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Littérature
par Patrick Schindler le 21 mars 2021

V’là printemps et le rat noir en direct d’Athènes

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Cités à la dérive, cités oubliées, insulaires et de lointaine Afrique

+ Sous le Barnum

Ce mois-ci, le rat noir a fait le grand saut, entre l’Égypte, la Crète, l’île de Syros et les plateaux éthiopiens. Cette Égypte qui a longtemps abrité une communauté grecque ainsi que nombre de réfugiés et notamment durant les années de la seconde guerre mondiale. Cette Crète au riche passé, malmenée et aux secrets bien cachés. Syros, cette île accueillante pour les touristes, mais qui se referme comme une huitre l’hiver venu. Ces terres africaines où un personnage haut en couleur de Saul Bellow va nous faire vivre une bien curieuse aventure. Et enfin, Virginie Symaniec nous invite à voyager sous le Barnum d’une éditrice indépendante …

Les cités à la dérive de Stratis Tsirkas




Stratis Tsirkas (de son vrai nom, Yannis Hadziandreas) est né au Caire en 1911 dans une famille de la diaspora grecque installée en Egypte. En 1930, il entre en contact avec le Parti communiste et s’installe en 1938 à Alexandrie, où il se lie d’amitiés avec le poète Constantin Cavafy. En 1943, il s’engage dans le Front de libération national grec et vit la répression de l’armée de « libération grecque » des Britanniques comme une véritable tragédie dont on retrouve la trace dans Cités à la dérive. En 1955, il commence ses travaux sur Cavafy et en 1959, l’écriture du Cercle, le premier volet des Cités à la dérive qui lui vaudra son éviction du parti communiste. Tsirkas s’installe à Athènes en 1963 et après le coup d’état des Colonels de 1967, ainsi que de nombreux intellectuels, il choisit de se murer dans le silence et se consacre à de nombreuses traductions. Après la chute des Colonels, il continue à s’impliquer politiquement et signe la Charte des 77 intellectuels tchécoslovaques, mais il meurt à Athènes en 1980, âgé de 68 ans. Cités à la dérive se présente sous la forme d’une trilogie (Le Cercle, Ariane et La Chauve-souris) dont l’action se déroule durant la seconde guerre mondiale, à Jérusalem puis au Caire pour s’achever à Alexandrie en Egypte et décrit le processus qui va conduire à la guerre froide et à la guerre civile grecque.

L’action du Cercle a pour cadre la pension de famille de Frau Feldman situé dans le quartier interlope de Jérusalem où logent une palette de personnages aussi différents qu’originaux, des réfugiés de l’Allemagne nazie et des pays occupés, des juifs, des aristocrates décalés, des soldats démobilisés et autres résistants grecs. Parmi ces derniers Manos Simondis, le héros de la trilogie. Il se cache dans le grenier et dépense une énergie folle à éviter de tomber dans les pattes des fascistes grecs, des agents secrets, de l’intelligence Service et de quelques mouchards de la Cinquième colonne. Tout ce petit monde se croise, se fréquente, s’observe, s’espionne ou s’entraide selon leurs convictions ou affinités, sous l’autorité de Frau Feldman qui, elle, mange à tous les râteliers. Manos ne sort que la nuit pour rejoindre ses camarades de l’Organisation grecque communiste de résistance avec lesquels, les discussions sont souvent aussi houleuses que les décisions sont difficiles à prendre. Systématiquement critiquées ou remises en question par les chefs du parti : les « têtes coupées », comme les appellent Manos. Le remarquable tour de force de Tsirkas est de réussir à nous passionner autant par les intrigues politiques que celles sentimentales et individuelles des protagonistes, personnages aussi différents qu’attachants. Plus on avance dans le roman, plus les destins s’entremêlent.

