Cinéma > Une femme iranienne
Cinéma
par Mireille Mercier et Daniel Pinós • le 9 octobre 2022
Une femme iranienne
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Film iranien de 2011. 1h 42 mn. Ressortie en salles le 12 octobre 2022
Au vu de la demande des exploitants et tenant compte de la situation politique et sociale en Iran, le distributeur Outplay a décidé de ressortir le film Une Femme iranienne de la réalisatrice Negar Azarbayjani le 12 octobre 2022. Par cette démarche, l’équipe d’Outplay souhaite soutenir la réalisatrice et toutes les artistes iraniennes du film.
Deux femmes que tout devrait séparer, l’une contrainte de conduire un taxi, respectueuse des valeurs traditionnelles, la deuxième, issue d’un milieu très aisé et promise à un mariage forcé, vont se croiser, se parler, s’aider, se comprendre. L’une, Irana, se bat pour payer une dette qui cloue son mari en prison et la deuxième, Adineh, issue d’un milieu aisé, intrinsèquement rebelle - on apprend vite qu’elle est trans, attend désespérément son passeport pour pouvoir quitter l’Iran. On comprend rapidement que leurs deux destins ne sont pas si éloignés. Les deux femmes sont dépossédées d’elles même, forcées de porter le voile, surveillées sans cesse par les voisins, la famille, la police. Elles se débattent pour exister dans une société où il est impossible d’échapper aux traditions et aux bonnes mœurs, où le simple fait d’ôter le foulard devient un acte politique subversif clairement anti-régime théocratique.
Negar Azarbayjani, la réalisatrice, réussie à nous faire vivre l’étouffante condition de la femme à travers ces deux personnages interprétés par deux comédiennes magnifiques et touchantes de vérité. Les regards échangés sont poignants, rien n’est inutile dans la narration de cette course vers la liberté. Les mots sont échangés dans l’urgence. Les deux femmes ne trichent pas, elles n’ont pas le temps, elles s’observent et elles vont à l’essentiel. Elles se doivent d’être fortes chacune avec son propre combat. Tout le film se construit sur cette relation d’amitié que ces deux femmes aux parcours peu communs vont tisser pas à pas, une amitié, au départ improbable, pure et combative, sans manichéisme, et c’est ce qui fait de cette histoire, on a envie de dire, une histoire universelle.
Alors, on pense à toutes les femmes aux destins sacrifiés, à celles qui osent et celles qui se battent.
On pense aux victimes anonymes et à celles qui, comme Mahsa Amini assassinée à l’âge de 22 ans par la police des mœurs iraniennes le 13 septembre dernier, meurent sous les coups d’une féroce répression.
On pense à Negzzia, réfugiée à Paris, condamnée à un minimum de 148 coups de fouet dans son pays, autrement dit condamnée à mort pour atteinte à la pudeur et à son cri pour la liberté publié aux éditions du Cherche Midi sous le titre « Dis adieu à ton corps ».
« Il suffira d’une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante. »
Simone de Beauvoir.
Mireille Mercier et Daniel Pinós
Un strapontin pour deux
Une femme iranienne. Un film de Negar Azarbayjani.
Née en 1974, Negar Azarbayjani obtient un diplôme de cinéma à l’Université d’art de Téhéran.
Elle obtient ensuite une maîtrise en Arts visuels des médias à l’Emerson College de Boston.
Elle débute sa carrière en réalisant des séries TV et en travaillant comme monteuse.
Après un rôle dans Nasl-E-Sookhte, de R. Mollagholi Poor, elle s’installe aux Etats-Unis. Elle réalise de nombreux courts-métrages. Une Femme iranienne est son premier long-métrage de fiction. En 2017, elle réalise son deuxième film, Season of Nargues.
Le film a été primé au Festival de Toronto en 2011.
Les actrices : Ghazal Shakeri (Irana) et Shayesteh Irani (Adineh Tolooyi)
PAR : Mireille Mercier et Daniel Pinós
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