando a été par la suite condamné à 6 ans et 9 mois de prison ferme.
En prison, Fernando a imaginé et lancé un journal alternatif appelé journal indépendant de combat : El Canero qui signifie « celui qui est en taule ». Il s’agit d’une communication alternative produite par des prisonniers et prisonnières qui se trouvent derrière les barreaux de plusieurs geôles de la capitale. Le projet cherche à élargir l’échange de communication à d’autres lieux en dehors de la ville de Mexico.
« Ce projet veut expliquer la réalité vécue dans les prisons et la mettre en rapport avec un contexte social plus large, dans lequel à différents niveaux nous sommes tous prisonniers. El Canero contribue à diffuser la lutte anti-carcérale en tissant des liens de communication des prisonniers avec l’extérieur. Il s’agit de démontrer que la lutte se mène quel que soit le lieu et avec les moyens dont on dispose, sans attendre que toutes les conditions soient réunies (…) En prison aussi nous savons comment mener la lutte, comment résister, car la guerre sociale est une constante et se mène jour après jour, peu importe le gouvernement ou l’autorité en place.
Ce projet de journal contribue à renforcer la contre-information et à nourrir la réflexion sur des thèmes qui intéressent peu de personnes dans l’écoulement quotidien des jours de la civilisation moderne. C’est ainsi un message de résistance, on continue ici, toujours debout depuis la plus éloignée des tranchées, avec les moyens et les humeurs qui nous permettent de supporter le lent écoulement du quotidien dans les entrailles de la prison. »
Ce journal a pour but de voler, de voyager, d’être partagé avec d’autres personnes et d’autres prisonnier-e-s. Il est désormais traduit en français.
ML : Votre soutien s’exprime envers les prisonniers de la Sexta. Pouvez-vous nous présenter rapidement de quoi il s’agit ?
La Sixième (Sexta) Déclaration zapatiste est proposition politique lancée par l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) à la société civile au Mexique et ailleurs sur la planète. Dans cette déclaration, les zapatistes font le bilan de leur lutte, concluent à la nécessité d’élargir le mouvement à d’autres secteurs de la société et de mettre en œuvre une nouvelle forme de rencontre et de solidarité des luttes, dans une logique anticapitaliste. Il s’agit d’une proposition organisationnelle qui se confronte aux campagnes électorales et à toute logique électorale. Finalement, la Sixième Déclaration propose une façon inédite de faire la politique, « en bas à gauche ». Des milliers de personnes, groupes et de collectifs au Mexique et dans le monde ont adhéré à cette initiative.
Cependant, la réponse de l’État mexicain à ces luttes a toujours été la répression et la prison. Dès lors, plusieurs campagnes nationales et internationales ont été lancées pour la libération des compagnons et compagnes adhérent.e.s à la Sexta.
En 2008, divers collectifs, groupes, organisations, peuples et individus ont proposé de lancer la campagne nationale et internationale « Primero Nuestr@s Pres@s » en construisant des alternatives, des actions, afin de continuer la lutte pour leur libération. Le message de cette campagne est clair : aucun compagnon, aucune compagnonne emprisonné-e pour son combat ne sera abandonné-e, ni oublié-e !
« Un coup porté contre l’une ou l’un d’entre nous est un coup porté contre toutes et tous ! »
Certain-e-s prisonnier-e-s ont adhéré à la Sexta alors qu’ils étaient déjà en prison et d’autres avant leur incarcération.
La campagne nationale et internationale « Primero Nuestr@s Pres@s » qui a commencé en 2008 a peu à peu évolué et grandi. De plus en plus de compagnons et compagnonnes y ont adhéré et s’en sont montré-e-s solidaires. Grâce à la pression collective, aux actions et aux événements divers nous avons réussi ensemble à libérer plus de cinquante prisonnier-e-s : en effet, au début de cette campagne il y avait environ cinquante prisonnier-e-s dispersé-e-s à travers tout le Mexique, à ce jour il reste encore plus de 20 compagnon-e-s de la Sexta en prison.
Nous avons évolué et élargi notre solidarité depuis 2009 avec des prisonnier-e-s qui ne sont pas adhérent-e-s à la Sexta, dont des prisonnier-e-s anarchistes, prisonnier-e-s en lutte et ceux et celles qui se disent eux-mêmes prisonnier.e.s de la guerre sociale.
ML : De qui s’agit-il ?
