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Théories politiques
par René Berthier le 8 avril 2019

Terrorisme ou insurrectionalisme ?

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L’anarchisme que certains auteurs qualifient « de masse » se fonde sur l’idée que le prolétariat doit être mobilisé autour de revendications immédiates et que les anarchistes doivent utiliser ces mobilisations pour en faire des leviers du changement révolutionnaire – idée qu’on trouve clairement formulée chez Bakounine, notamment dans « Politique de l’Internationale » (1869) mais aussi d’une façon générale dans les débats au sein de l’AIT (1).

Les insurrectionalistes, au contraire, disent que les réformes sont illusoires, que les syndicats sont les soutiens de l’ordre dominant, que ce sont des « organisations autoritaires ». Ils préconisent les actions armées, la « propagande par le fait », de manière à susciter des soulèvements armés spontanés. Pourtant, des organisations syndicalistes révolutionnaires ont été parfaitement capables d’organiser des grèves générales insurrectionnelles : au Mexique en 1916 ; en Espagne en 1917, 1919, et 1936 ; au Brésil et au Portugal en 1918 ; en Argentine in 1919 ; en Italie en 1920.

C’est incontestablement la stratégie du terrorisme, validée en quelque sorte par le mot même « anarchisme », qui a formé l’image du mouvement dans l’esprit de l’opinion publique à la suite de la vague d’attentats et d’assassinats qui a marqué la fin du XIXe et le début du XXe siècles. On comprend mal cependant comment on peut qualifier d’« insurrectionalistes » des actes qui relèvent surtout du terrorisme individuel, qui furent réalisés dans l’écrasante majorité des cas par une seule personne. Ce n’est pas un hasard si le terrorisme anarchiste fut soutenu surtout par le courant individualiste.

À première vue, la notion d’insurrection suggère la mise en mouvement d’un nombre important de personnes. La précision exigerait qu’on trouve un mot pour désigner la pratique des attentats individuels, et qu’on réserve le terme « insurrectionaliste » à des actions réellement de masse. Mais en fait on est dans un registre tout à fait idéaliste : le qualificatif d’« insurrectionaliste » ne s’applique pas au nombre de personnes censées se livrer à une insurrection mais aux intentions de l’individu insurrectionaliste qui espère que son acte individuel déclenchera une insurrection spontanée dans les masses exploitées et opprimées. On pose une bombe à un endroit qu’on juge stratégique (un café, ou l’Assemblée nationale) et on s’imagine que les masses populaires vont se soulever. Alors que l’« anarchisme de masse » considère que les luttes partielles élèvent progressivement la conscience populaire en améliorant les conditions d’existence, et que la révolution sociale ne pourra résulter que de l’action des masses organisées, les insurrectionalistes estiment que les luttes revendicatives sont futiles et perpétuent l’ordre social existant.

A priori, lorsqu’on entend déclencher une insurrection, il vaut mieux être nombreux, et lorsqu’on est nombreux à se consacrer à la même activité, il vaut mieux être organisés. Or les « insurrectionalistes » sont opposés à l’organisation. On en vient assez rapidement à l’idée que les effectifs du courant dit « insurrectionaliste » sont extrêmement réduits, et alors on se demande bien pourquoi on prend la peine de les considérer comme un « courant » du mouvement anarchiste. Sans doute l’aspect « spectaculaire » de l’activité des hommes (rarement des femmes) qui se livraient à des attentats a-t-il contribué à leur classement dans un « courant » ?

Assimiler les attentats de la période 1890-1900 à de l’insurrectionalisme me semble doc totalement illégitime. Assassiner un chef de police responsable de la mort de plusieurs centaines de grévistes est une exécution – en l’occurrence compréhensible –, ce n’est pas un acte insurrectionnel. Assassiner 30 personnes innocentes pour réagir contre un acte qu’elles n’ont pas commis est un assassinat, pas un acte insurrectionnel. Tenter d’empoisonner à l’arsenic 200 personnes lors d’un banquet en l’honneur d’un archevêque, en 1916, ne fait pas de l’empoisonneur un insurrectionaliste, selon moi, mais un crétin. L’auteur de cet acte stupide était un cuisinier nommé Dondoglio, disciple de Galleani. S’il n’y eut pas de morts, ce n’est pas parce que le chef empoisonneur avait fait preuve de mansuétude mais parce qu’il fit du zèle et mit beaucoup trop d’arsenic, ce qui provoqua des vomissements chez les victimes. Dondoglio ne fut jamais appréhendé.

