Faits d’hiver

Que faire ?


Les faits.
Après les élections européennes les choses sont claires. En France, 40 % des électeurs se sont exprimés en faveur de la droite extrême et de l’extrême droite. Macron, 1er et dernier, a dissout l’Assemblée nationale, d’où élections législatives en juillet prochain. Tout le monde s’accorde à dire que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir. Alors, que faire ? Ne pas voter ou voter, et si oui, pour qui ?

Les anarchistes purs et durs et autres théologiens auto proclamés du gardiennage du temple ont le mérite d’être clairs. Ils ne voteront pas car, le vote n’étant rien d’autre que l’abandon de sa souveraineté à de soi-disant représentants ni contrôlables ni révocables à tout moment, il n’en est pas question. On peut le voir comme ça. Mais… !
Les anarchistes sociaux dont je m’honore d’essayer d’être, n’ont pas tout à fait la même approche des choses. Ils ne sont pas en désaccord avec le fait que les élections dans le cadre d’une « démocratie » bourgeoise relèvent du piège à cons. Mais, une fois qu’on a dit ça, on a tout dit, mais… Mais ça change quoi ? Cette parole biblique va être entendue par qui ? Quelques « milliers » de convaincus ? Or, sauf à penser que le peuple dont les anarchistes se disent les « représentants » est fondamentalement inapte à une révolution sociale, peut-être que nous ne faisons pas ce qu’il faudrait faire pour être entendus et compris ? La question se pose. Continuer à dire dans nos cénacles que la terre est ronde en pensant que l’évidence ne manquera pas de l’être ou, tout en continuant à dire que la terre est ronde, combattre ceux qui disent que la terre est plate ? En clair, se contenter de dire ou bien, tout en continuant de dire, agir ?
Mais revenons à nos moutons. Que faire, en France, en juillet 2024 ? S’abstenir, voir s’en glorifier ? Se couvrir de ridicule en estimant que tous ceux qui s’abstiennent sont de « vrais » anarchistes ? Voter ou appeler (message inaudible vu notre insignifiance numérique) à voter pour machin ou bidule ?
En 1936, en Espagne, lors de la campagne électorale, les millions (et oui !) de militants du mouvement libertaire se sont abstenus de faire leur habituelle campagne abstentionniste. D’où la victoire du front populaire qui a respecté le deal, à savoir la libération de 10 000 camarades emprisonnés. La suite, est-il besoin de le préciser, se discute. Comme quoi !
Bref, mais vous l’aurez aisément compris, le problème n’est pas de savoir si on est ou non anarchiste en faisant ceci ou cela, en clair voter ou ne pas voter, mais de savoir qu’est-ce qu’on fait si les fachos arrivent au pouvoir. C’est clair, c’est net, c’est précis.
En clair, point me chaut que vous votiez ou non ou que vous soyez de « vrais » anarchistes ou non. Le fascisme est aux portes du pouvoir et lui, ne fera pas de différences. En encore plus clair, le monde sera toujours divisé en deux : entre les diseurs et les faiseurs . On me pardonnera donc, tout en étant attentif à ce que disent les diseurs (en particulier anarchistes), de me préparer à faire (les anarchistes étant les bienvenus). Mais faire quoi ?
Merci de m’épargner l’indigence d’un inventaire de vieilles pétoires. C’est fini tout ça. Notre seule arme est l’intelligence politique et militaire. Je dis bien politique et MILITAIRE.
Mais c’est quoi ça ?
La réponse vous appartient.

Radio Londres Oléron le 18 juin 1939
Jean-Marc Raynaud