Parmi les prisonnier.e.s de la Sexta, nous essayons de suivre les cas suivants :
Oaxaca
Alvaro Sebastian Ramirez est un prisonnier de la région de Loxicha à Oaxaca. Il adhère à la Sexta en 2006. Depuis, il mène une lutte avec espoir et conviction à l’intérieur de la prison. Alvaro a été condamné à 27 ans de prison pour les délits d’homicide qualifié, tentative d’homicide, terrorisme et conspiration. Alvaro travaillait en tant qu’enseignant et il était aussi engagé dans sa communauté pour l’amélioration des conditions d’éducation et de vie en général. Il a mené avec ses compagnons une lutte pour la défense de la terre contre les caciques et le gouvernement. Il a toujours défendu l’auto-gouvernance basée sur les « us et coutumes » des Zapotèques, refusant l’ingérence des partis politiques. En 1996, l’attaque de l’Armée populaire révolutionnaire (EPR) à Huatulco allait servir de prétexte pour justifier la répression contre les Indiens de la Région Loxicha, Oaxaca. C’est dans ce contexte qu’Alvaro Sebastian Ramirez a été arrêté et torturé ; il a été contraint de signer et de donner ses empreintes digitales sur des feuilles blanches pour permettre au pouvoir de lui fabriquer des délits. Sa famille a été poursuivie et menacée pendant de nombreuses années. Son procès a été dernièrement révisé et il est à nouveau condamné à 27 ans de prison.
« Dans la société marchande, totalitaire, dans laquelle nous vivons actuellement, les prisons sont remplies d’hommes et de femmes d’EN BAS, humbles et simples comme le sont les paysans, les indigènes, nos voisins, les jeunes des quartiers oubliés, les précaires, les travailleuses sexuelles, les employés en lutte, ceux qui protestent. »
Álvaro Sebastián -
Chiapas
Alejandro Díaz Santiz est un Indigène Tzotzil originaire de Tsoeptic, il a été arrêté dans l’état de Veracruz il y a 16 ans, accusé d’homicide. Díaz Sántiz a été condamné à 29 ans de prison ferme. Et comme dans les autres cas de prisonniers adhérents à la Sexta au Chiapas, sa condamnation résulte d’un procès corrompu dès le début, il a été torturé et il n’a jamais eu le droit à un traducteur parlant dans sa langue maternelle durant son procès.
Alejandro Díaz Santiz fait partie de l’organisation de prisonniers appelée « Los Solidarios de la Voz del Amate », organisation créée en 2009 pour dénoncer les conditions carcérales dans cette prison, mais aussi pour faire sortir au travers de communiqués et de lettres, les paroles de détenus. Par leur travail solidaire, ils font une radiographie du système pénitentiaire : les traitements indignes que les matons et le personnel leur font subir, le manque de suivi médical, les restrictions et annulations de visites, la corruption qui se vit à l’intérieur, le racisme. Depuis 2009, ils tentent également de mettre en contact les prisonnier-e-s entre eux, en rapprochant des détenu-e-s exposé-e-s aux mêmes difficultés. Les détenu-e-s concerné-e-s ont été arrêté-e-s de façon complètement arbitraire, parce qu’ils sont indigènes ou pour des motifs politiques. Alejandro est le dernier et le seul prisonnier de l’organisation « Les Solidaires de la Voix de l’Amate » à rester en prison. Tous les autres ont été libérés le 4 juillet 2013.
Dans les cachots du mauvais gouvernement du Chiapas, dans la prison numéro 5 de los « Llanos », Alejandro Díaz Santiz menait une lutte exemplaire avec d’autres prisonniers et prisonnières. Dans la cour de cette prison, des réunions avaient lieu plusieurs jours par semaine, où les prisonnier-e-s échangeaient, réfléchissaient, écrivaient et recevaient les visiteurs venant échanger avec eux ; Alejandro encourageait les détenu-e-s à lire et à écrire, à se battre pour leur liberté malgré les dures conditions que la taule représente… Le 10 septembre 2015 au matin, Alejandro a été transféré vers une prison de haute sécurité.
Terrain communal de Bachajon au Chiapas
Esteban Gomez Jimenez détenu à Cintalapa de Figueroa (Prison N°14, El Amate), Santiago Moreno Perez et Emilio Jimenez Gomez, détenus à Plages de Catazaja Chiapas (Prison N°17)
Les compagnons luttaient pour leurs droits légitimes au territoire et se trouvent aujourd’hui enfermés pour avoir fait face à la stratégie du gouvernement qui veut les dépouiller de leur terre où se trouvent les Cascades d’Agua Azul pour le futur méga-projet touristique CIPP-CAA -Centre intégralement planifié – Cascades d’Agua Azul. Les compagnons organisés du terrain communal de Bachajon n’ont pas cessé de dénoncer depuis des années la persécution politique et le pillage de leurs terres.
Durant toutes ces dernières années, les compagnons et compagnes de Bachajón ont résisté à la vague d’agressions du mauvais gouvernement contre leur lutte, assassinant, détruisant, blessant, séquestrant les compagnon-n-es de Bachajón. Malgré toutes ces agressions, les ejidatarios et les ejidatarias sont toujours debout dans la lutte. « Nous autres indigènes, nous luttons pour demeurer ce que nous sommes, pour construire notre propre forme de vie et conserver notre territoire en le protégeant des convoitises de ceux d’en haut. »
Ville de Mexico
Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des étudiants disparus d’Ayotzinapa. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’atteinte à la paix publique, d’attaques aux voies de communication et dégradations.
Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico.
À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.
« … À un peu plus d’un an de mon emprisonnement, j’aurais pu seulement m’exprimer du point de vue de la « justice » à laquelle ils me soumettent en raison de ma présumée « délinquance ». Cependant la prétendue leçon donnée par l’appareil judiciaire et ses serviteurs (juges, commissariats, policiers, matons) est beaucoup plus vaste. Il faut vivre dans une prison de la ville de Mexico pour se rendre compte d’une réalité pourrie et très similaire à la liberté relative que vit la société du dehors. En tant que prisonnier, ils m’ont séparé de la population et je survis relativement et meurs par lassitude. Dehors, c’est pareil. Je vis la violence systématique des matons et celle de la classe « délinquante » qui, au final, n’est que la reproduction de la merde de là-haut. Malgré tout cela, la solidarité ne disparaît pas, car elle est une option nécessaire et souhaitable. »
Luis Fernando Sotelo
ML : Quels sont les prisonnier.e.s anarchistes que vous soutenez ? Quelle est la situation au Mexique ?
Ces dernières années au Mexique, plus particulièrement dans la ville de Mexico, une campagne anti‑anarchistes bat son plein. Nous avons donc étendu notre soutien aux compagnon-ne-s prisonnier-e-s anarchistes depuis 2009 et dans ce sens nous travaillons étroitement avec la Croix Noire Anarchiste - Mexico (CNA-MX) et les familles des prisonnier-e-s.
Tandis que les médias de l’État et les médias commerciaux mènent un véritable lynchage médiatique contre les manifestants « violents » et les « anarchistes-casseurs », le gouvernement fédéral d’Enrique Peña Nieto et le gouvernement de Miguel Angel Mancera, maire de la Ville de Mexico, ont déclenché depuis 2012 une véritable persécution contre les mouvements sociaux, contre les jeunes, les étudiants, les mouvements anarchistes…
« … le Gouvernement de la ville de Mexico conjointement avec les grands médias de communication, ont commencé une campagne contre l’anarchisme, en créant l’image d’un ennemi dangereux qu’il est nécessaire de combattre pour le bien de la société, et sous prétexte de combattre ce danger, ils ont approuvé et mis en place des mesures qui renforcent la machine du contrôle social : l’installation de plus de vingt-mille caméras de surveillance dans toute la ville, la mise en place du Protocole de Contention des Foules, les réformes du code pénal local afin de durcir les peines, la fermeture du Zocalo (place centrale) de la capitale pour empêcher l’arrivée de manifestations, l’augmentation toujours plus forte de la présence policière dans les rues, tout ceci n’est qu’une partie de ce contrôle(…) Le bilan de cette politique, c’est plus de 500 personnes détenues durant différentes manifestations et mobilisations. Bien qu’elles ne soient pas toutes anarchistes, les médias répètent inlassablement qu’elles le sont. Cela fait partie de sa scénographie répressive, ils cherchent à lier chaque acte de désobéissance et de protestation à l’anarchisme, dans une tentative désespérée de cacher la réalité sociale où existe un énorme mécontentement qui est en train de s’étendre. En effet, il y a chaque fois plus de personnes qui sont dégoûtées des mensonges de la démocratie bourgeoise capitaliste et qui cherchent à construire des alternatives viables pour avoir une vie digne. Et nous sommes aussi de plus en plus nombreux à savoir que nous ne pouvons construire sans détruire jusqu’à ses fondations, tout ce qui nous opprime et nous exploite… ». [ Croix Noire Anarchiste - Mexico ]
Parmi les prisonnier.e.s anarchistes, il y a :
Miguel Ángel Peralta Betanzos est un membre de l’Assemblée communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca et militant anarchiste. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, membre de l’Assemblée communautaire a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été effectuée sans identification et sans mandat d’arrêt, avec une grande violence, par trois personnes habillées en civil accompagnées de plus de 20 policiers ministériels de la ville de Mexico. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui sont perpétrées depuis 5 ans par Manuel Zepeda Cortéz, ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire en piétinant ainsi le système communautaire basé sur les «cus et coutumes indigènesc» dont l’Assemblée générale est l’organe de prise de décisions. Le cas de Miguel Peralta Betanzos commence à sortir de l’ombre et à se diffuser au Mexique et ailleurs.
Fernando Bárcenas Castillo. Pendant son arrestation, il a un temps disparu et n’a pas eu le droit à un coup de téléphone, il a aussi subi des agressions physiques et verbales et il n’a disposé d’aucune défense juridique durant la première partie de son procès pénal.
