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par Groupe Kropotkine de la Fédération anarchiste le 11 juillet 2018

Débat « Hommes-Femmes, bioéthique et libertés » à Saint-Quentin (Aisne)

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Article extrait du « Monde libertaire » n° 1793 de mars 2018
Le jeudi 1er février avait lieu à l’Espace Henri-Matisse de Saint-Quentin une rencontre organisée par SOS Homophobie, la LDH et le Collectif des luttes contre l’extrême droite de l’Aisne (CLED02) – dont fait partie le groupe Kropotkine de la Fédération anarchiste. La rencontre a rassemblé une cinquantaine de participants. Michel Magnez de SOS Homophobie Picardie a rappelé que cette rencontre intervenait dans le cadre de l’organisation des prochains états généraux de la bioéthique avant l’ouverture du débat national sur les questions de l’éthique dans le champ des pratiques biomédicales (englobant notamment les questions de GPA et de la PMA). Mais les thèmes abordés couvraient tout autant l’égalité hommes-femmes que la lutte des homosexuel.les et la lutte contre l’homophobie plus généralement, ainsi que les idées nauséabondes développées par l’extrême droite. Les organisateurs ont fait une sorte de grand écart en invitant un militant catholique homosexuel, une féministe et un ancien militant du Front d’action homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) et d’Act-Up Paris…

La première intervention d’Antony Favier de l’association des catholiques homosexuel.les David et Jonathan (faisant partie de l’interLGBT) a exposé sa vision de la bioéthique sous l’angle de la religion. Il a remarqué que s’il avait senti un fort consensus pour le mariage civil, pour lui, « la bio-éthique semble réveiller des clivages qu’il faut apprendre à gérer ». Il a reconnu ne pas avoir de réponse facile à titre personnel mais a pu constater « combien il est difficile de faire dialoguer des lesbiennes résolument anti-GPA et certains gays qui sont déjà sur ce terrain dans leur vie pratique », sans parler de la diversité des positions intermédiaires, « ce qui constitue pour moi une vraie question dans mes engagements ».

Anne Lambert, professeure en collège, a raconté son expérience en tant que référente de l’égalité des chances filles-garçons qui s’est révélée rapidement être une supercherie. Elle s’est vite aperçue que ce poste était en vérité une coquille vide. Pas de moyens financiers pour mettre en place des actions efficaces, tandis que la hiérarchie ne prenait pas son travail au sérieux. Elle a constaté que de telles initiatives ne sont pas plus efficaces en université et a cité l’exemple de l’expérience de son fils féministe, étudiant en médecine qui a été atterré par l’ambiance sexiste en amphis, sous la complicité des enseignants qui cautionnent ce type d’attitudes machistes, car considérées comme « traditionnelles ».

Michel Magnez a ensuite présenté les actions de SOS Homophobie qui vient d’ouvrir une antenne dans l’Aisne et Ghislaine Bagnaux, l’action du CLED02 de l’Aisne, dont est adhérent le groupe Kropotkine de la Fédération anarchiste. Enfin, Patrick Schindler, ancien militant du FHAR et d’Act-Up Paris, a résumé rapidement quarante années de luttes. Celle des femmes pour l’IVG et des homosexuel.es dans les années 1970 ; son quotidien à l’armée en 1974 alors qu’il était signataire de l’Appel des Cent (raconté dans son livre Contingent rebelle) ; la lutte contre l’article homophobe 331 alinéa 2 du code pénal issu du maréchal Pétain et son retrait sous Mitterrand ; les premières Gay Pride ; le choc de l’arrivée en France du sida ; les luttes d’Act-UP et enfin la lutte pour le PACS et la résistance contre les intégristes, fachos et réactionnaires de la Manif pour tous. Il a ensuite constaté que toutes ces avancées sont constamment remises en question par la montée de l’homophobie, souvent reprise dans les thèmes de l’extrême droite. Que la lutte pour l’égalité des droits n’est jamais gagnée.

Le débat qui a suivi était très intéressant, un intervenant constatant que ce sont toujours les femmes qui montent au créneau pour défendre les droits des femmes et des homosexuel.les (Simone Weil, Christiane Taubira). D’autres ont constaté que, malgré les avancées, trop de stéréotypes demeurent au sein de la société, que les gens sont encore gênés d’en parler surtout dans les petites villes de province. Quelques jeunes, qui étaient nombreux dans l’assistance ont parlé de leurs difficultés en matière de sexualité, de prévention, malgré des interventions positives en collège. Une autre intervenante a évoqué la présence des « veilleurs » homophobes sur la place de la cathédrale de Saint-Quentin durant les débats sur le mariage pour tous, notant le peu de réactions de la population locale et l’absence de débat social. Enfin, une femme transexuelle s’est présentée et a fait part de son interrogation quant au sens religieux de l’acceptation de la différence. Le débat s’est terminé dans une bonne ambiance. Suite à son bon déroulement, il sera dupliqué prochainement dans d’autres villes de la région.
PAR : Groupe Kropotkine de la Fédération anarchiste
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