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Histoire
par Justhom (Groupe de Rouen) • le 26 mars 2017
De la démocratie capitaliste
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Depuis l’avènement du capitalisme, le patronat à toujours agi dans l’ombre des partis politiques. Il se contentait de donner ses directives à ses sectateurs, les serviteurs que sont les hommes politiques.
Il laissait ainsi croire au peuple qu’il n’était pour rien dans les décisions que les politicards prenaient. Il se donnait une sorte de virginité ! L’organisation du fonctionnement de la société capitaliste a évolué au fil des siècles mais elle s’est toujours faite en binôme. A l’époque de la royauté et de l’Empire, il y avait également l’Église et ses représentants : Dieu, le pape et les cardinaux, pour adouber et conseiller les rois et les empereurs et ainsi justifier leur pouvoir sur les peuples. Les cardinaux étaient souvent les conseillers très particuliers des rois (Richelieu, Mazarin...). Avec l’avènement de la République, il y aura les partis politiques et leurs représentants formés dans les « grandes » écoles : l’ENA (École nationale de l’administration), Polytechnique, l’École de la Magistrature… Et, tout ce petit monde, ces têtes phosphorescentes, apportent leur lumière non pas pour nous concocter une République au service du peuple comme on pourrait le croire, mais pour se mettre entièrement au service du grand capital. Voilà comment sont détournés et bafoués les grands principes de la République tels que : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Et on appelle cela la souveraineté du peuple en prétendant que c’est le peuple souverain qui décide ! Afin de donner l’illusion au peuple que c’est lui qui commande et qui choisit, les manipulateurs ont inventé un truc imparable : les élections. Le peuple choisit ses représentants à chaque échelon de la société : communal, départemental, régional, national et (ô délices de la démocratie !) le président de la République ! Or, ce tour de passe-passe perdure maintenant depuis la Révolution française car cette souveraineté du peuple, tous ceux et sans exception qui prétendent l’incarner, la bafouent sciemment et la vident de son contenu.
Ils ont inventé les élections, la mise sous tutelle du peuple
La supercherie a commencé les 13 et 14 septembre 1791, avec l’instauration du suffrage censitaire et indirect qui disait que la souveraineté appartient à la nation mais que le droit de vote était restreint… et la souveraineté du peuple lui était subtilisée au profit de la souveraineté de la nation qui est une notion totalement creuse, car la nation est une entité inexistante. Ce qui existe et vit, c’est le peuple. Dès l’instauration du système électoral, le peuple était oublié au profit des riches et des citoyens dit « actifs ». Il était inégalitaire. Les femmes étaient également exclues. Seuls les hommes de 25 ans qui payaient un impôt direct (le cens), égal à la valeur de 3 journées de travail, avaient le droit de voter. Ils sont appelés citoyens actifs. Les autres sont des citoyens passifs et ne peuvent donc participer aux élections. Le suffrage est aussi indirect car les citoyens actifs élisent des électeurs du second degré qui disposent de revenus plus élevés, qui à leur tour, élisent des députés à l’Assemblée nationale législative. Après une brève application du suffrage universel « masculin » pour élire la convention en 1792, le suffrage censitaire et indirect est rétabli par le Directoire en 1795. Il existe toujours des électeurs de premier et de second degré. Pour être électeur du premier degré, il faut payer des impôts ou avoir participé à une campagne militaire. Les électeurs du second degré doivent être titulaires de revenus élevés, évalués entre 100 et 200 journées de travail, selon le cas. Par ailleurs, pour être élu, il faut être âgé de 30 ans minimum, pour siéger au Conseil des Cinq-Cents et de 40 ans pour être au Conseil des Anciens. Comme on peut le constater, tout est mis en œuvre pour que le peuple (financièrement) ne puisse pas voter et être éligible.
