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par Evelyne Trân • le 30 janvier 2023

Henri CALET, un doux anarchiste

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Je suis tombée par hasard sur un livre de Henri CALET, Le tout sur le tout. Un donneur ou une donneuse anonyme l’avait déposé sur une table réservée aux dons à l’entrée de la bibliothèque de Nice.

Né à l’aube du 20ème siècle et décédé dans les années 50, après une vie très mouvementée, Henri CALET de son vrai nom Raymond-Théodore BARTHELMESS est un écrivain, journaliste, homme de radio, humaniste, libertaire. (Sources Wikipédia).
Henri Calet fait partie de ces écrivains dont le nom ne résonne guère dans les médias. Allez savoir pourquoi.

Michel P. SCHMITT qui présente Les chroniques De ma lucarne le décrit ainsi :
« Henri Calet parle une langue classique débarrassée de la cuistrerie, sa parole traque ce qui reste de la tendresse quand on sait tout du malheur. »
Difficile de décrire un style. La plume de Calet peut être très précise donc réfléchie et dépouillée mais également fluide et vive. Et il a le sens de la formule :
« Je suis un produit d’avant-guerre, je suis né dans un ventre corseté, un ventre 1900. Mauvais début. »

Pour l’anecdote, Calet est né en prison par que sa mère était emprisonnée pour un délit mineur : absence de ticket dans un bus.
Son père était anarchiste et Calet a grandi dans l’entourage de la bande à Bonnot. Ses parents fabriquaient des fausses pièces et pour les écouler achetaient des friandises au marmot qui avait appris à crier « Vive l’anarchie » !

Passons car il y en aurait trop à dire !

Voici une autre citation : « Par précaution, j’emportais toujours avec moi Paris dans une bouteille, pour ma soif ».

Si vous aimez Paris, vous plongerez avec bonheur dans les chroniques d’Henri Calet. Cela dit, si Calet avait été Lyonnais il eût aussi bien arpenté les rues de Lyon.
C’est un véritable portraitiste. Les rues et les personnes sont en symbiose sous son regard. Elles lui inspirent des réflexions souvent douces amères et teintées d’ironie.
A fleur de peau, il fait penser à un promeneur solitaire qui frotte sur l’allumette des souvenirs pour mieux faire jaillir ses impressions au présent. Souvenirs et instant s’éprennent. Chez Calet, les rues possèdent cette mémoire collective, familière et aimante (elles agissent aussi comme un aimant) qui interpellent le baladeur.
Henri Calet est un témoin de la période d’avant-guerre aux années 50. Il est proche des pauvres étant issu lui-même d’une famille pauvre. Hélas, serait-on tenté de penser, qu’est ce qui a changé aujourd’hui ?
En même temps, reste ce bonheur d’éprouver la rue comme une seconde peau, sans autre prisme que l’humeur vagabonde, tranquille et pacifique, au rythme de la marche et de la pensée libre. Cette respiration s’entend dans ses chroniques et en font tout le prix et le charme.
Calet tient à l’affirmer :
« Mais que l’on ne s’y trompe pas : je ne suis pas un de ces sauvages qui haïssent le genre humain, rien ne m’est plus doux que de me mêler à la multitude et, tout particulièrement dans le métro, le matin ou à midi, à ce qu’on nomme les heures de pointe ».

Le 30 janvier 2023
Evelyne Trân

Le tout sur le tout, De ma lucarne, et le roman La belle lurette, sont édités chez Gallimard (collection l’imaginaire)

PAR : Evelyne Trân

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1	le 31 janvier 2023 15:25:47 par patrick 42

Bien sûr Calet le libertaire discret et méconnu ....mais aussi à lire : le bouquet, le mérinos , trente à quarante et les grandes largeurs entre autres....ainsi que ça correspondance avec Raymond Guérin.....merci pour cet article : )

2	le 13 mars 2023 08:56:19 par Eyafla

Merci pour l’article. Ça donne envie de le lire. Merci aussi à Patrick pour les autres livres cités.

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