La C.I.P.RE (Coordination informelle des prisonniers en résistance) a été impulsée par Luis Fernando Bárcenas Castillo : « C’est un mouvement qui émerge des entrailles de la prison, depuis l’organisation des prisonnier-e-s qui aujourd’hui ont décidé de crier ! »
C.I.P.RE (Coordination informelle des prisonniers en résistance) est une forme et un espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimé-e-s et torturé-e-s par la machinerie pénitentiaire, qui n’est rien d’autre que le bouclier de la structure étatique qui lui permet de se perpétuer et de se maintenir sur la base des intérêts les plus vils et mesquins ; la prison est une affaire commerciale d’État car en même temps elle terrorise et maintient la domination par le chantage, la peur et l’intimidation. Elle pratique l’exploitation des prisonnier-e-s et fabrique la « délinquance » par son biais utilisant les filtres, la subornation et la corruption pour maintenir l’environnement social sous contrôle (…) Nous en avons ras le bol d’être stigmatisé-es et limité-e-s par l’ostracisme pratiqué à notre encontre ; de l’état permanent de non défense dans lequel nous nous retrouvons tous en raison de l’existence de ces structures vaines, inutiles que sont la prison… Nous autres nous n’acceptons pas leurs « traitements » parce que nous ne reconnaissons pas la légitimité « morale » de ces bandits et voleurs organisés en syndicats du crime qui fondent leur critère sur l’acceptation de la soumission et de l’obéissance de nous envers eux et elles. Nous disons : ça suffit ! et c’est pour cela que nous nous organisons pour faire cesser la répression et la torture, l’exploitation à laquelle nous sommes soumis pour que ne se répètent jamais plus les situations similaires ni en prison ni dans aucun autre lieu occupé par l’avant garde fascistoïde déguisée en gouvernement démocratique ».
Vous pouvez télécharger des fanzines et des brochures intéressantes de nos compagnons et compagnonnes prisonnier-e-s sur notre blog : https://liberonsles.wordpress.com
Nous sommes « Les trois passants » et nous soutenons, depuis 2006, dans la mesure de nos possibilités, quelques prisonnier-e-s mexicain-e-s qui s’inscrivent dans l’adhésion à la Sexta, proposition politique et organisationnelle lancée par les zapatistes en 2006.
Depuis 2009, nous cheminons et soutenons des prisonnier.e.s anarchistes, quelques prisonnier.e.s en lutte et ceux et celles qui se revendiquent eux-mêmes prisonnier-e-s de la guerre sociale.
Nous avons un blog d’infos où nous diffusons les lettres et communiqués des prisonnier-e-s, nous menons des actions, projections de vidéos, lectures de lettres, concerts, expositions repas solidaires, pour les soutenir, toujours en donnant une priorité à l’échange avec les prisonnier-e-s, leurs familles et leurs collectifs de soutien. Nous ne travaillons pas pour les prisonnier-e-s mais avec elles et eux dans une logique anti-carcérale, dans une logique d’échange et de soutien mutuel, nous allons visiter chaque année les prisonnier-e-s, les groupes de soutien et les familles au Mexique, en ce sens nous cheminons avec elles et eux pour la liberté de nous tous et toutes.
Ainsi nous travaillons étroitement avec des compagnons et compagnonnes au Mexique : dans la Ville de Mexico avec la Croix Noire Anarchiste de Mexico qui suit de près les cas des compagnon-e-s anarchistes et d’autres non anarchistes en lutte et avec le groupe de soutien à Luis Fernando Sotelo. A Oaxaca - région de Loxicha – nous travaillons avec l’organisation de la Voix des Zapotèques Xiches en prison, composée par les familles de prisonniers ; tout dernièrement nous essayons de travailler avec le groupe de soutien aux prisonnier-e-s de la région d’Eloxochitlán de Flores Magón. Au Chiapas, nous sommes en contact avec le Groupe de Travail « No estamos Todos » qui eux, travaillent avec les familles et les proches de prisonnier-e-s au Chiapas. Au niveau de la Sexta, nous sommes en contact avec le Réseau contre la Répression et pour la solidarité qui regroupe plusieurs collectifs, groupes et individus au niveau national dont certains mènent un travail pour la libération des compagnonnes et compagnons depuis 2006.
Actuellement, nous sommes en relation avec des prisonnier-e-s qui tiennent un petit journal appelé El Canero que nous avons traduit en français et commencé à diffuser en France. Nous avons fait deux présentations avec l’Envolée à Paris qui a présenté, dans son numéro de novembre 2015, le journal El Canero et qui nous aide à faire le lien avec les prisonnier-e-s d’ici.
