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Sciences et technologies
par Élan noir • le 12 mars 2016
Nirradieux ni maîtres !
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Cinq ans après, la catastrophe de Fukushima répand toujours, invisible et sans odeur, la contamination radioactive dans l’atmosphère et l’océan, inoculant dans le vivant la maladie et la mort. Depuis le largage de Little boy à Hiroshima en 1945, combien de dizaines de milliers de complices ont légué ces êtres radioactifs à des centaines de générations ? Combien de millions ont fermé les yeux ?
Comment l’un des pays les plus assujettis aux menaces sismiques, et ayant servi de cobaye aux essais atomiques « in vivo » en 1945, est-il devenu la troisième nation nucléaire du monde ? En fait, le développement du nucléaire civil au Japon est une émanation du nucléaire militaire américain :
● 6 août 1945, Hiroshima, 8 h 16 min 02 sec
Little Boy, bombe atomique à l’uranium de 15 kilotonnes, 75 000 personnes tuées sur le coup, 250 000 au total.
● 9 août 1945, Nagasaki, 11 h 02 min
Fat man, bombe atomique au plutonium de 23 kilotonnes, 70 000 personnes tuées sur le coup, 150 000 au total.
● Novembre 1946
Création par le président Truman de l’Atomic Bomb Casualty Commission (ABCC), chargée de mener des recherches sur les survivants. Recherche qui n’ont en rien contribué au soin des victimes, mais ont été utilisées pour moderniser les armes et les centrales nucléaires.
● Printemps 1947
Création du Japan National Institute of Health (JNIH), sur ordre des autorités d’occupation américaines. Le personnel est choisi parmi l’Unité 731 - qui avait effectué, entre 1937 et 1945, des tests secrets d’armes bactériologiques et chimiques sur des cobayes humains en Chine (entre 3 000 et 10 000 soldats et civils). Ils échappent ainsi aux poursuites devant le Tribunal de Tokyo. La JNIH coopère pendant vingt ans avec l’ABCC et avec le Laboratoire médical 406 de l’armée américaine, en charge de la préparation à la guerre bactériologique : « Nous, les scientifiques intelligents, avions tous considéré que nous ne pouvions manquer cette opportunité en or d’étudier les effets du rayonnement atomique sur les humains », Kojima Saburō, Unité 173, vice-directeur du JNIH.
En avril 1975, l’ABCC sera remplacée par la Radiation Effects Research Foundation (RERF), actuellement très impliquée dans l’enquête de santé publique à Fukushima. Son "objectivité" est garantie par le financement qu’elle reçoit, depuis sa création, de la Nippon Foundation, grand argentier du négationnisme, qu’il soit historique ou nucléaire.
L’image des antinucléaires que donnent les nucléocrates est celle de passéistes se contentant de l’éclairage à la bougie. Suivons le chemin de ceux qui veulent illuminer nos vies :
● 8 décembre 1953
Eisenhower, président des États-Unis , devant l’assemblée des Nations unies :
« L’objectif de mon pays est d’aider à sortir de la chambre obscure des horreurs pour aller vers la lumière, pour trouver une manière de faire évoluer les esprits des hommes, les espoirs des hommes et les âmes des hommes d’où qu’ils soient, vers la paix, le bonheur et le bien-être. ». Dans ce discours, intitulé Atoms for peace, il fait miroiter une énergie quasi-gratuite, l’impossibilité absolue de tout accident, une gestion des déchets bientôt résolue. Dans le même temps, il lance un programme de dissuasion nucléaire visant à augmenter l’arsenal militaire américain.
● 1954
Le gouvernement japonais finance son premier programme de recherche nucléaire, sous la pression des États-Unis qui veulent faire du Japon un levier pour exporter leurs centrales nucléaires en Asie du sud-est. Pour "vendre" l’atome dans un pays qui a pu en observer les bienfaits "in vivo", il faut des complices : Shōriki Matsutarō, ancien criminel de guerre de rang A, est un allié de choix en raison de son anticommunisme virulent. Il dispose du réseau de diffusion Nippon Television Network (NTV), qui compte parmi ses promoteurs plusieurs conseillers de la CIA ou du NSA.
