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Cinéma
par Christiane Passevant • le 30 mars 2016
Argentina (Zonda)
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Film de Carlos Saura
Ouverture au noir… Intérieur jour. La bande son d’ambiance urbaine s’estompe progressivement pour découvrir l’isolement d’un plateau. Le tournage se prépare, la scène, les décors, les modules métalliques, les miroirs, tout se met en place en même temps que le piano est accordé et que défile le générique…
La « marque de fabrique » du réalisateur, le lien avec les films précédents de Saura. Soudain apparaît, seule, une caméra autonome, l’objectif tourné vers le public alors que s’inscrit le nom du maître d’œuvre, du maître de la chorégraphie des saynètes et des interprétations de ce film fascinant, Carlos Saura.
« Il n’y a pas d’histoire », dit-il, « pas d’argumentaires, mais seulement des interprétations, de la mise en scène, de la lumière et beaucoup de respect de ma part. »… Place donc à l’émotion, à la réappropriation du film par le public, pour soi. Une réappropriation à plusieurs niveaux, de l’émotion à l’engagement, de la sensualité à l’humour et à la complicité. Argentina (Zonda) est un voyage dense et l’on y découvre des tableaux, des récits, des expressions et une présence multiforme de la vie et de la subversion. « L’or du patron a la couleur du sang de la mine », ou encore « Dieu déjeune à la table du patron » chante Atahualpa Yupanqui dans Preguntitas sobre Dios, tandis que Mercedes Sosa habite l’écran d’une classe d’enfant avec ce titre magnifique, Todo cambia, Tout change. Deux hommages à des artistes disparu-es ; mais aussi la mémoire populaire, l’imaginaire historique et symbolique de l’Argentine.
Zonda était le titre original du film, mais l’on a craint que le nom donné à un vent chaud qui traverse l’Argentine et embrase toute une partie du pays sur son passage ne soit pas suffisamment évocateur pour un public international. Le film de Carlos Saura est cependant à l’image du zonda, il enflamme l’écran, emporte le public avec les vagues de musiques, les textes, les voix, les rythmes, la gestuelle, les danses qui illustrent les facettes multiculturelles de l’Argentine populaire, rebelle et éternelle.
Poème flamboyant en images et en sons, Argentina/Zonda est un conte musical, un voyage sensuel, « un prisme d’images et de sons d’où émane, avec une profondeur et un regard original, une mosaïque conceptuelle et affective d’un art venu de la terre, transmis par les hommes et les femmes vivant sur ce sol étendu et pluriel » de l’Argentine.
C’est la manière de Carlos Saura de faire du cinéma et de mettre en relation, en osmose ce qu’il aime, ce dont il s’imprègne depuis l’enfance : le dessin, la peinture, la musique, le théâtre et la photographie. L’image cinématographique qu’il crée est habitée par toutes ces influences, avec naturel et spontanéité.
« Je voudrais [déclare-t-il] ouvrir des portes, des fenêtres même, et montrer à des gens d’autres pays, que ces musiques sont extraordinaires comme j’ai pu le faire auparavant avec le Fado et le Tango. »
Argentina Zonda, sur les écrans depuis le 30 décembre, est sans conteste un plaisir et un éblouissement !
PAR : Christiane Passevant
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