Nous partons du fait que nous nous trouvons dans une réalité où l’enfermement se manifeste à travers de nombreuses institutions, comme celle des prisons, au service d’un projet politique, capitaliste, libéral, productiviste, patriarcal, sexiste, raciste, autoritaire et arbitraire que nous ne pouvons pas accepter et faire comme si de rien n’était. Le monde, pour lequel nous nous battons, refuse les réformes de ces centres d’extermination, nous ne les voulons pas car nous n’en avons pas besoin. Nous désirons voir tomber ces murs et avec eux ce système. C’est main dans la main avec nos compagnons et compagnonnes prisonnier.e.s que nous avons appris que notre lutte s’inscrit dans la destruction de ces centres, pour la disparition de ces lieux conçus pour être les poubelles sociales dont l’État se sert pour éliminer des milliers d’hommes, de femmes, de jeunes d’en bas. Notre lutte durera jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !
ML : Pouvez-vous nous présenter le projet du journal El Canero ?
El Canero est une proposition lancée par le compagnon Fernando Barcenas Castillo, prisonnier anarchiste incarcéré dans la prison Nord de la ville de Mexico.
Fernando est un jeune de 21 ans, étudiant au lycée de Sciences humaines de Vallejo, travailleur et musicien, accusé d’attaques à la paix publique en bande organisée suite aux manifestations et actions contre l’augmentation des tarifs des transports publics. Il a été arrêté le 13 décembre 2013 et accusé d’avoir brûlé un arbre de Noël publicitaire appartenant à la multinationale Coca Cola. Fernando a été par la suite condamné à 6 ans et 9 mois de prison ferme.
En prison, Fernando a imaginé et lancé un journal alternatif appelé journal indépendant de combat : El Canero qui signifie « celui qui est en taule ». Il s’agit d’une communication alternative produite par des prisonniers et prisonnières qui se trouvent derrière les barreaux de plusieurs geôles de la capitale. Le projet cherche à élargir l’échange de communication à d’autres lieux en dehors de la ville de Mexico.
« Ce projet veut expliquer la réalité vécue dans les prisons et la mettre en rapport avec un contexte social plus large, dans lequel à différents niveaux nous sommes tous prisonniers. El Canero contribue à diffuser la lutte anti-carcérale en tissant des liens de communication des prisonniers avec l’extérieur. Il s’agit de démontrer que la lutte se mène quel que soit le lieu et avec les moyens dont on dispose, sans attendre que toutes les conditions soient réunies (…) En prison aussi nous savons comment mener la lutte, comment résister, car la guerre sociale est une constante et se mène jour après jour, peu importe le gouvernement ou l’autorité en place.
Ce projet de journal contribue à renforcer la contre-information et à nourrir la réflexion sur des thèmes qui intéressent peu de personnes dans l’écoulement quotidien des jours de la civilisation moderne. C’est ainsi un message de résistance, on continue ici, toujours debout depuis la plus éloignée des tranchées, avec les moyens et les humeurs qui nous permettent de supporter le lent écoulement du quotidien dans les entrailles de la prison. »
Ce journal a pour but de voler, de voyager, d’être partagé avec d’autres personnes et d’autres prisonnier-e-s. Il est désormais traduit en français.
ML : Votre soutien s’exprime envers les prisonniers de la Sexta. Pouvez-vous nous présenter rapidement de quoi il s’agit ?
La Sixième (Sexta) Déclaration zapatiste est proposition politique lancée par l’EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) à la société civile au Mexique et ailleurs sur la planète. Dans cette déclaration, les zapatistes font le bilan de leur lutte, concluent à la nécessité d’élargir le mouvement à d’autres secteurs de la société et de mettre en œuvre une nouvelle forme de rencontre et de solidarité des luttes, dans une logique anticapitaliste. Il s’agit d’une proposition organisationnelle qui se confronte aux campagnes électorales et à toute logique électorale. Finalement, la Sixième Déclaration propose une façon inédite de faire la politique, « en bas à gauche ». Des milliers de personnes, groupes et de collectifs au Mexique et dans le monde ont adhéré à cette initiative.
Cependant, la réponse de l’État mexicain à ces luttes a toujours été la répression et la prison. Dès lors, plusieurs campagnes nationales et internationales ont été lancées pour la libération des compagnons et compagnes adhérent.e.s à la Sexta.
En 2008, divers collectifs, groupes, organisations, peuples et individus ont proposé de lancer la campagne nationale et internationale « Primero Nuestr@s Pres@s » en construisant des alternatives, des actions, afin de continuer la lutte pour leur libération. Le message de cette campagne est clair : aucun compagnon, aucune compagnonne emprisonné-e pour son combat ne sera abandonné-e, ni oublié-e !
« Un coup porté contre l’une ou l’un d’entre nous est un coup porté contre toutes et tous ! »
Certain-e-s prisonnier-e-s ont adhéré à la Sexta alors qu’ils étaient déjà en prison et d’autres avant leur incarcération.