Une vaste campagne de promotion de l’énergie nucléaire est lancée, ardemment soutenue par Shōriki Matsutarō, devenu le président de la Commission nationale de l’énergie atomique. Il organise en novembre 1955 à Tokyo une exposition L’usage pacifique de l’énergie nucléaire, qui se déplacera dans plusieurs villes. On y vante les bienfaits du "nucléaire pacifiste" : applications médicales, électricité, contrôle des insectes, conservation alimentaire...
De son côté, le ministère de l’éducation développe toute une propagande pour les enfants des écoles.
● 1957
L’exposition, présentée dans le cadre de la Grande exposition de la reconstruction de Hiroshima, voit défiler 917 000 personnes dans un pavillon situé dans le musée de la Bombe A ! Tous ces efforts sont suivis d’effet : 30 % des Japonais considèrent l’atome comme « nocif », contre 70 % deux ans plus tôt. Cela permet au Premier ministre Kishi Nobusuke, ancien criminel de guerre de rang A, de commander 20 réacteurs aux fournisseurs américains.
À l’Est comme à l’Ouest, politiques et scientifiques se sont dans leur quasi totalité engouffrés dans la voie nucléaire, aspirés par les sommes colossales investies. Mais les risques pris pour l’espèce humaine, sans que les populations soient consultées, ont peu à peu été dévoilés, parfois par ceux qui s’y étaient investis :
● Janvier 1982
Amiral G. Rickover, devant le Congrès des États-Unis : « Il y a deux milliards d’années, la vie n’existait pas sur la Terre à cause des radiations. Avec la puissance nucléaire, nous créons quelque chose que la nature a essayé de détruire pour rendre la vie possible. Chaque fois que vous produisez du rayonnement, vous produisez quelque chose qui a une demi-vie donnée, dans certains cas pour des millions d’années. Je crois que la race humaine va se naufrager elle-même, et il est fondamental que nous ayons le contrôle de cette force horrible et que nous essayions de l’éliminer. »
Ingénieur en chef du premier sous-marin américain à propulsion nucléaire et de la première centrale nucléaire américaine, il était jusque-là le promoteur acharné de la prolifération de l’énergie nucléaire "civile" : « Vous allez me demander pourquoi j’ai développé des navires à propulsion nucléaire. Si ça ne tenait qu’à moi, je les coulerais tous… »
● Février 2016
Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : « Le contexte en matière de sûreté et de radioprotection est particulièrement préoccupant. »
C’est qu’un désastre nucléaire, déclaré impossible en 1953, est depuis devenu possible, voire probable, notamment en France, premier pays en nombre de réacteurs par habitant. Nos réacteurs, conçus pour fonctionner 30 ans, ont pour la plupart une moyenne d’âge comprise entre 28 et 35 ans, et il est envisagé de les prolonger au-delà de 40 ans !
Pour éviter tout "désordre", l’État se prépare. Ne pouvant prendre en charge les centaines de milliers d’habitants concernés par une éventuelle catastrophe (par exemple à Nogent-sur-Seine), l’évacuation sera limitée à quelques kilomètres et l’armée sera chargée de "gérer" les populations cherchant à fuir à tout prix, seule solution de survie.
Il est prévu d’utiliser l’état d’urgence liberticide : « L’état d’urgence couvre non seulement les atteintes à l’ordre public mais aussi ce que l’on appelle les calamités publiques : catastrophes écologiques, catastrophes naturelles » (loi constitutionnelle « de protection de la Nation »), ce que confirme par Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux : « La notion de calamité publique englobe les événements d’une gravité extrême, y compris ceux dans lesquels l’activité humaine aurait joué un rôle, comme un accident dans une centrale nucléaire ».