La seconde partie, Ariane, se déroule comme déjà évoqué, au Caire. On y suit Manos qui doit faire face aux complications entrainées par la guerre et la résistance. Cette fois-ci, il évolue dans l’environnement d’Arianne, une Grecque d’Alexandrie acquise à la cause et qui l’héberge dans le quartier grec cairois, cosmopolite et véritable labyrinthe arabisé. On y croise une ribambelle de pauvres gosses naïfs mais futés, qui aident tant bien que mal à maintenir la barque d’Ariane contre vents et marées. Manos, lui, toujours en proie aux intrigues internes du parti doit se démener pour déjouer les plans des forces alliées fort peu enclines à céder la moindre parcelle aux résistants communistes dans la future Grèce d’après-guerre. On retrouve avec plaisir dans Ariane, de vieilles connaissances du Cercle.
Enfin, dans la troisième partie, La Chauve-souris, nous suivons Manos à Alexandrie tandis que les forces alliées continuent à s’entredéchirer pour garder la mainmise sur le Moyen-Orient et la Grèce, notamment le Royaume-Uni. Cela entrainant de sombres alliances de circonstance variables avec le roi de Grèce et les « libérateurs », Tsoudéros, Merkatis, etc. Les résistants communistes grecs survivent dans l’ombre, soumis aux calomnies des Anglais qui les font passer pour des rebelles. Mais tout au long du déroulé des événements historiques continue à se profiler l’histoire des protagonistes du Cercle par l’intermédiaire de Nancy, une des anciennes de la pension de Frau Feldman à la recherche de Manos. Le récit est également interrompu par des flash-backs retraçant les jeunes années de Manos et l’intrusion d’une énigmatique chauve-souris.

L’ensemble rend passionnante la lecture de Cités à la dérive, portée au sublime par l’érudition de Stratis Tsirkas, féru de littérature européenne jointe à une expression poétique pure dans ses descriptions de paysage et une précision quasi-médicale de la psychologie de ses personnages. Belles envolées lyriques dans cette immense fresque historique trempée dans les parfums orientaux environnant le plus humble de ses personnages, petits personnages qui ont eux aussi fait partie intégrante de la grande histoire…

L’île des oubliés




Victoria Hislop, dans L’île des oubliés, (éd. Le livre de poche (8,70 €), fait partir l’intrigue de son roman de nos jours à Londres. Alexis, une jeune étudiante âgée d’une vingtaine d’années, ne comprend pourquoi sa mère Sophia a toujours passé sous silence ses racines et son enfance crétoise, où elle a pourtant vécu jusqu’à ses dix-huit ans avant de se marier avec leur Anglais de père. Profitant de son voyage en Crète, elle demande à sa mère d’écrire quelques mots à une ancienne amie qui habite encore Plaka, son petit village natal. Celui-ci, pratiquement inchangé depuis la jeunesse de sa mère, a miraculeusement été épargné par le tourisme de masse. Mais elle est encore plus fascinée par la petite île de Spinalongua qui lui fait face. Abandonnée aujourd’hui, elle jouit d’une assez mauvaise réputation puisqu’elle accueillit, entre 1903 et 1957, la principale colonie grecque de lépreux que l’on isolait. Pour accéder au petit village, protégé par un rempart datant de l’occupation turque et à présent déserté, Alexis surprise doit emprunter un long tunnel. La vieille amie de sa mère va l’aider à en comprendre l’histoire, ainsi que celle de sa famille. De sa grand-mère institutrice et de son grand-père simple pêcheur, de leurs deux filles Anne et Maria qui vont connaitre un destin hors du commun. Ecrit dans un style tantôt envolé, tantôt bouleversant, on ne peut plus quitter ce roman de Victoria Hislop dès que l’on entre dans le vif du sujet et ce jusqu’aux dernières lignes, qui je dois bien l’avouer m’ont tiré quelques larmes. En effet, l’ensemble de ce récit est le fruit de longues recherches faites par l’auteur auprès d’organismes, tels, le musée de l’île, des spécialistes en dermatologie et autres associations et missions Lèpre. Ce récit est donc historique ce qui m’a été attesté par ma dermatologue grecque.

La grande chimère




M Karagatsis, de son vrai nom, Dimitrios Rodopoulos est un des romanciers grecs de la Génération des années 30, les plus célèbres. Il est né à Athènes en 1908. Il est connu pour sa trilogie, écrite sur une trentaine d’années, qui explore les difficultés d’adaptation des étrangers dans la rude et austère terre grecque, déchirée entre modernité et tradition. Le colonel Liapkine évoque plus particulièrement l’exil. La Grande Chimère est un drame bourgeois, une quête idéologique sur l’identité grecque déchirée entre antiquité et modernité. Et enfin, Junkerman, l’histoire d’un Finlandais opportuniste, descendant d’une famille aisée russe qui se retrouve en Grèce après la révolution russe et se bat avec ses démons.