En 1799, le suffrage universel « masculin » est limité. La constitution du 22 frimaire de l’An VIII (13 décembre 1799) met en place le régime du Consulat. Elle institue le suffrage « universel masculin » et donne le droit de vote à tous les hommes de plus de 21 ans, ayant demeuré pendant un an sur le territoire. Cette précision montre, si besoin en était, que même les révolutionnaires considéraient les femmes comme des citoyennes de seconde importance, tout en se méfiant de leur sens des responsabilités et de leurs analyses. Ils ne voulaient surtout pas partager le pouvoir avec des êtres qu’ils considéraient comme inférieurs. Mais, ce droit de vote est limité par le système des listes de confiance. Il s’agit d’un scrutin à trois degrés : les électeurs désignent au suffrage universel, un dixième d’entre eux pour figurer sur des listes de confiance communale ; ces derniers choisissent ensuite un dixième d’entre eux pour l’établissement des listes départementales qui, eux-mêmes, élisent un dixième d’entre eux pour former une liste nationale. Le Sénat choisit ensuite sur cette liste nationale, notamment les membres des Assemblées législatives.
Comme on peut le constater, si tous les hommes peuvent voter, il s’agit par ce mode de scrutin de faire le tri et comme il va de soi, d’éliminer le peuple « d’en bas ». Il vote : oui, mais il n’est pas question qu’il accède aux fonctions d’élu. Nous sommes déjà dans la délégation de pouvoir.
En 1815, avec le suffrage censitaire, la chute de l’Empire va permettre l’arrivée d’une monarchie constitutionnelle : la Restauration. Le suffrage universel masculin est aboli et le suffrage censitaire rétabli. Seuls les hommes de 30 ans qui payaient une contribution directe de 300 francs avaient le droit de vote. Pour être élu, il faut avoir 40 ans et payer au moins 1000 francs de contribution directe. La loi électorale du 29 juin 1820, du double vote, permet aux électeurs les plus imposés de voter deux fois. Ces mesures sont faites pour avantager les grands propriétaires fonciers, c’est-à-dire l’aristocratie conservatrice légitimiste. Encore une fois, le système électoral était inique et servait les riches aristocrates et les propriétaires fonciers. C’est bien la preuve que les politiciens au pouvoir ne sont que les serviteurs de ceux qui détiennent la richesse. Mais qui restent dans l’ombre (les patrons) car, à trop se dévoiler, c’est s’exposer aux réactions du peuple. Et, le peuple, ils le craignent.
Après la Révolution des « Trois Glorieuses » (27-28 et 29 juillet 1830), la Restauration fait place à la Monarchie de Juillet. Le droit de vote est élargi, le suffrage est toujours censitaire mais le « cens » nécessaire pour être électeur passe de 300 à 200 francs ou 100 francs pour les cas particuliers et de 1000 à 500 francs pour être élu (loi du 19 avril 1831). De même que l’âge minimum pour voter est abaissé de 30 à 25 ans et celui pour être élu de 40 à 30 ans. Enfin, la loi du double vote, qui permettait aux électeurs les plus imposés de voter deux fois, est supprimée. Malgré quelques avancées, à la lecture de cette loi, on comprend bien que le peuple est toujours maintenu éloigné du droit de vote. Le barrage de l’argent est dissuasif.
En 1848, le suffrage universel « masculin » et le vote secret : le mouvement révolutionnaire qui éclate en février 1848, met fin à la monarchie de Juillet et instaure la République. Le suffrage universel « masculin » est adopté par le décret du 5 mars 1848. Il ne sera plus remis en cause. Sauf que ce décret oublie encore une fois les femmes qui, pourtant, lors des révolutions, jouent un rôle important. Messieurs les Révolutionnaires pourquoi aviez-vous peur des femmes ? Les considériez-vous comme des êtres inférieurs et sans cervelles ? Pourtant, l’histoire a montré qu’elles y avaient toute leur place… Cette société que vous bâtissiez et que vous prétendiez être démocratique ne l’était pas. Elle boitait et c’est peut-être pour cela que les Révolutions échouent ! Sont électeurs tous les Français âgés de 21 ans et jouissant de leurs droits civils et politiques. Le droit d’être élu est accordé à tous les électeurs de plus de 25 ans et le vote devient secret. Certes, tous les Français de 21 ans pourront voter mais, quant à pouvoir être élu, il faudra appartenir à un parti politique à moins d’être un fortuné. Car, une candidature et une campagne électorale coûtent cher et si vous n’avez pas les moyens financiers, l’accès à la presse et à l’impression de profession de foi et autres tracts, vous sera quasiment impossible. Bonjour la liberté individuelle ! Dans ce cas de figure on voit se dessiner l’évolution du système électoral, en France. Oui, le peuple pourra voter mais il n’aura surtout pas le droit de prendre des décisions et, qui plus est, il ne pourra pas individuellement être candidat. Ce pouvoir-là, lui sera confisqué. Seuls les candidats présentés par un parti politique pourront accéder à une campagne électorale. Les élus ne seront pas, contrairement à ce que dit la propagande, les « représentants élus du peuple » mais les représentants des partis politiques et du patronat qui financent les campagnes électorales. Derrière ce système électoral qui se met en place, que d’aucuns présentent comme démocratique, c’est un système autoritaire et autocrate qui va émerger.