Combien de temps encore laisserons-nous perdurer cette filière nucléaire, extrêmement dangereuse pour des millions de personnes - aussi bien en cas d’accident qu’en fonctionnement "normal"-, et impliquant État centralisé, militarisé et policier ?
Cobayes humains à Hiroshima et Nagasaki
Comment l’un des pays les plus assujettis aux menaces sismiques, et ayant servi de cobaye aux essais atomiques « in vivo » en 1945, est-il devenu la troisième nation nucléaire du monde ? En fait, le développement du nucléaire civil au Japon est une émanation du nucléaire militaire américain :
● 6 août 1945, Hiroshima, 8 h 16 min 02 sec
Little Boy, bombe atomique à l’uranium de 15 kilotonnes, 75 000 personnes tuées sur le coup, 250 000 au total.
● 9 août 1945, Nagasaki, 11 h 02 min
Fat man, bombe atomique au plutonium de 23 kilotonnes, 70 000 personnes tuées sur le coup, 150 000 au total.
● Novembre 1946
Création par le président Truman de l’Atomic Bomb Casualty Commission (ABCC), chargée de mener des recherches sur les survivants. Recherche qui n’ont en rien contribué au soin des victimes, mais ont été utilisées pour moderniser les armes et les centrales nucléaires.
● Printemps 1947
Création du Japan National Institute of Health (JNIH), sur ordre des autorités d’occupation américaines. Le personnel est choisi parmi l’Unité 731 - qui avait effectué, entre 1937 et 1945, des tests secrets d’armes bactériologiques et chimiques sur des cobayes humains en Chine (entre 3 000 et 10 000 soldats et civils). Ils échappent ainsi aux poursuites devant le Tribunal de Tokyo. La JNIH coopère pendant vingt ans avec l’ABCC et avec le Laboratoire médical 406 de l’armée américaine, en charge de la préparation à la guerre bactériologique : « Nous, les scientifiques intelligents, avions tous considéré que nous ne pouvions manquer cette opportunité en or d’étudier les effets du rayonnement atomique sur les humains », Kojima Saburō, Unité 173, vice-directeur du JNIH.
En avril 1975, l’ABCC sera remplacée par la Radiation Effects Research Foundation (RERF), actuellement très impliquée dans l’enquête de santé publique à Fukushima. Son "objectivité" est garantie par le financement qu’elle reçoit, depuis sa création, de la Nippon Foundation, grand argentier du négationnisme, qu’il soit historique ou nucléaire.
En route vers la lumière...
L’image des antinucléaires que donnent les nucléocrates est celle de passéistes se contentant de l’éclairage à la bougie. Suivons le chemin de ceux qui veulent illuminer nos vies :
● 8 décembre 1953
Eisenhower, président des États-Unis , devant l’assemblée des Nations unies :
« L’objectif de mon pays est d’aider à sortir de la chambre obscure des horreurs pour aller vers la lumière, pour trouver une manière de faire évoluer les esprits des hommes, les espoirs des hommes et les âmes des hommes d’où qu’ils soient, vers la paix, le bonheur et le bien-être. ». Dans ce discours, intitulé Atoms for peace, il fait miroiter une énergie quasi-gratuite, l’impossibilité absolue de tout accident, une gestion des déchets bientôt résolue. Dans le même temps, il lance un programme de dissuasion nucléaire visant à augmenter l’arsenal militaire américain.
● 1954
Le gouvernement japonais finance son premier programme de recherche nucléaire, sous la pression des États-Unis qui veulent faire du Japon un levier pour exporter leurs centrales nucléaires en Asie du sud-est. Pour "vendre" l’atome dans un pays qui a pu en observer les bienfaits "in vivo", il faut des complices : Shōriki Matsutarō, ancien criminel de guerre de rang A, est un allié de choix en raison de son anticommunisme virulent. Il dispose du réseau de diffusion Nippon Television Network (NTV), qui compte parmi ses promoteurs plusieurs conseillers de la CIA ou du NSA.
