éditorial du n°1744
mis en ligne le 11 juin 2014
Au Chiapas, l’État assassine toujours les zapatistes. À Barcelone, il expulse et détruit à la pelleteuse un centre social autogéré créé il y a dix-sept ans. Au Brésil, il s’efforce d’écraser dans la violence les manifestations populaires qui osent défier la Fifa et la marche de l’économie sportive. En Thaïlande, ses bottes battent le pavé des rues au rythme de la musique militaire. En Chine, il oppose des rangées de flics à ceux qui voudraient commémorer le massacre de Tian’anmen. En Ukraine, il se dispute avec son homologue russe la domination du prolétariat. Machine de guerre contre l’émancipation des peuples, solide béquille de l’économie capitaliste, irréductible défenseur des intérêts des bourgeoisies, l’État n’en finit plus de mater les contestations que le capital ne parvient pas à digérer, et ce quelles que soient les formes qu’elles adoptent. Il n’y a rien à attendre de lui, si ce n’est son abolition, laquelle ne saurait advenir sans la construction d’un mouvement social autonome, à la fois en dehors et contre les partis politiques. Depuis des décennies, le prolétariat n’a que trop remis son sort dans les mains de l’État, et s’il a parfois ainsi obtenu des révolutions politiques, le retour de bâton n’a jamais tardé et l’émancipation sociale n’est jamais venue. Tirons donc les leçons de l’histoire, et cessons de mettre notre confiance dans d’autres que nous-mêmes.