Les hommes qu’on cite habituellement comme faisant partie de ce courant – Galleani (2), Radowitzky, Di Giovanni, Ravachol, Henri – avaient sans doute de bons motifs d’agir ; c’était à l’évidence, dans la plupart du temps, la vengeance ou des représailles : mais de telles motivations ne fondent pas une stratégie. J’ai du mal à croire que cela s’inscrivait dans la stratégie d’un mouvement, ou alors chaque auteur individuel d’attentat individuel avait sa propre stratégie individuelle, ce qui n’a évidemment pas de sens. À part régler parfois leurs comptes à des salopards, et souvent assassiner des innocents, je ne vois pas en quoi cela constituait une « stratégie » ni en quoi cela faisait avancer la cause de l’émancipation du prolétariat.

Dire de ces hommes qu’ils s’inscrivent dans une « grande tradition » du mouvement anarchiste est une tromperie car ces hommes n’ont toujours représenté qu’une infime minorité du mouvement. Certains de ces hommes eurent certes des gestes héroïques :



Radowitzky exécuta un homme coupable d’un massacre d’ouvriers, et n’exécuta que lui. Kurt Wilkens tua en 1923 le lieutenant-colonel Varela, responsable de l’assassinat de 1 500 ouvriers agricoles grévistes en Patagonie – et ne tua que lui. Mais Severino Di Giovanni, auteur d’un attentat contre le consulat d’Italie à Buenos Aires, fit neuf morts. Capturé, il fut fusillé. Il est peu douteux que ces neuf morts aient fait avancer d’un pouce la cause prolétarienne – ou la cause anarchiste.

Luigi Galleani (1861-1931) est un personnage intéressant. C’était un orateur charismatique, issu des classes moyennes et diplômé de droit, partisan de l’insurrection et de la « propagande par le fait ». Il fut très actif aux États-Unis de 1901 à 1919. Son journal, Cronaca Sovversiva, eut une très grande influence parmi les émigrés italiens en Amérique du nord et du sud, en Afrique du nord, en Europe et en Australie. Il préconisait le renversement de l’État et du capitalisme par la violence, y compris l’assassinat et la dynamite. Galleani représentait un courant qui pourrait se définir comme « communisme anarchiste anti-organisation ». Considérant les réformes comme une trahison de l’idéal anarchiste (un point de vue totalement opposé à celui de Bakounine, précisons-le), il engageait ses partisans aux représailles violentes contre les ennemis du mouvement anarchiste.

Il pensait que les anarchistes n’avaient pas besoin d’organisation stable – politique ou syndicale (en opposition totale, encore une fois, au point de vue de Bakounine). Il était opposé aux programmes politiques, aux stratégies communes, aux structures formelles qui produisent de la hiérarchie et sont liées par la discipline. Il proposait des réseaux souples d’anarchistes formés de cellules fondées sur l’affinité. On pourra rétorquer qu’un réseau est une organisation, de même qu’une cellule locale, et que les insurrectionalistes se caractérisaient par un ensemble précis d’analyses et de positions stratégiques : « Si un réseau de groupes affinitaires individuels peut opérer d’une manière non autoritaire et partager des positions politiques communes, comme le pensaient les galléanistes, alors il n’y a pas de véritable raison de supposer qu’une organisation formelle doive se transformer en “véritable hiérarchie”, en organisation autoritaire ; sinon, “l’antiorganisationalisme” n’est pas non plus une solution. » (3) Ce n’est pas très clair, mais on croit comprendre qu’une organisation informelle constituée de groupes informels peut être considérée comme une organisation.