La grande chimère (traduit du grec par René Bouchet, éd. Aiora) débute par l’enfance particulièrement difficile de son héroïne, Marina, à Rouen. Déchirée entre l’absence d’un père, officier en Afrique qu’elle ne voit qu’une fois par an et meurt très jeune. Et la trop implacable présence d’une mère qui, à la mort de son mari se transforme en prostituée dans leur grande maison. Celle-ci meurt également jeune. Marina se retrouve orpheline et hérite d’une belle fortune que sa mère a amassée pour elle. Elle en gardera des remords. Elle se plonge donc dans des études et se passionne pour le grec ancien et tout ce qui touche à la Grèce. Connait deux amours, l’une minable avec un ivrogne par une nuit de solitude et l’autre avec un aristocrate auprès duquel elle ne ressent rien. Puis un jour qu’elle se balade sur les quais de la Seine elle. Yorgos, le capitaine du Chimairos dans le port de Rouen. Elle s’embarque avec lui, lui donne sa fortune à placer dans une affaire de bateaux. Il l’emmène dans son île de Syros. Elle se jure de donner aux dieux qui dirigent à présent sa destinée de ceux qui ont durement éprouvé Médée, Clytemnestre, Jocaste, Phèdre. « Les dieux qui pourraient détourner avec mépris leur sublime regarde de la condition si banale, si triviale d’une Emma Bovary » Syros, cette île enchantée « où l’on compte des drames d’amour, des tragédies de la passion et où les femmes adultères, la plupart du temps, reviennent pardonnées dans le lit conjugal. » Les premiers temps après son arrivée, Marina est loin de l’idée d’adultère tant elle pense vivre enfin le grand amour avec Yannis. Ils se marient comme dans un rêve d’adolescente, Marina découvre la joie de la pêche avec les amis marins-pêcheurs de Yannis. Elle arrive plus ou moins à s’acclimater dans ce monde insulaire fermé sur le cercle familial, si ce n’est avec sa belle-mère que tout sépare. « Le pays, la race, le climat. » Marina « descendante de Vikings blonds, de féroces guerriers, rapaces assoiffés d’or et de plaisir » et sa belle-mère « une Orientale à l’âme fermée ayant dans ses veines le sang des vrais marins. Pour les premiers, la mer est un moyen, pour les seconds, une fin. » Elle s’en aperçoit comme d’une évidence lorsque Minas, son beau-frère qui fait ses études à Athènes vient leur rendre visite. « Chez ce peuple, le lien du sang est resté sacré, comme jadis. La maison et la famille lient les gens par de très lourdes chaînes, tantôt en or, tantôt en plomb. » Pourtant elle ressent quelque-chose de particulier et profond pour ce beau jeune-homme, secret, énigmatique. Lui partit, Marina s’arrange comme elle peut pour survivre, reprend ses cours de grec moderne, essaye de s’insérer dans la communauté. Les années passent, elle a une fille, Annoula. Mais un événement imprévu va arrêter le cours tranquille de sa petite vie de Madame Bovary. Yanis va devoir reprendre la mer. On retrouve dans les passages marins l’influence de Nikos Kavvadias, (grand ami de Karagatsis) auquel il semble emprunter son vécu lors de ses voyages dans l’océan Indien. Très beau passage également sur la douleur de la vie des femmes de marins. Marina sera-t-elle des leurs ou, n’arrivera-t-elle pas, tout comme Barbarale chantait, « à atteindre la vertu des femmes de marins » ? Lorsque l’on commence ce roman, on se prend à croire qu’on va lire une sous-version de Madame Bovary à l’eau de rose grecque. Mais, une fois familiarisés avec ses personnages que l’on apprend à connaître, plus on avance dans le récit, plus leur force inerrante nous pénètre. La fin du roman est on ne peut plus onirique, tradition grecque oblige. Le destin accompli, les dieux se consultent se jugent et philosophent au-dessus et en dessous des considérations humaines. Marina-Bovary ou Marina-Médée, ou bien mélange ultime de deux cultures ? … De très belles pages en tout cas.