Enfin, en 1944, le droit de vote et l’éligibilité pour les femmes et le suffrage universel ont été instaurés. L’ordonnance du 21 Avril 1944 donne aux femmes de plus de 21 ans ce droit d’élire et rend ainsi le droit de vote réellement universel. Les femmes voteront pour la première fois aux élections municipales d’avril-mai 1945. 1945, c’est aussi le droit de vote pour les militaires. L’ordonnance du 17 août 1945 dispose : « Les militaires des trois armées sont électeurs dans les mêmes conditions que les autres citoyens ». Ils sont également éligibles sous certaines conditions. C’est par la lutte que les femmes obtiendront le droit de vote. Elles ont fait la démonstration (comme si cela était nécessaire) qu’elles occupaient une place prépondérante dans la société. C’est donc contraints et forcés que les politiciens machistes du moment ont été amenés à leur accorder le droit de vote. Pour atténuer ce coup donné au système patriarcal, ces mêmes politiciens ont accordé le droit de vote aux militaires, afin de rétablir la domination masculine…
1946-1956, égalité du suffrage en outre-mer : la loi du 7 mai 1946, (dite loi Lamine-Guèye) proclame « citoyens » tous les ressortissants de l’empire colonial. La loi sera inscrite dans la constitution de 1946 (article 80). Le droit de vote demeure toutefois inégalitaire (système du double collège). C’est la loi du 23 juin 1956 (dite loi Defferre) qui institue le suffrage universel et le collège unique dans les territoires d’outre-mer. Il était temps ! Car 108 ans après l’abolition de l’esclavage, les citoyens de l’empire colonial étaient toujours considérés par la métropole comme des citoyens de seconde zone.
1974, droit de vote à 18 ans ! Le président de la république Valéry Giscard d’Estaing abaisse par la loi du 5 juillet 1974, l’âge d’obtention du droit de vote à 18 ans au lieu de 21 ans. Cette loi n’est pas arrivée par hasard. Elle est due à la désaffection des citoyens pour la cause électorale. Il fallait, pour le pouvoir, compenser le taux toujours croissant d’abstentionnistes, et quoi de mieux que de donner le droit de vote aux jeunes à 18 ans. Il s’agissait de sauver « leur démocratie » et « la légitimité des élus » !
L’imposture se perpétue !
Voilà maintenant 226 ans que le droit de vote a été institué. Les citoyens et les citoyennes se sont battus pendant toutes ces années pour obtenir le droit de vote, le droit d’élire, de choisir, de décider. Mais le paradoxe, c’est que ce droit tant chéri leur ôte tous les moyens d’agir ; car dans les faits, et ils ne s’en rendent pas compte, ce sont leurs pouvoirs qu’ils délèguent bien souvent à un illustre inconnu. Ils aliènent totalement leur liberté. Voilà 226 ans que les politicards nous mènent en bateau, il faut que cela cesse !
C’est pourquoi, il y a mieux à faire que de réclamer le droit de vote et son aliénation, de s’enchaîner à un ou plusieurs maîtres en votant. Il faut s’organiser collectivement, fédérer les différents collectifs et organismes sous la forme autogestionnaire, afin d’agir sans tuteur, sans maître à penser et de bannir définitivement de notre vocabulaire le mot « vote » qui est synonyme de frustration, d’aliénation et d’usurpation de pouvoir.