La campagne nationale et internationale « Primero Nuestr@s Pres@s » qui a commencé en 2008 a peu à peu évolué et grandi. De plus en plus de compagnons et compagnonnes y ont adhéré et s’en sont montré-e-s solidaires. Grâce à la pression collective, aux actions et aux événements divers nous avons réussi ensemble à libérer plus de cinquante prisonnier-e-s : en effet, au début de cette campagne il y avait environ cinquante prisonnier-e-s dispersé-e-s à travers tout le Mexique, à ce jour il reste encore plus de 20 compagnon-e-s de la Sexta en prison.
Nous avons évolué et élargi notre solidarité depuis 2009 avec des prisonnier-e-s qui ne sont pas adhérent-e-s à la Sexta, dont des prisonnier-e-s anarchistes, prisonnier-e-s en lutte et ceux et celles qui se disent eux-mêmes prisonnier.e.s de la guerre sociale.
ML : De qui s’agit-il ?
Parmi les prisonnier.e.s de la Sexta, nous essayons de suivre les cas suivants :
Oaxaca
Alvaro Sebastian Ramirez est un prisonnier de la région de Loxicha à Oaxaca. Il adhère à la Sexta en 2006. Depuis, il mène une lutte avec espoir et conviction à l’intérieur de la prison. Alvaro a été condamné à 27 ans de prison pour les délits d’homicide qualifié, tentative d’homicide, terrorisme et conspiration. Alvaro travaillait en tant qu’enseignant et il était aussi engagé dans sa communauté pour l’amélioration des conditions d’éducation et de vie en général. Il a mené avec ses compagnons une lutte pour la défense de la terre contre les caciques et le gouvernement. Il a toujours défendu l’auto-gouvernance basée sur les « us et coutumes » des Zapotèques, refusant l’ingérence des partis politiques. En 1996, l’attaque de l’Armée populaire révolutionnaire (EPR) à Huatulco allait servir de prétexte pour justifier la répression contre les Indiens de la Région Loxicha, Oaxaca. C’est dans ce contexte qu’Alvaro Sebastian Ramirez a été arrêté et torturé ; il a été contraint de signer et de donner ses empreintes digitales sur des feuilles blanches pour permettre au pouvoir de lui fabriquer des délits. Sa famille a été poursuivie et menacée pendant de nombreuses années. Son procès a été dernièrement révisé et il est à nouveau condamné à 27 ans de prison.
« Dans la société marchande, totalitaire, dans laquelle nous vivons actuellement, les prisons sont remplies d’hommes et de femmes d’EN BAS, humbles et simples comme le sont les paysans, les indigènes, nos voisins, les jeunes des quartiers oubliés, les précaires, les travailleuses sexuelles, les employés en lutte, ceux qui protestent. »
Álvaro Sebastián -
Chiapas
Alejandro Díaz Santiz est un Indigène Tzotzil originaire de Tsoeptic, il a été arrêté dans l’état de Veracruz il y a 16 ans, accusé d’homicide. Díaz Sántiz a été condamné à 29 ans de prison ferme. Et comme dans les autres cas de prisonniers adhérents à la Sexta au Chiapas, sa condamnation résulte d’un procès corrompu dès le début, il a été torturé et il n’a jamais eu le droit à un traducteur parlant dans sa langue maternelle durant son procès.
Alejandro Díaz Santiz fait partie de l’organisation de prisonniers appelée « Los Solidarios de la Voz del Amate », organisation créée en 2009 pour dénoncer les conditions carcérales dans cette prison, mais aussi pour faire sortir au travers de communiqués et de lettres, les paroles de détenus. Par leur travail solidaire, ils font une radiographie du système pénitentiaire : les traitements indignes que les matons et le personnel leur font subir, le manque de suivi médical, les restrictions et annulations de visites, la corruption qui se vit à l’intérieur, le racisme. Depuis 2009, ils tentent également de mettre en contact les prisonnier-e-s entre eux, en rapprochant des détenu-e-s exposé-e-s aux mêmes difficultés. Les détenu-e-s concerné-e-s ont été arrêté-e-s de façon complètement arbitraire, parce qu’ils sont indigènes ou pour des motifs politiques. Alejandro est le dernier et le seul prisonnier de l’organisation « Les Solidaires de la Voix de l’Amate » à rester en prison. Tous les autres ont été libérés le 4 juillet 2013.
Dans les cachots du mauvais gouvernement du Chiapas, dans la prison numéro 5 de los « Llanos », Alejandro Díaz Santiz menait une lutte exemplaire avec d’autres prisonniers et prisonnières. Dans la cour de cette prison, des réunions avaient lieu plusieurs jours par semaine, où les prisonnier-e-s échangeaient, réfléchissaient, écrivaient et recevaient les visiteurs venant échanger avec eux ; Alejandro encourageait les détenu-e-s à lire et à écrire, à se battre pour leur liberté malgré les dures conditions que la taule représente… Le 10 septembre 2015 au matin, Alejandro a été transféré vers une prison de haute sécurité.