Le faiseur de pluie




Et dire que jusqu’à présent, je vivais sans connaître le génial Saul Bellow. Comment ai-je pu passer toutes ces années ? Heureusement, mon amie Michèle V. a su tirer la sonnette d’alarme de mon ignorance. Saul Bellow est né à Lachine (Québec) en 1915 dans une famille d’immigrés juifs-russes, élevé à l’école de la rue dans ce quartier habité par des Russes, des Polonais, des Ukrainiens, des Grecs et des Italiens. Après la mort de son père, bootlegger, la famille déménage à Chicago. Son père meurt à son tour, un grand chagrin pour lui. Il entreprend ensuite des études d’anthropologie et de sociologie qu’il abandonne pour se consacrer uniquement à l’écriture. Après cinq divorces, il se mariera finalement à une ex-étudiante de trente ans sa cadette avant de décéder en 2005. Ses racines canadiennes hantent la plupart de ses grands romans tout comme son style où l’argot se mêle à la métaphysique juive.

Henderson, le héros du Faiseur de pluie (éd. Folio, traduction Jean Rosenthal) est un milliardaire qui à cinquante-cinq ans, décide un beau jour de tout quitter « ses parents, mes femmes, ses filles, ses enfants, sa ferme, ses bêtes, ses habitudes, son argent, ses leçons de musique, son alcoolisme, ses préjugés, sa brutalité, ses dents, son visage et son âme », tout quoi ! Les premiers chapitres nous explique comment il en est arrivé là, après avoir épuisé deux femmes par sa brutalité et son alcoolisme. Mais tout-à-coup, ce grand ours mal léché que l’on a tendance au début du livre à ne pas trop apprécier, prend conscience que quelque-chose cloche chez lui et ne tourne pas rond dans sa vie. Aussi, conscient d’avoir gâché les bienfaits qui lui avaient été accordés, - « Oh, mon corps, mon corps ! Pourquoi ne sommes-nous jamais devenus vraiment amis ? Je l’ai chargé de mes vices comme un radeau, comme une péniche. » - décide-t-il un jour de partir en voyage pour trouver un remède, laissant sa seconde femme, son « épouse chérie, femme irremplaçable », se débrouiller sans lui. Il décide d’accompagner deux amis à lui en Afrique. Il ne tarde pas non plus à s’embrouiller jusqu’à ce qu’il rencontre celui qui va l’emmener sur la bonne voie. Son guide africain Romilayu qui lui fait découvrir le plateau de Hinchagara en Ethiopie. Ce dernier comprend vite qu’Henderson est à la recherche de son « moi profond » et l’emmène chez Italo, le chef d’un petit village d’autochtones où des choses bizarres se produisent. Henderson, fieffé crâneur, toujours sûr de lui et plein de bonne volonté va essayer de les aider. Arrivera-t-il dans ce nouvel environnement à exorciser sa tendance à foirer tout ce qu’il entreprend avec ses idées « qui prennent toujours de la force à mesure qu’il en perd », ou continuera-t-il à provoquer des catastrophes ? En tous cas, il n’est pas au bout de ses surprises aussi bien lorsqu’il découvre la tribu des Arnewi, puis celle des Wariri. Ce voyage initiatique à l’autre bout du monde va être l’occasion pour Hendersen d’aller « jusqu’au bout de lui-même » tout en pratiquant une autoanalyse de son passé. Ce qu’il y a de particulièrement attachant dans le personnage d’Hendersen, c’est qu’il a conscience de ses défauts et fait tout avec une extrême sincérité pour les corriger. Au fur et à mesure de l’histoire, il va tenter de suivre plusieurs pistes plus ou moins foireuses et d’autant plus réjouissante pour nous, lecteurs…