Au fil des années, le système électoral a été trituré pour l’adapter aux besoins des politicards et du patronat. Surtout pour continuer à faire en sorte que les citoyens soient dépossédés de leurs possibilités d’agir eux-mêmes et de gérer leur vie, sans tuteur. Tout est mis en œuvre pour détourner les résultats électoraux. La proportionnelle est devenue une denrée rare, mais quel que soit le mode de scrutin, le mode de représentation, majoritaire à un tour ou à deux tours, uninominal... le tour de passe-passe aura lieu et se fera au détriment du citoyen. Il faut bien comprendre que le but est de mystifier l’électeur qui, s’il se laisse prendre au piège, sera systématiquement Gros-Jean comme devant. C’est ainsi que régulièrement, à dates fixes et pour différents scrutins, les politiciens appellent le peuple à exprimer sa souveraineté à coups de suffrages, de votes. En fait, le peuple, consciemment ou inconsciemment, participe à une véritable escroquerie intellectuelle. En votant, il s’aliène par la délégation de pouvoir qui est une impudente moquerie, une insulte envers lui car ceux à qui il a confié son destin, le considèrent comme incapable de se prendre en charge. Celui qu’il aura élu, ira parfois jusqu’à prétendre qu’il se dévoue, voire se sacrifie pour lui. D’ailleurs, on remarquera qu’une fois l’élection achevée, « l’élu.e. » ne dira plus Souveraineté du peuple mais Souveraineté nationale qui, au demeurant ne veut rien dire car la nation est quelque chose de subjectif qui, à la limite, n’existe pas.
La souveraineté du peuple, c’est la liberté, l’autonomie, la volonté collective. C’est cela ou ce n’est qu’un mot vide. Seulement, ces grands démocrates, n’aiment pas le peuple. Ils s’en méfient. D’où l’importance de le maintenir dans ses chaînes, qu’il se forge lui-même, en participant à son propre suicide, quand le système électoral légalise l’escroquerie que les charlatans nomment « délégation », alors que ce n’est qu’un vol en bande organisée. Le système électoral a toujours fait l’objet d’une grande attention de la part des différents types de gouvernants qui ont exercé le pouvoir, au service des aristocrates, des bourgeois, des financiers, des industriels… C’est sur cette mystification que s’est érigé le capitalisme, qui prive le peuple de sa liberté. Elle donne au peuple l’illusion que c’est lui le maître puisqu’il choisit l’élu. Alors qu’une fois l’élection entérinée, c’est l’élu qui devient le maître et c’est l’électeur qui doit obéir et se taire.
Il laissait ainsi croire au peuple qu’il n’était pour rien dans les décisions que les politicards prenaient. Il se donnait une sorte de virginité ! L’organisation du fonctionnement de la société capitaliste a évolué au fil des siècles mais elle s’est toujours faite en binôme. A l’époque de la royauté et de l’Empire, il y avait également l’Église et ses représentants : Dieu, le pape et les cardinaux, pour adouber et conseiller les rois et les empereurs et ainsi justifier leur pouvoir sur les peuples. Les cardinaux étaient souvent les conseillers très particuliers des rois (Richelieu, Mazarin...). Avec l’avènement de la République, il y aura les partis politiques et leurs représentants formés dans les « grandes » écoles : l’ENA (École nationale de l’administration), Polytechnique, l’École de la Magistrature… Et, tout ce petit monde, ces têtes phosphorescentes, apportent leur lumière non pas pour nous concocter une République au service du peuple comme on pourrait le croire, mais pour se mettre entièrement au service du grand capital. Voilà comment sont détournés et bafoués les grands principes de la République tels que : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Et on appelle cela la souveraineté du peuple en prétendant que c’est le peuple souverain qui décide ! Afin de donner l’illusion au peuple que c’est lui qui commande et qui choisit, les manipulateurs ont inventé un truc imparable : les élections. Le peuple choisit ses représentants à chaque échelon de la société : communal, départemental, régional, national et (ô délices de la démocratie !) le président de la République ! Or, ce tour de passe-passe perdure maintenant depuis la Révolution française car cette souveraineté du peuple, tous ceux et sans exception qui prétendent l’incarner, la bafouent sciemment et la vident de son contenu.