Terrain communal de Bachajon au Chiapas
Esteban Gomez Jimenez détenu à Cintalapa de Figueroa (Prison N°14, El Amate), Santiago Moreno Perez et Emilio Jimenez Gomez, détenus à Plages de Catazaja Chiapas (Prison N°17)
Les compagnons luttaient pour leurs droits légitimes au territoire et se trouvent aujourd’hui enfermés pour avoir fait face à la stratégie du gouvernement qui veut les dépouiller de leur terre où se trouvent les Cascades d’Agua Azul pour le futur méga-projet touristique CIPP-CAA -Centre intégralement planifié – Cascades d’Agua Azul. Les compagnons organisés du terrain communal de Bachajon n’ont pas cessé de dénoncer depuis des années la persécution politique et le pillage de leurs terres.
Durant toutes ces dernières années, les compagnons et compagnes de Bachajón ont résisté à la vague d’agressions du mauvais gouvernement contre leur lutte, assassinant, détruisant, blessant, séquestrant les compagnon-n-es de Bachajón. Malgré toutes ces agressions, les ejidatarios et les ejidatarias sont toujours debout dans la lutte. « Nous autres indigènes, nous luttons pour demeurer ce que nous sommes, pour construire notre propre forme de vie et conserver notre territoire en le protégeant des convoitises de ceux d’en haut. »
Ville de Mexico
Luis Fernando Sotelo, étudiant âgé de 20 ans, adhérent à la Sixième Déclaration zapatiste, a été arrêté le 5 novembre 2014 suite aux manifestations et aux actions pour la présentation en vie des étudiants disparus d’Ayotzinapa. Le juge a signifié sa mise en détention préventive pour les délits d’atteinte à la paix publique, d’attaques aux voies de communication et dégradations.
Quatre entreprises privées et le gouvernement de la Ville de Mexico, demandent à Sotelo de payer une somme effrayante de 13 millions de pesos, l’équivalent de 685 700 euros de dommages et intérêts. Cela signifie que Fernando sera soumis à un procès judiciaire, qu’il devra affronter enfermé dans la prison préventive Sud de la ville de Mexico.
À présent, les avocats solidaires et la famille mènent une lutte acharnée et ardue contre le système judiciaire.
« … À un peu plus d’un an de mon emprisonnement, j’aurais pu seulement m’exprimer du point de vue de la « justice » à laquelle ils me soumettent en raison de ma présumée « délinquance ». Cependant la prétendue leçon donnée par l’appareil judiciaire et ses serviteurs (juges, commissariats, policiers, matons) est beaucoup plus vaste. Il faut vivre dans une prison de la ville de Mexico pour se rendre compte d’une réalité pourrie et très similaire à la liberté relative que vit la société du dehors. En tant que prisonnier, ils m’ont séparé de la population et je survis relativement et meurs par lassitude. Dehors, c’est pareil. Je vis la violence systématique des matons et celle de la classe « délinquante » qui, au final, n’est que la reproduction de la merde de là-haut. Malgré tout cela, la solidarité ne disparaît pas, car elle est une option nécessaire et souhaitable. »
Luis Fernando Sotelo
ML : Quels sont les prisonnier.e.s anarchistes que vous soutenez ? Quelle est la situation au Mexique ?
Ces dernières années au Mexique, plus particulièrement dans la ville de Mexico, une campagne anti‑anarchistes bat son plein. Nous avons donc étendu notre soutien aux compagnon-ne-s prisonnier-e-s anarchistes depuis 2009 et dans ce sens nous travaillons étroitement avec la Croix Noire Anarchiste - Mexico (CNA-MX) et les familles des prisonnier-e-s.