Cependant, Schmidt & van der Walt sont très clairs lorsqu’ils ajoutent que « le grand problème de l’organisation informelle est le développement de hiérarchies informelles et invisibles. En revanche, les règles formelles et les procédures précisant les responsabilités, les droits, et les rôles permet un certain degré de contrôle et de transparence et donne une garantie contre la “tyrannie de l’absence de structure”. » C’est très bien vu. De fait, bien que partisan de la liberté et de la diversité, Galleani était extrêmement intolérant envers tout désaccord, accusant ceux qui s’opposaient à lui d’être des traîtres et des espions à la solde de l’État et du Capital. Les groupes affinitaires qui se réclamaient de lui, attachés à leur autonomie, étaient divisés par d’incessantes querelles, rivalités et surenchères, chacun d’entre eux cherchant à dépasser les autres par leurs actes révolutionnaires.

Qu’est-ce qui motivait les auteurs d’attentats ? C’est la vengeance qui poussa trois anarchistes italiens, partisans de Galleani, à tenter de détruire la résidence de J.D. Rockefeller à New York en réponse au Massacre de Ludlow : les trois auteurs de cette tentative voulurent appliquer les consignes d’un manuel pour fabriquer des bombes rédigé par Luigi Galleani, dans lequel figurait une erreur, et se firent sauter avec l’engin (incident relativement fréquent chez les anarchistes, ce qui montre leur amateurisme en la matière). C’est un disciple de Galleani, Gaetano Bresci, qui se rendit en Italie pour assassiner le roi d’Italie Umberto Ier en 1900.

Vengeance encore lorsque le 9 décembre 1893 Auguste Vaillant jette une bombe à la Chambre des députés, à Paris, pour venger Ravachol. Vengeance encore lorsque le 24 juin 1894 Sante Caserio poignarde mortellement à Lyon le Président de la République, Sadi Carnot.

Je n’ai pas mentionné Sacco et Vanzetti parce qu’ils ont été exécutés sans aucune preuve contre eux, mais ils étaient très proches de Galleani. Même Schmidt & van der Walt ne semblent pas vraiment convaincus de leur innocence (4).

Citons encore Michele Angiolillo, un autre Italien qui assassina le Premier ministre espagnol en 1897 ; et Gaetano Bresci, qui assassina le Roi d’Italie en 1900. Et l’assassinat en 1901, par Leon Frank Czolgosz, du président américain McKinley : ce dernier assassinat incita les États-Unis et les oligarchies américaines réunies à la Conférence panaméricaine de 1902 à coordonner leurs efforts pour organiser une vaste offensive anti-anarchiste (et anti-ouvrière) sur tout le continent. Tout cela ne fit guère avancer la cause de l’émancipation humaine. Fonder la « stratégie » d’un mouvement politique sur la vengeance que quelques-un de ses membres tirent, à titre individuel et de leur propre initiative, contre des personnes représentant symboliquement ou non l’autorité de l’Etat, voire contre des innocents, est absurde : on ne peut tout simplement pas parler de « stratégie ».

Il y a dans le mouvement anarchiste une réelle fascination pour Ravachol, mais on oublie de dire qu’il n’a pas été condamné à mort pour ses attentats mais pour avoir assassiné dans des conditions épouvantables un vieillard de 93 ans. Quant à Émile Henri (5), c’était un jeune gars qui débarquait dans le mouvement anarchiste, qui ne connaissait pas grand-chose et qui, selon moi, souffrait manifestement d’instabilité psychologique.

Plutôt que de revendiquer Galleani et ses partisans comme de « grandes figures » liées à des « traditions importantes dans l’anarchisme » (qui a décidé qu’il s’agissait de « traditions importantes »?), il serait plus opportun de faire une analyse rationnelle, historique et contextuelle pour tenter de comprendre comment de telles dérives ont pu survenir dans le mouvement anarchiste. Galleani représente ce qui a pu arriver de pire au mouvement anarchiste : les anarchistes individualistes, au moins, se sont battus pour des revendications, qualifiées avec condescendance de « lifestyle » par les plateformistes, mais dont certaines ont eu des effets perceptibles dans la vie des gens dans des domaines tels que la lutte contre le patriarcat, la contraception, l’hygiène, la pédagogie , etc.