Ils ont inventé les élections, la mise sous tutelle du peuple
La supercherie a commencé les 13 et 14 septembre 1791, avec l’instauration du suffrage censitaire et indirect qui disait que la souveraineté appartient à la nation mais que le droit de vote était restreint… et la souveraineté du peuple lui était subtilisée au profit de la souveraineté de la nation qui est une notion totalement creuse, car la nation est une entité inexistante. Ce qui existe et vit, c’est le peuple. Dès l’instauration du système électoral, le peuple était oublié au profit des riches et des citoyens dit « actifs ». Il était inégalitaire. Les femmes étaient également exclues. Seuls les hommes de 25 ans qui payaient un impôt direct (le cens), égal à la valeur de 3 journées de travail, avaient le droit de voter. Ils sont appelés citoyens actifs. Les autres sont des citoyens passifs et ne peuvent donc participer aux élections. Le suffrage est aussi indirect car les citoyens actifs élisent des électeurs du second degré qui disposent de revenus plus élevés, qui à leur tour, élisent des députés à l’Assemblée nationale législative. Après une brève application du suffrage universel « masculin » pour élire la convention en 1792, le suffrage censitaire et indirect est rétabli par le Directoire en 1795. Il existe toujours des électeurs de premier et de second degré. Pour être électeur du premier degré, il faut payer des impôts ou avoir participé à une campagne militaire. Les électeurs du second degré doivent être titulaires de revenus élevés, évalués entre 100 et 200 journées de travail, selon le cas. Par ailleurs, pour être élu, il faut être âgé de 30 ans minimum, pour siéger au Conseil des Cinq-Cents et de 40 ans pour être au Conseil des Anciens. Comme on peut le constater, tout est mis en œuvre pour que le peuple (financièrement) ne puisse pas voter et être éligible.
En 1799, le suffrage universel « masculin » est limité. La constitution du 22 frimaire de l’An VIII (13 décembre 1799) met en place le régime du Consulat. Elle institue le suffrage « universel masculin » et donne le droit de vote à tous les hommes de plus de 21 ans, ayant demeuré pendant un an sur le territoire. Cette précision montre, si besoin en était, que même les révolutionnaires considéraient les femmes comme des citoyennes de seconde importance, tout en se méfiant de leur sens des responsabilités et de leurs analyses. Ils ne voulaient surtout pas partager le pouvoir avec des êtres qu’ils considéraient comme inférieurs. Mais, ce droit de vote est limité par le système des listes de confiance. Il s’agit d’un scrutin à trois degrés : les électeurs désignent au suffrage universel, un dixième d’entre eux pour figurer sur des listes de confiance communale ; ces derniers choisissent ensuite un dixième d’entre eux pour l’établissement des listes départementales qui, eux-mêmes, élisent un dixième d’entre eux pour former une liste nationale. Le Sénat choisit ensuite sur cette liste nationale, notamment les membres des Assemblées législatives.
Comme on peut le constater, si tous les hommes peuvent voter, il s’agit par ce mode de scrutin de faire le tri et comme il va de soi, d’éliminer le peuple « d’en bas ». Il vote : oui, mais il n’est pas question qu’il accède aux fonctions d’élu. Nous sommes déjà dans la délégation de pouvoir.
En 1815, avec le suffrage censitaire, la chute de l’Empire va permettre l’arrivée d’une monarchie constitutionnelle : la Restauration. Le suffrage universel masculin est aboli et le suffrage censitaire rétabli. Seuls les hommes de 30 ans qui payaient une contribution directe de 300 francs avaient le droit de vote. Pour être élu, il faut avoir 40 ans et payer au moins 1000 francs de contribution directe. La loi électorale du 29 juin 1820, du double vote, permet aux électeurs les plus imposés de voter deux fois. Ces mesures sont faites pour avantager les grands propriétaires fonciers, c’est-à-dire l’aristocratie conservatrice légitimiste. Encore une fois, le système électoral était inique et servait les riches aristocrates et les propriétaires fonciers. C’est bien la preuve que les politiciens au pouvoir ne sont que les serviteurs de ceux qui détiennent la richesse. Mais qui restent dans l’ombre (les patrons) car, à trop se dévoiler, c’est s’exposer aux réactions du peuple. Et, le peuple, ils le craignent.
Après la Révolution des « Trois Glorieuses » (27-28 et 29 juillet 1830), la Restauration fait place à la Monarchie de Juillet. Le droit de vote est élargi, le suffrage est toujours censitaire mais le « cens » nécessaire pour être électeur passe de 300 à 200 francs ou 100 francs pour les cas particuliers et de 1000 à 500 francs pour être élu (loi du 19 avril 1831). De même que l’âge minimum pour voter est abaissé de 30 à 25 ans et celui pour être élu de 40 à 30 ans. Enfin, la loi du double vote, qui permettait aux électeurs les plus imposés de voter deux fois, est supprimée. Malgré quelques avancées, à la lecture de cette loi, on comprend bien que le peuple est toujours maintenu éloigné du droit de vote. Le barrage de l’argent est dissuasif.