Tandis que les médias de l’État et les médias commerciaux mènent un véritable lynchage médiatique contre les manifestants « violents » et les « anarchistes-casseurs », le gouvernement fédéral d’Enrique Peña Nieto et le gouvernement de Miguel Angel Mancera, maire de la Ville de Mexico, ont déclenché depuis 2012 une véritable persécution contre les mouvements sociaux, contre les jeunes, les étudiants, les mouvements anarchistes…
« … le Gouvernement de la ville de Mexico conjointement avec les grands médias de communication, ont commencé une campagne contre l’anarchisme, en créant l’image d’un ennemi dangereux qu’il est nécessaire de combattre pour le bien de la société, et sous prétexte de combattre ce danger, ils ont approuvé et mis en place des mesures qui renforcent la machine du contrôle social : l’installation de plus de vingt-mille caméras de surveillance dans toute la ville, la mise en place du Protocole de Contention des Foules, les réformes du code pénal local afin de durcir les peines, la fermeture du Zocalo (place centrale) de la capitale pour empêcher l’arrivée de manifestations, l’augmentation toujours plus forte de la présence policière dans les rues, tout ceci n’est qu’une partie de ce contrôle(…) Le bilan de cette politique, c’est plus de 500 personnes détenues durant différentes manifestations et mobilisations. Bien qu’elles ne soient pas toutes anarchistes, les médias répètent inlassablement qu’elles le sont. Cela fait partie de sa scénographie répressive, ils cherchent à lier chaque acte de désobéissance et de protestation à l’anarchisme, dans une tentative désespérée de cacher la réalité sociale où existe un énorme mécontentement qui est en train de s’étendre. En effet, il y a chaque fois plus de personnes qui sont dégoûtées des mensonges de la démocratie bourgeoise capitaliste et qui cherchent à construire des alternatives viables pour avoir une vie digne. Et nous sommes aussi de plus en plus nombreux à savoir que nous ne pouvons construire sans détruire jusqu’à ses fondations, tout ce qui nous opprime et nous exploite… ». [ Croix Noire Anarchiste - Mexico ]
Parmi les prisonnier.e.s anarchistes, il y a :
Miguel Ángel Peralta Betanzos est un membre de l’Assemblée communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón, Oaxaca et militant anarchiste. Le jeudi 30 avril 2015, vers 5 heures et demie de l’après-midi, Miguel Ángel Peralta Betanzos, membre de l’Assemblée communautaire a été arrêté au centre-ville de Mexico. Cette arrestation a été effectuée sans identification et sans mandat d’arrêt, avec une grande violence, par trois personnes habillées en civil accompagnées de plus de 20 policiers ministériels de la ville de Mexico. Toutes ces irrégularités concernant l’arrestation de Miguel constituent une attaque de plus contre l’Assemblée communautaire d’Eloxochitlán, dans la continuité de celles qui sont perpétrées depuis 5 ans par Manuel Zepeda Cortéz, ex-président municipal qui siégea à la Présidence municipale après s’y être imposé de façon autoritaire en piétinant ainsi le système communautaire basé sur les «cus et coutumes indigènesc» dont l’Assemblée générale est l’organe de prise de décisions. Le cas de Miguel Peralta Betanzos commence à sortir de l’ombre et à se diffuser au Mexique et ailleurs.
Fernando Bárcenas Castillo. Pendant son arrestation, il a un temps disparu et n’a pas eu le droit à un coup de téléphone, il a aussi subi des agressions physiques et verbales et il n’a disposé d’aucune défense juridique durant la première partie de son procès pénal.
La C.I.P.RE (Coordination informelle des prisonniers en résistance) a été impulsée par Luis Fernando Bárcenas Castillo : « C’est un mouvement qui émerge des entrailles de la prison, depuis l’organisation des prisonnier-e-s qui aujourd’hui ont décidé de crier ! »
C.I.P.RE (Coordination informelle des prisonniers en résistance) est une forme et un espace d’organisation pour tous ceux et celles qui ont été brimé-e-s et torturé-e-s par la machinerie pénitentiaire, qui n’est rien d’autre que le bouclier de la structure étatique qui lui permet de se perpétuer et de se maintenir sur la base des intérêts les plus vils et mesquins ; la prison est une affaire commerciale d’État car en même temps elle terrorise et maintient la domination par le chantage, la peur et l’intimidation. Elle pratique l’exploitation des prisonnier-e-s et fabrique la « délinquance » par son biais utilisant les filtres, la subornation et la corruption pour maintenir l’environnement social sous contrôle (…) Nous en avons ras le bol d’être stigmatisé-es et limité-e-s par l’ostracisme pratiqué à notre encontre ; de l’état permanent de non défense dans lequel nous nous retrouvons tous en raison de l’existence de ces structures vaines, inutiles que sont la prison… Nous autres nous n’acceptons pas leurs « traitements » parce que nous ne reconnaissons pas la légitimité « morale » de ces bandits et voleurs organisés en syndicats du crime qui fondent leur critère sur l’acceptation de la soumission et de l’obéissance de nous envers eux et elles. Nous disons : ça suffit ! et c’est pour cela que nous nous organisons pour faire cesser la répression et la torture, l’exploitation à laquelle nous sommes soumis pour que ne se répètent jamais plus les situations similaires ni en prison ni dans aucun autre lieu occupé par l’avant garde fascistoïde déguisée en gouvernement démocratique ».
Vous pouvez télécharger des fanzines et des brochures intéressantes de nos compagnons et compagnonnes prisonnier-e-s sur notre blog : https://liberonsles.wordpress.com
PAR : Monde libertaire
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