Sous le Barnum de Virginie Symaniec




Barnum de Virginie Symaniec (éd. Signes et balises, 18€) est issu de sa propre histoire. Celle d’une chercheuse universitaire qui n’arrive pas à trouver sa place dans la recherche ! Laissée sur le bord du « monde du travail », elle a un jour l’idée folle de conjuguer sa passion de la littérature avec celle de l’artisanat. Elle créé alors sa propre maison d’édition indépendante qu’elle appelle le Ver à Soie en référence à sa mère d’origine ardéchoise. Elle ne s’attend pas, en se jetant dans ce projet fou, à subir un véritable parcours du combattant pour la survie de sa passion. S’apercevant bien vite qu’une fois l’auteur, le traducteur, le graphiste, le correcteur, l’imprimeur, l’Etat et le diffuseur payé, il lui reste moins de 10 % pour vivre et continuer à produire ! D’autant que comme elle l’avoue, sa ligne éditoriale émane « d’une décision parfaitement égoïste, qui peut paraître arbitraire, mais qui répond à des centres d’intérêts et de recherches qui sont les miens. » C’est dit. Ainsi naissent les éditions du Ver à Soie en 2005 « du rêve d’un petit jardin à cultiver avec tous les outils qui m’ont été imposés pendant tant d’années par le chômage et la précarité, dans l’espoir de découvrir qu’il en existe peut-être d’autres, moins difficiles à manier. Petite bouteille de créativité jetée dans des flots toujours tourmentés. » Originalité à relever : tous les livres papiers du Ver à Soie sont publiés sur des papiers de création. Certains livres-objets, comme les poèmes à planter, sont fabriqués à la main, à partir de papiers ensemencés. D’où l’émerveillement d’un gamin des Landes où le barnum du Ver à Soie est revenu planter dans une foire exposition et qui lui fait interpeller ainsi Virginie Symaniec : « Madame, madame, le poème, il pousse ! »

Pour ma part, j’ai lu Barnum « one-shot ». D’un trait. Totalement captivé dès les premières pages par la manière douce et ferme qu’a Virginie Symaniec de nous raconter son histoire ou plutôt sa passion de l’artisanat qui est né de l’observation de son grand-père Bielorussien dans son atelier, tandis qu’elle était encore une gamine. Puis, l’idée se construit, fait saroute et depuis plus d’une décennie déjà, Virginie fait tout toute seule : elle embarque son matériel, son stock et sa bonne volonté dans sa petite auto et sillonne l’hexagone de foire-expo en foire-expo, lieux où l’on rencontre vraiment le lecteur ou futur lecteur. Elle plante son stand entre deux commerçants de produits régionaux et articles de bonimenteurs : « Vendre des livres en plein air quand il gèle, vendre des livres en plein air quand il bruine dix heures de suite, ou vendre des livres en plein air lorsque le bitume fond sous les pieds et colle aux chaussures. » Son livre nous raconte en deçà de son combat pour survivre sur un marché, ses rencontres magiques, ou burlesques ou brutales avec les habitués des foires, qu’ils soient derrière ou passant nonchalamment devant les stands. Avec parfois des personnages pittoresques (on ne peut les citer toutes, elles foisonnent), ainsi ce Monsieur qui lui dit un jour : « En fait je reviens vous voir, parce comme je ne lis pas, j’ai très envie de faire un geste pour vous soutenir et j’ai donc décidé de vous acheter un livre que je ne risque pas de lire » ! Mais ce qui est touchant dans ce petit livre, c’est que Virginie n’a pas les yeux dans sa poche. Rien ne lui échappe, pas même « Ces jeunes survivants syriens qui, un peu à la manière des fantômes jettent des bouteilles à la mer, circulent entre les stands pour y déposer des citations de Tchekhov sur des bouts de papiers roses. » Et puis, portée par la faim entre deux flots de visiteurs, des rencontres avec des gens, dits anodins, comme cet épicier marocain philosophe qui lui assène des vérités sur la vacuité des choses et l’arrogance des arrivistes auxquels il donne ce bon conseil : « Mais vas-y deviens riche et célèbre. Comme ça, tu seras aussi le plus riche et célèbre du cimetière ! » Un livre d’une générosité humaine et d’une énergie communicative qui se ferme sur la dernière édition de L’Albatros de Baudelaire couché sur des graines de coquelicot avec ce message en graine d’espoir de Virginie Sumaniec : « Serait-il possible que quelque chose soit non seulement en train de pousser, mais aussi de fleurir au Ver à soie ? Fragilité apparue au croisement d’un pot de terre, d’eau, de lumière, de temps et de soin. L’anti-start-up par excellence ! » … Régénérant !

Patrick Schindler, individuel Athènes







PAR : Patrick Schindler
individuel Athènes
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