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Dans un sale État
par Jérôme Mangelieues • le 25 septembre 2022
Blanquer : un cuistre en majesté
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3e dose de chantilly
M. Blanquer alléguait dans sa déposition qu’Olivier et Christophe avaient proféré à son encontre des « injures » dont, du reste, il ne se « souvenait plus », si bien que l’accusation ne les a pas retenues, même si les prévenus admettent avoir invectivé la victime du sobriquet « Jean-Michel Blanqueroute ». L’ex-ministre, lui, sitôt ses agresseurs neutralisés, a menacé de les « virer », une assez mauvaise idée, critique l’avocate de la défense, en ces temps où 4.000 professeurs manquent à l’appel. Les deux prévenus n’ont pas poursuivi M. Blanquer en justice pour ces menaces, qui n’étaient pas, en aucune façon, des menaces en l’air : la plainte déposée par l’ex-ministre risquait de conduire à une inscription de condamnation au casier judiciaire de Christophe et Olivier, ce qui aurait compromis leur carrière. De plus, le lendemain même de « l’enchantillyonnage », les deux prévenus reçurent la visite inopinée du Directeur académique des services de l’Éducation nationale. On veut croire que le DASEN décida cette visite de son propre chef, et non sur demande de M. Blanquer, lequel avait quitté le ministère deux semaines auparavant, mais on ne peut tout à fait écarter la possibilité qu’un ex-ministre conserve un bras fort long.
Le cas de Christophe et Olivier illustre la situation : l’Éducation nationale ne défend plus ses fonctionnaires. Le hashtag « pasdevague » le montra dès 2017. Trois ans plus tard, le 25 mars 2020, en pleine mise en place de la continuité pédagogique, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, déclarait que son équipe n’entendait « pas demander à un enseignant qui aujourd’hui ne travaille pas, compte tenu de la fermeture des écoles, de traverser toute la France pour aller récolter des fraises gariguettes ». M. Blanquer aurait dû présenter sa démission, ou exiger celle de Mme Ndiaye : nul ministre digne de ce nom ne saurait tolérer pareille morgue envers ses fonctionnaires. Qu’auraient pensé les Français, qu’aurait dit Florence Parly (à l’époque ministre des Armées), si la sortie de Mme Ndiaye avait visé les soldats français plutôt que les enseignants ? M. Blanquer préféra absoudre Sibeth Ndiaye au motif qu’elle avait « présenté ses excuses ». On ne pouvait guère attendre mieux de la part d’un ministre qui ne crut pas impudent, deux ans plus tard, de présenter un protocole sanitaire depuis Ibiza, où il « teuffait », on l’imagine bien.
Quand le ministre affiche un tel dédain pour ses agents, comment s’étonner du mépris de certains parents d’élèves, et même de certains élèves, envers les enseignants ? Bien moins que le déséquilibre psychiatrique d’un malade, c’est la cabale menée contre Samuel Paty par un parent d’élève fanatisé qui causa son assassinat en 2020. Alors oui, M. Blanquer aurait dû être au tribunal correctionnel de Montargis, ce 5 septembre 2022. Cela aurait été intéressant. Pour lui.
Olivier, dans sa déclaration finale, souleva un argument qui aurait pu être plaidé jusqu’au bout : l’Éducation nationale n’est pas le seul service public à avoir subi les injures et les incompétences flagrantes de la part de ses ministres. Les situations de l’hôpital public et du ministère de la Culture ne sont plus à décrire. Quant à celle des cours et tribunaux… Combien de magistrats ont rêvé d’entarter Nicole Belloubet, qui n’estimait « pas du tout absurde » de fixer l’âge de présomption de non-consentement à seulement treize ans ? Combien de magistrats rêvent « d’enchantillyer » Éric Dupont-Moretti ?
Par son absence, M. Blanquer prouve qu’il se désintéressait de ce procès par lequel il a instrumentalisé les services de la justice. Satisfecit de celui qui a fait le buzz ? Pleutrerie ? Lâcheté ? Crainte de ramener sa bobine dans une circonscription qui lui a réservé la claque électorale qu’il méritait, et dont il conteste par ailleurs le résultat ? N’importe. Il a encombré le tribunal avec une procédure dérisoire. À mettre les administrations au service de sa personne et non de sa fonction, il s’est comporté comme ces grands du royaume de l’Ancien régime. Je m’étonne que Mme la Présidente n’ait pas conçu une ire assez vive face à pareille conduite car elle relève d’un profil, détestable, que les enseignants, tout comme les juges, connaissent bien. C’est celui des premiers de la classe qui arguent de leurs bons résultats pour faire pis que pendre en loucedé.
Un minable et un cuistre comme Jean-Michel Blanquer devrait servir de contre-modèle aux ministres actuels et futurs. Gare à la crème chantilly, messieurs-dames du gouvernement : il n’y a pas encore pénurie.
Jérôme Mangelieues
PAR : Jérôme Mangelieues
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