En 1848, le suffrage universel « masculin » et le vote secret : le mouvement révolutionnaire qui éclate en février 1848, met fin à la monarchie de Juillet et instaure la République. Le suffrage universel « masculin » est adopté par le décret du 5 mars 1848. Il ne sera plus remis en cause. Sauf que ce décret oublie encore une fois les femmes qui, pourtant, lors des révolutions, jouent un rôle important. Messieurs les Révolutionnaires pourquoi aviez-vous peur des femmes ? Les considériez-vous comme des êtres inférieurs et sans cervelles ? Pourtant, l’histoire a montré qu’elles y avaient toute leur place… Cette société que vous bâtissiez et que vous prétendiez être démocratique ne l’était pas. Elle boitait et c’est peut-être pour cela que les Révolutions échouent ! Sont électeurs tous les Français âgés de 21 ans et jouissant de leurs droits civils et politiques. Le droit d’être élu est accordé à tous les électeurs de plus de 25 ans et le vote devient secret. Certes, tous les Français de 21 ans pourront voter mais, quant à pouvoir être élu, il faudra appartenir à un parti politique à moins d’être un fortuné. Car, une candidature et une campagne électorale coûtent cher et si vous n’avez pas les moyens financiers, l’accès à la presse et à l’impression de profession de foi et autres tracts, vous sera quasiment impossible. Bonjour la liberté individuelle ! Dans ce cas de figure on voit se dessiner l’évolution du système électoral, en France. Oui, le peuple pourra voter mais il n’aura surtout pas le droit de prendre des décisions et, qui plus est, il ne pourra pas individuellement être candidat. Ce pouvoir-là, lui sera confisqué. Seuls les candidats présentés par un parti politique pourront accéder à une campagne électorale. Les élus ne seront pas, contrairement à ce que dit la propagande, les « représentants élus du peuple » mais les représentants des partis politiques et du patronat qui financent les campagnes électorales. Derrière ce système électoral qui se met en place, que d’aucuns présentent comme démocratique, c’est un système autoritaire et autocrate qui va émerger.
Enfin, en 1944, le droit de vote et l’éligibilité pour les femmes et le suffrage universel ont été instaurés. L’ordonnance du 21 Avril 1944 donne aux femmes de plus de 21 ans ce droit d’élire et rend ainsi le droit de vote réellement universel. Les femmes voteront pour la première fois aux élections municipales d’avril-mai 1945. 1945, c’est aussi le droit de vote pour les militaires. L’ordonnance du 17 août 1945 dispose : « Les militaires des trois armées sont électeurs dans les mêmes conditions que les autres citoyens ». Ils sont également éligibles sous certaines conditions. C’est par la lutte que les femmes obtiendront le droit de vote. Elles ont fait la démonstration (comme si cela était nécessaire) qu’elles occupaient une place prépondérante dans la société. C’est donc contraints et forcés que les politiciens machistes du moment ont été amenés à leur accorder le droit de vote. Pour atténuer ce coup donné au système patriarcal, ces mêmes politiciens ont accordé le droit de vote aux militaires, afin de rétablir la domination masculine…
1946-1956, égalité du suffrage en outre-mer : la loi du 7 mai 1946, (dite loi Lamine-Guèye) proclame « citoyens » tous les ressortissants de l’empire colonial. La loi sera inscrite dans la constitution de 1946 (article 80). Le droit de vote demeure toutefois inégalitaire (système du double collège). C’est la loi du 23 juin 1956 (dite loi Defferre) qui institue le suffrage universel et le collège unique dans les territoires d’outre-mer. Il était temps ! Car 108 ans après l’abolition de l’esclavage, les citoyens de l’empire colonial étaient toujours considérés par la métropole comme des citoyens de seconde zone.
