Partage de la contraception
Article extrait du Monde libertaire n° 1821 d(octobre 2020
Les moyens contraceptifs développés pour les femmes consistent en : pilule, stérilet, anneau, patch, préservatif féminin ou implant contraceptif, etc. La charge mentale comprend les rendez-vous médicaux pour le suivi ou le renouvellement de la prescription, les prises de sang et les effets secondaires éventuels comme la prise de poids, l’acné, les saignements intempestifs… auxquels s’ajoutent le coût des traitements, pas toujours remboursés, et surtout la vigilance obligatoire au risque sinon d’être enceinte. Autre problème de taille : 3045 femmes ont été hospitalisées en 2012 pour embolie pulmonaire suite à la modification des méthodes de contraception dans cette période et aboutissant au retrait de la pilule Diane 35 en 2013. Il semblerait nécessaire pourtant, en cas de difficultés pour la femme avec les méthodes contraceptives disponibles, que l’homme prenne le relais afin que le couple ne se retrouve pas dans une impasse contraceptive.
Les hommes sont peu nombreux à suivre une contraception : 150 environ chaque année, sans compter les 0,8 % d’hommes en âge de procréer ayant eu recours à la vasectomie. Pourtant, deux médecins prescrivent depuis quarante années des méthodes, hormonale pour Jean-Claude Soufir, à Paris, ou thermique avec le slip chauffant, pour Roger Mieusset, à Toulouse [note] . Le principe d’une contraception hormonale masculine n’est pas nouveau, puisque testé dès 1979 à l’hôpital Bicêtre. Mais aucun laboratoire pharmaceutique n’a jugé bon à cette époque d’investir dans ce projet ! Le chemin semble long pour disposer d’une pilule, simple d’utilisation, pour les hommes alors que les recherches sur les produits pour les performances sexuelles ont bénéficié d’efforts considérables pour la mise sur le marché et de budgets colossaux pour la publicité. Coït hyper performant et natalisme priment sur l’autonomie quant au contrôle des naissances ! D’autres équipes médicales[note] essayent de développer une contraception pour homme par injection hebdomadaire d’hormones, mais peu de volontaires se pressent au portillon, et cela se comprend, le bourrage d’hormones n’est pas une solution réaliste.
Assumer son désir de non-paternité
Si une partie de la gent masculine prétend que la contraception est autant une affaire d’homme que de femme, la réalité montre que beaucoup d’hommes trouvent normal de ne pas en avoir la charge. Sans doute, se sont-ils habitués à ne pas se préoccuper de ce fardeau depuis l’arrivée de la pilule, hormis l’utilisation du préservatif, qui vise essentiellement la prévention des maladies sexuellement transmissibles et non pas la prévention des grossesses. Depuis juillet 2001, la vasectomie ou stérilisation masculine est autorisée dans l’Hexagone. L’intervention ne dure que 20 minutes, elle n’engendre pas d’effets indésirables. Seuls les spermatozoïdes sont privés de sortie. Mais notre culture latine nous colle à la peau. Notre pays est à la traîne par rapport à certains pays anglo-saxons comme la Grande-Bretagne (2 hommes sur 10) ou le Canada, et même la Chine. Si en 1935, les stérilisés de Bordeaux [note] avaient fait bouger le Landerneau libertaire, aujourd’hui le recours à la vasectomie se développe chez des hommes qui assument leur désir de non-paternité sans le relier à une option politique particulière. Ils étaient 1880 en 2010, et 9240 en 2018 soit cinq fois plus. Il est vrai que Philippe Lignières réalisait, en 2011, le film Vade retro Spermato, en réponse à une grande ignorance sur la contraception masculine, dans la population en général.
Les femmes prêtes à faire confiance ?
Partager les tâches domestiques est une chose, qui peut être largement revendiqué, partager la contraception en est une autre, tant la crainte de se retrouver enceinte au moment inopportun est grande. Les femmes pourraient alléger leur charge mentale en déléguant la contraception à leur partenaire. Mais cela exige, pour elles, une confiance absolue car cette charge permet le contrôle : « Si on lâche la contraception, on lâche le contrôle." La situation des femmes et des hommes quant à la contraception n’est pas similaire. Si le compagnon oublie de prendre la pilule, c’est la femme qui se retrouve enceinte et devra subir une interruption volontaire de grossesse. L’avortement n’est guère une partie de plaisir au point de prendre ce risque.
Et pourtant bon nombre de femmes estiment la contraception douloureuse, difficile à supporter, dénoncent le budget conséquent avec #PayeTaContraception. En avril 2019, la journaliste Sabrina Debusquat a lancé l’hashtag sur Twitter pour inciter les femmes à briser le silence autour des souffrances liées à leur contraception. Très vite, les témoignages se sont multipliés, dénonçant les effets indésirables de la pilule ou du stérilet. « Dès qu’on dit, en tant que femme, qu’on souffre de sa contraception, on se fait traiter soit de chochotte, soit d’ingrate. Cette parole, elle est étouffée. Ce n’est pas acceptable. Je veux qu’on entende la voix des femmes pour leur montrer qu’elles ne sont pas seules », explique -t-elle. Pour inciter les femmes à partager leurs histoires, la journaliste a publié une série de témoignages sur Twitter, qu’elle avait recueillis lors de l’écriture de son livre J’arrête la pilule [note] . Ces témoignages révèlent les différentes souffrances liées à la contraception, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Depuis quinze ans, les femmes occidentales se détournent de plus en plus de la pilule. Lassées de subir les effets secondaires de ce médicament puissant – dépression, baisse de libido, migraines etc. –, elles sont nombreuses aujourd’hui à refuser ces souffrances. De plus, il devient difficile de fermer les yeux sur les effets de la contraception hormonale : produit cancérigène de première catégorie, perturbateur endocrinien et véritable castration chimique, ses effets sur les femmes, leurs enfants et l’environnement sont extrêmement préoccupants. Une chape de plomb règne sur le sujet tant que la critique est inaudible.
À quand le développement et la promotion de contraceptions sans effets indésirables et qui peuvent être partagées avec le partenaire ? L’offre contraceptive est insuffisante. Les hommes doivent être aussi responsabilisés. Les partenaires doivent trouver la confiance l’un vers l’autre. Les revendications actuelles portent sur : financement d’études scientifiques pour développer des contraceptions fiables et respectant santé et environnement, et ce, tant pour les femmes que pour les hommes, information adaptée dès le plus jeune âge sur l’ensemble des moyens, partage égalitaire de la charge contraceptive. Une contraception efficace, confortable et sans hormone.
Hélène Hernandez
Groupe Pierre Besnard
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Celles de 14
1 |
le 23 novembre 2020 13:33:18 par Mélie |
Merci pour cet article très intéressant !
Il est temps de faire changer les consciences masculines !
2 |
le 23 novembre 2020 19:35:46 par Luisa |
La vasectomie chez les hommes comme hystérectomie chez les femmes sont irréversibles.
Elles sont pratiquées à juste titre dans des conditions très encadrées.
3 |
le 23 novembre 2020 20:42:07 par Luisa |
La ligature des trompes est également une stérilisation fiable pour les femmes.
4 |
le 24 novembre 2020 01:40:43 par Luisa |
Il y aura de plus en plus d’hommes qui auront recours à la vasectomie. Parce qu’un homme averti en vaut deux : entre les enfants faits dans le dos et les revenus à verser sous peine de prison, le choix est vite fait !
Pour la PMA, il faudra s’approvisionner ailleurs qu’en France et qu’en Europe pour trouver des donneurs de sperme !