Dans un sale État > 14 juillet
Dans un sale État
par Anne Gilet jaune de Belleville • le 15 juillet 2020
14 juillet
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Les gilets jaunes ont l’habitude des nasses, « en marche » la plupart du temps.
Vous prenez cinq cent policiers, vous les disposez en paquets, au coude à coude, tous collés, devant, derrière, sur les côtés d’une manif de gilets jaunes à qui vous interdisez de sortir, d’avancer, de fuir. Et quand les flics, à reculons, au premier rang comme à l’école, s’arrêtent, tout le monde doit, oui, s’arrêter !
Il faudrait que personne n’accepte, qu’on les repousse, qu’on s’arque-boute contre leurs fichus boucliers qu’ils projettent sur notre ventre, qu’on pousse, qu’on pousse, et… ça va certes un poil gazer, la récompense imméritée !
Oui, il vaudrait mieux refuser, se figer carrément sur place quand ils démarrent (après nous avoir stoppés net, dans quel but, pour nous reposer ?) mais ce sont eux qui décident, leur droit, qu’ils disent.
Il faudrait que tout le monde s’arrête, s’assoit, se couche, entonne en cœur un gai refrain (« on est là, on est là ! ») et boive un coup, histoire de bâfrer sous leurs yeux pour leur dire une bonne fois toute que la manif, comme la rue, « elle est à nous »...
On en a marre.
Pas le droit, en plus, de sortir. Des petites vieilles les implorent, des hospitalières épuisées, mais non c’est non, on a des ordres qu’ils nous disent ; en fait ils ne répondent même pas et ça, forcément, ça énerve. Peut-être qu’une poubelle a brûlé, que des torches se sont allumées, on côtoie aussi des blacks-blocs et des policiers infiltrés. En tête de manif on l’a vu : arrivés face à la Bastille, sur un trajet autorisé, que se passe-t-il ? Eh bien, ils bloquent, ils refusent de laisser passer ! Ils ouvriront dans cinq minutes, dans trois heures ou demain matin, ce qu’ils décideront à leur guise ou quand le chef l’ordonnera. Bien sûr la foule s’est excitée, pour une fois a brisé la digue, ou du moins elle a essayé, et un policier est tombé sur lequel deux se sont rué. Alors ils ont gazé un max ! On pleure, on tousse et on reflue. « Salauds » entend-on partout.
La foule n’est certes pas très nombreuse, quelques milliers, venus de loin, Nice, Arles, Argenteuil, le Rouvray, où ça sanctionne parait-il. Il y a beaucoup de blouses blanches mais aussi tous les gilets noirs, et ces conférenciers, plongeurs, serveurs, eux sans pancartes, ces « intermittents » oubliés. Il y a également le DAL, Attac, la France Insoumise et les syndicats et puis, en nombre, les gilets jaunes, qui ne sont pas morts, on dirait, plus déterminés que jamais, hurlant : «Macron en prison ». Ah, ça fait du bien d’être là, on arrive de l’IGPN où on a vivement protesté même si, c’est sûr, on les invente, ces susdites violences policières, malgré tous leurs travaux pratiques, après la théorie l’action, et les grenades qui s’abattent, et les LBD qui mitraillent…
Mais je ne peux en dire plus car échaudée, gazée, éplorée, j’ai dû m’assoir sur le trottoir et finir par rentrer chez moi, la tête et la gorge enflammées. Je vais devoir me coucher.
Intermittents, précaires, hospitaliers, syndicalistes, gilets noirs, jaunes, rouges, étudiants et vous, bonnes gens en bonnet phrygien, on espère tous vous retrouver, car on est forts, et on est fiers, et radicaux et en colère !
La Bastille est toujours à prendre, la révolution n’est pas loin.
Anne, gilet jaune de Belleville
Vous prenez cinq cent policiers, vous les disposez en paquets, au coude à coude, tous collés, devant, derrière, sur les côtés d’une manif de gilets jaunes à qui vous interdisez de sortir, d’avancer, de fuir. Et quand les flics, à reculons, au premier rang comme à l’école, s’arrêtent, tout le monde doit, oui, s’arrêter !
Il faudrait que personne n’accepte, qu’on les repousse, qu’on s’arque-boute contre leurs fichus boucliers qu’ils projettent sur notre ventre, qu’on pousse, qu’on pousse, et… ça va certes un poil gazer, la récompense imméritée !
Oui, il vaudrait mieux refuser, se figer carrément sur place quand ils démarrent (après nous avoir stoppés net, dans quel but, pour nous reposer ?) mais ce sont eux qui décident, leur droit, qu’ils disent.
Il faudrait que tout le monde s’arrête, s’assoit, se couche, entonne en cœur un gai refrain (« on est là, on est là ! ») et boive un coup, histoire de bâfrer sous leurs yeux pour leur dire une bonne fois toute que la manif, comme la rue, « elle est à nous »...
On en a marre.
Pas le droit, en plus, de sortir. Des petites vieilles les implorent, des hospitalières épuisées, mais non c’est non, on a des ordres qu’ils nous disent ; en fait ils ne répondent même pas et ça, forcément, ça énerve. Peut-être qu’une poubelle a brûlé, que des torches se sont allumées, on côtoie aussi des blacks-blocs et des policiers infiltrés. En tête de manif on l’a vu : arrivés face à la Bastille, sur un trajet autorisé, que se passe-t-il ? Eh bien, ils bloquent, ils refusent de laisser passer ! Ils ouvriront dans cinq minutes, dans trois heures ou demain matin, ce qu’ils décideront à leur guise ou quand le chef l’ordonnera. Bien sûr la foule s’est excitée, pour une fois a brisé la digue, ou du moins elle a essayé, et un policier est tombé sur lequel deux se sont rué. Alors ils ont gazé un max ! On pleure, on tousse et on reflue. « Salauds » entend-on partout.
La foule n’est certes pas très nombreuse, quelques milliers, venus de loin, Nice, Arles, Argenteuil, le Rouvray, où ça sanctionne parait-il. Il y a beaucoup de blouses blanches mais aussi tous les gilets noirs, et ces conférenciers, plongeurs, serveurs, eux sans pancartes, ces « intermittents » oubliés. Il y a également le DAL, Attac, la France Insoumise et les syndicats et puis, en nombre, les gilets jaunes, qui ne sont pas morts, on dirait, plus déterminés que jamais, hurlant : «Macron en prison ». Ah, ça fait du bien d’être là, on arrive de l’IGPN où on a vivement protesté même si, c’est sûr, on les invente, ces susdites violences policières, malgré tous leurs travaux pratiques, après la théorie l’action, et les grenades qui s’abattent, et les LBD qui mitraillent…
Mais je ne peux en dire plus car échaudée, gazée, éplorée, j’ai dû m’assoir sur le trottoir et finir par rentrer chez moi, la tête et la gorge enflammées. Je vais devoir me coucher.
Intermittents, précaires, hospitaliers, syndicalistes, gilets noirs, jaunes, rouges, étudiants et vous, bonnes gens en bonnet phrygien, on espère tous vous retrouver, car on est forts, et on est fiers, et radicaux et en colère !
La Bastille est toujours à prendre, la révolution n’est pas loin.
Anne, gilet jaune de Belleville
PAR : Anne Gilet jaune de Belleville
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