1974, droit de vote à 18 ans ! Le président de la république Valéry Giscard d’Estaing abaisse par la loi du 5 juillet 1974, l’âge d’obtention du droit de vote à 18 ans au lieu de 21 ans. Cette loi n’est pas arrivée par hasard. Elle est due à la désaffection des citoyens pour la cause électorale. Il fallait, pour le pouvoir, compenser le taux toujours croissant d’abstentionnistes, et quoi de mieux que de donner le droit de vote aux jeunes à 18 ans. Il s’agissait de sauver « leur démocratie » et « la légitimité des élus » !
L’imposture se perpétue !
Voilà maintenant 226 ans que le droit de vote a été institué. Les citoyens et les citoyennes se sont battus pendant toutes ces années pour obtenir le droit de vote, le droit d’élire, de choisir, de décider. Mais le paradoxe, c’est que ce droit tant chéri leur ôte tous les moyens d’agir ; car dans les faits, et ils ne s’en rendent pas compte, ce sont leurs pouvoirs qu’ils délèguent bien souvent à un illustre inconnu. Ils aliènent totalement leur liberté. Voilà 226 ans que les politicards nous mènent en bateau, il faut que cela cesse !
C’est pourquoi, il y a mieux à faire que de réclamer le droit de vote et son aliénation, de s’enchaîner à un ou plusieurs maîtres en votant. Il faut s’organiser collectivement, fédérer les différents collectifs et organismes sous la forme autogestionnaire, afin d’agir sans tuteur, sans maître à penser et de bannir définitivement de notre vocabulaire le mot « vote » qui est synonyme de frustration, d’aliénation et d’usurpation de pouvoir.
Au fil des années, le système électoral a été trituré pour l’adapter aux besoins des politicards et du patronat. Surtout pour continuer à faire en sorte que les citoyens soient dépossédés de leurs possibilités d’agir eux-mêmes et de gérer leur vie, sans tuteur. Tout est mis en œuvre pour détourner les résultats électoraux. La proportionnelle est devenue une denrée rare, mais quel que soit le mode de scrutin, le mode de représentation, majoritaire à un tour ou à deux tours, uninominal... le tour de passe-passe aura lieu et se fera au détriment du citoyen. Il faut bien comprendre que le but est de mystifier l’électeur qui, s’il se laisse prendre au piège, sera systématiquement Gros-Jean comme devant. C’est ainsi que régulièrement, à dates fixes et pour différents scrutins, les politiciens appellent le peuple à exprimer sa souveraineté à coups de suffrages, de votes. En fait, le peuple, consciemment ou inconsciemment, participe à une véritable escroquerie intellectuelle. En votant, il s’aliène par la délégation de pouvoir qui est une impudente moquerie, une insulte envers lui car ceux à qui il a confié son destin, le considèrent comme incapable de se prendre en charge. Celui qu’il aura élu, ira parfois jusqu’à prétendre qu’il se dévoue, voire se sacrifie pour lui. D’ailleurs, on remarquera qu’une fois l’élection achevée, « l’élu.e. » ne dira plus Souveraineté du peuple mais Souveraineté nationale qui, au demeurant ne veut rien dire car la nation est quelque chose de subjectif qui, à la limite, n’existe pas.
La souveraineté du peuple, c’est la liberté, l’autonomie, la volonté collective. C’est cela ou ce n’est qu’un mot vide. Seulement, ces grands démocrates, n’aiment pas le peuple. Ils s’en méfient. D’où l’importance de le maintenir dans ses chaînes, qu’il se forge lui-même, en participant à son propre suicide, quand le système électoral légalise l’escroquerie que les charlatans nomment « délégation », alors que ce n’est qu’un vol en bande organisée. Le système électoral a toujours fait l’objet d’une grande attention de la part des différents types de gouvernants qui ont exercé le pouvoir, au service des aristocrates, des bourgeois, des financiers, des industriels… C’est sur cette mystification que s’est érigé le capitalisme, qui prive le peuple de sa liberté. Elle donne au peuple l’illusion que c’est lui le maître puisqu’il choisit l’élu. Alors qu’une fois l’élection entérinée, c’est l’élu qui devient le maître et c’est l’électeur qui doit obéir et se taire.
PAR : Justhom (Groupe de Rouen)
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1 |
le 29 mars 2017 12:04:01 par Do Prépoint |
Bravo Et merci pour cet article !
2 |
le 17 avril 2017 05:12:03 par Oblomov |
Les nations bien que créations artificielles et parfaitement remettables en cause existent