Je pense que l’insurrectionalisme n’a pas été un « courant » à proprement parler du mouvement anarchiste mais une déformation, comme l’individualisme. Autrement dit, il n’y a pas d’un côté l’« anarchisme social » ou « de masse », et de l’autre l’« anarchisme insurrectionaliste ». La doctrine anarchiste est un ensemble cohérent qui inclut à la fois la définition d’une activité dans les organisations de masse et dans l’organisation dite « spécifiquement » anarchiste, et qui détermine surtout les relations entre ces deux types d’organisation.

La doctrine anarchiste inclut une théorie de l’individu et une préoccupation particulière pour la question de l’individu, de même qu’elle inclut une théorie de l’insurrection comme mode d’action éventuel parmi d’autres, selon les circonstances – mais dans ce cas il s’agit réellement d’insurrection, pas d’acte individuel. Il n’y a donc pas lieu de créer un « anarchisme particulier » pour les individualistes et un autre pour les insurrectionalistes. L’insurrection est un des modes d’action de l’anarchisme, parmi d’autres, applicables lorsque les circonstances le rendent possible et nécessaire. Rien de plus. Il n’est en tout cas pas une « stratégie ». En tout cas c’est une tromperie que de qualifier d’« insurrectionaliste » des actes qui ne sont le fait que d’individus isolés.

Certaines personnes, se fondant sur des écrits d’auteurs anarchistes pris hors de leur contexte, estiment que seule l’insurrection peut conduire à une société anarchiste. En gros, l’insurrection devient le présupposé de la réalisation de la société anarchiste, elle n’est pas un des moyens envisageables en cas de révolution, elle est un point programmatique.

Bakounine avait prévenu ses amis italiens contre de telles initiatives : dans une lettre à Celsio Cerretti, il écrivit qu’« il ne faut pas que la révolution se déshonore par un mouvement insensé et que l’idée d’un soulèvement révolutionnaire tombe dans le ridicule » (6). L’« insurrectionalisme » anarchiste, c’est-à-dire l’acte de violence individuelle, n’est pas une stratégie adoptée par un mouvement, c’est le choix d’individus qui ne voient pas d’issue ailleurs que dans la violence : c’est, si on veut, une stratégie du désespoir, mais une telle stratégie n’a jamais fait avancer la cause de l’émancipation humaine.

La période des attentats anarchistes, partout dans le monde, n’eut aucun résultat positif, elle ne provoqua pas un large soutien des masses ; elle eut en revanche pour conséquence un accroissement inouï des mesures de répression étatique et conduisit à l’isolement des anarchistes et à la construction d’une image négative dont le mouvement souffre encore aujourd’hui. David Berry parle de manière remarquablement juste de « logique circulaire du martyre et de la vengeance » (7).

René Berthier

NOTES
1. Cet article est extrait d’un document plus vaste destiné à un commentaire critique des thèses de Schmidt et van der Walt dans leur livre Black Flame (AK Press).
2.  « Théoricien de premier plan de l’anarchisme insurrectionnel, Galleani pensait que toutes les réformes, y compris l’organisation dans les et au sein de communautés, étaient vaines, et que la « propagande par les faits » – des actions violents incluant l’assassinat –, était nécessaire pour éveiller les classes populaires à la révolution sociale. » (Black Flame, p. 122.)
3. Michael Schmidt et Lucien van der Walt, Black Flame, AK Press, p. 240.
4.  Voir Black Flame, p. 129.
5.  Voir : Walter Badier, Émile Henry – De la propagande par le fait au terrorisme anarchiste, éditions Libertaires.
6. Bakounine, Lettre à Ceretti, 17 mars 1872.
7. David Berry, Le mouvement anarchiste en France, 1917-1945, Éditions libertaires.
PAR : René Berthier
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