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par P. S. le 23 avril 2018

« Nous, les enfants de Diogène »

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Article extrait du « Monde libertaire » n° 1792 de février 2018
Nous avons reçu au « Monde libertaire » une belle histoire. Celle de Lucie, de David et de Richard. Lucie, la jeune fugueuse révoltée, l’anar autodidacte qui, par la poésie, entre de plein fouet dans la vraie vie. Richard, le loubard dégingandé au grand cœur, pas mal déjanté, qui essaye de comprendre le monde mais, lui, par les faits. Réfractaire au savoir, mais pas imperméable. Et enfin, David, l’archétype du trotsko des années 1970. Tout ce petit monde évolue dans le Paris des années 1968. Le Quartier latin, les hésitations militantes, les premiers doutes et désenchantements d’une époque. Circonvolutions au fil des inspirations du moment, des lectures du moment. Beaucoup de belles citations dans ces pages. Vaneigem, Rimbaud, les penseurs anarchistes. Les trois principaux protagonistes du roman cherchent, on l’aura compris, chacun sa voix, chacun sa voie.

Ils passeront par une traversée du désert, à travers une espèce de trou noir, de labyrinthe transcendantal. Mais, l’auteur ne perd pas pied pour autant. Après ce saut périlleux qui couvre cinq décennies on se retrouve à Exarchia, dans les années 2010. Lucie, partie sur les traces de Richard, est venue y chercher la nostalgie transposée de ses années de jeunesse dans ce quartier à part d’Athènes, au pays de Diogène. Après avoir dévoré ce roman d’utopie avec gourmandise, comme disait Rimbaud, je me suis demandé : mais, pourquoi Diogène ? Explication : Diogène de Sinope a profondément marqué les Athéniens du siècle de Périclès et est devenu un mythe. Il vivait dehors, dans le dénuement, muni d’un bâton, d’une besace et d’une écuelle. Dénonçant l’artifice des conventions sociales, il préconisait une vie simple, plus proche de la nature, et se contentait d’une jarre pour dormir… Et c’est à cause de leurs traits scandaleux (liberté et égalité sexuelle, négation du sacré, remise en cause de la cité et des lois, suppression des armes et de la monnaie, etc.) que les écrits de Diogène tombèrent dans l’oubli quasi total… On comprend alors mieux le sens du titre de ce chouette roman.

Michèle Victor, Nous, les enfants de Diogène, Rue des Ecoles, 21,50 euros, disponible à la Librairie Publico, 145, rue Amelot, 75011 Paris.
PAR : P. S.
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