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Éducation
par S. P. le 6 juin 2021

Victimes du virus Blanquer...

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Nous avons reçu la lettre suivante. L’auteure ne nous ayant donné aucune consigne quant à sa publication, nous en masquons la signature. Ce n’est donc pas de son fait, cet anonymat en contradiction avec l’avant-dernière phrase… Le Monde libertaire.




Image par Mohamed Hassan

Vos lecteurs s’intéressent sans doute au bac français ou philo. Les conditions sanitaires ont débouché sur une situation inédite ; les élèves passent une épreuve qui ne comptera pas forcément puisque le programme n’a pas pu être bouclé. C’est la note de contrôle continu qui sera retenue alors. De plus, des commissions pourront ajouter jusqu’à trois points à la note. À cela s’ajoute encore une correction de copies numérisées imposée sans concertation et par surprise à des enseignants qui n’en peuvent plus de leur année de travail sur écran. Comment trier les copies, les ranger les comparer ? Ouvrir des fenêtres en rendant les copies illisibles ?

Mon point de vue est celui d’une prof de philo dont le fils passe le bac de français : j’ai peur que la collègue qui le notera ne puisse faire son travail dans de bonnes conditions et que sa note n’ait plus de sens.
Voici le petit texte qui résume la situation :

Bac de philo : du luxe ou du toc ?
On pourrait penser que l’État investit pour les élèves : il paraît que 52 millions d’euros ont été dépensés pour mettre au point des logiciels de correction de copies numérisées ou de communication avec les élèves .
Pourtant, ces dépenses semblent contre – productives et l’on préfèrerait que cet argent serve à recruter des enseignants plutôt qu’il ne soit dépensé sans pensée.
Les professeurs de philosophie corrigent tous les ans entre 120 et 150 copies en une douzaine de jours. Le marathon des corrections va être cette année compliquée par les décisions technocratiques du ministère.
Au lieu de laisser les professeurs (français et philo) corriger les copies rédigées par les élèves, il s’agirait de numériser les copies. Le travail étant impossible à réaliser sérieusement sur le logiciel proposé sans le bâcler, les nombreuses protestations ont débouché sur une réaction encore plus loufoque des autorités : imprimer les copies numérisées.
On ne fait pas mieux dans l’aveuglement technocratique adulateur de la machine : quel gain écologique au niveau de la consommation de papier, d’électricité ? Pourquoi tant de travail supplémentaire pour les personnels chargés de numériser et d’imprimer ? Et pour quel résultat ? Imprimer un double plus pâle de copies qui existent déjà. On marche vraiment sur la tête. S’il est vrai que les logiciels Santorin, Cyclades et autres Océans ont coûté 52 millions d’euros aux contribuables pour un si piteux résultat, il serait temps de faire comprendre à ceux qui nous dirigent que l’argent des impôts n’est pas un bien à dilapider n’importe comment. En ce qui concerne la note que l’on attribuerait à Blanquer pour ce tour de passe-passe, cela frôlerait le zéro pointé.

Il y a sans doute du pour, mais il me semble peser tellement peu : ne pas se déplacer pour aller chercher son paquet. Quant aux pertes de copies, cela fait tellement exception que j’en viens au rêve des élèves : qu’un de leurs amis hacker pirate le site pour mettre 20 à ses copains.

Mes collègues m’ont raconté leur expérience lors des E3C (épreuves communes de contrôle continu : double de temps passé par rapport à une copie écrite ; mal de crâne au bout d’une demi-journée, copies parfois illisibles car mal numérisées, humeur massacrante lorsque les paquets sont plus importants, et c’est la famille qui trinque. Mes collègues ont peur d’être nommés et préfèrent rester anonymes. Cela en indique beaucoup aussi sur l’ambiance de peur dans l’école de la confiance de BLANQUER.

Bien cordialement,
S. P.




PAR : S. P.
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