Une vaste campagne de promotion de l’énergie nucléaire est lancée, ardemment soutenue par Shōriki Matsutarō, devenu le président de la Commission nationale de l’énergie atomique. Il organise en novembre 1955 à Tokyo une exposition L’usage pacifique de l’énergie nucléaire, qui se déplacera dans plusieurs villes. On y vante les bienfaits du "nucléaire pacifiste" : applications médicales, électricité, contrôle des insectes, conservation alimentaire...
De son côté, le ministère de l’éducation développe toute une propagande pour les enfants des écoles.
● 1957
L’exposition, présentée dans le cadre de la Grande exposition de la reconstruction de Hiroshima, voit défiler 917 000 personnes dans un pavillon situé dans le musée de la Bombe A ! Tous ces efforts sont suivis d’effet : 30 % des Japonais considèrent l’atome comme « nocif », contre 70 % deux ans plus tôt. Cela permet au Premier ministre Kishi Nobusuke, ancien criminel de guerre de rang A, de commander 20 réacteurs aux fournisseurs américains.
...Vers le crépuscule nucléaire ?
À l’Est comme à l’Ouest, politiques et scientifiques se sont dans leur quasi totalité engouffrés dans la voie nucléaire, aspirés par les sommes colossales investies. Mais les risques pris pour l’espèce humaine, sans que les populations soient consultées, ont peu à peu été dévoilés, parfois par ceux qui s’y étaient investis :
● Janvier 1982
Amiral G. Rickover, devant le Congrès des États-Unis : « Il y a deux milliards d’années, la vie n’existait pas sur la Terre à cause des radiations. Avec la puissance nucléaire, nous créons quelque chose que la nature a essayé de détruire pour rendre la vie possible. Chaque fois que vous produisez du rayonnement, vous produisez quelque chose qui a une demi-vie donnée, dans certains cas pour des millions d’années. Je crois que la race humaine va se naufrager elle-même, et il est fondamental que nous ayons le contrôle de cette force horrible et que nous essayions de l’éliminer. »
Ingénieur en chef du premier sous-marin américain à propulsion nucléaire et de la première centrale nucléaire américaine, il était jusque-là le promoteur acharné de la prolifération de l’énergie nucléaire "civile" : « Vous allez me demander pourquoi j’ai développé des navires à propulsion nucléaire. Si ça ne tenait qu’à moi, je les coulerais tous… »
● Février 2016
Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) : « Le contexte en matière de sûreté et de radioprotection est particulièrement préoccupant. »
C’est qu’un désastre nucléaire, déclaré impossible en 1953, est depuis devenu possible, voire probable, notamment en France, premier pays en nombre de réacteurs par habitant. Nos réacteurs, conçus pour fonctionner 30 ans, ont pour la plupart une moyenne d’âge comprise entre 28 et 35 ans, et il est envisagé de les prolonger au-delà de 40 ans !
Pour éviter tout "désordre", l’État se prépare. Ne pouvant prendre en charge les centaines de milliers d’habitants concernés par une éventuelle catastrophe (par exemple à Nogent-sur-Seine), l’évacuation sera limitée à quelques kilomètres et l’armée sera chargée de "gérer" les populations cherchant à fuir à tout prix, seule solution de survie.
Il est prévu d’utiliser l’état d’urgence liberticide : « L’état d’urgence couvre non seulement les atteintes à l’ordre public mais aussi ce que l’on appelle les calamités publiques : catastrophes écologiques, catastrophes naturelles » (loi constitutionnelle « de protection de la Nation »), ce que confirme par Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux : « La notion de calamité publique englobe les événements d’une gravité extrême, y compris ceux dans lesquels l’activité humaine aurait joué un rôle, comme un accident dans une centrale nucléaire ».
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