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Littérature
par Patrick Schindler le 2 août 2021

Le rat noir, du temps de Jules au temps d’Auguste

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Fin juillet, le rat noir joue à « saute-frontières ». Avec l’Anglaise Victoria Hislop, qui nous raconte les péripéties d’une famille de Thessalonique sur trois générations ; puis, en compagnie de l’Albanais Gazmend Kapllani qui nous livre ses sentiments de répulsion face aux frontières ; Nous franchissons ensuite une autre sorte de frontière avec Claude Arnaud : celle qui sépare un Proust d’un Cocteau ; Et puis, l’étonnant roman transfrontalier de Daniel Kehlmann avec les arpenteurs du monde ; une petite balade encore, avec Laszlo Krasznahorkai dans une ville de Hongrie soumise à de bien curieux phénomènes ; suivie d’un petit saut par la Bretagne à travers les grands poètes en enfin, un petit volume pour apprendre à se comporter face à une bête sauvage …

Victoria Hislop et Le fil des souvenirs




Nous avions déjà présenté Victoria Hislop, -cette écrivaine anglaise, qui a travaillé dans l’édition et les relations publiques avant de devenir romancière- dans une précédente rubrique en évoquant son grand succès : L’Île des oubliés. Dans Le fil des souvenirs (éd. Le livre de poche, 8,70€), cette fois-ci, Victoria Hislop nous transporte dans la ville de Thessalonique, héritière d’une riche histoire cosmopolite.




Le Fil des souvenirs commence par une scène qui se déroule dans la Thessalonique moderne. Mitsos, un jeune étudiant, gentil garçon, rencontre par hasard tandis qu’il sort d’une nuit de bombance, ses grands-parents, Katerina et Dimitris, assis tranquillement dans un café du front de mer. Au cours de la discussion, Mitsos leur fait part de son regret de ne pas bien connaître l’histoire de sa ville d’origine, ni celle de sa famille. Ses grands-parents l’invitent alors chez eux pour la lui raconter, mais à petites doses. Ils démarrent leur récit en pleine guerre en 1917. Nous faisons alors la connaissance de Konstantinos, un riche et odieux grossiste en tissus et de sa femme Olga, ancienne mannequin issue d’un quartier pauvre de la ville, tandis que celle-ci vient de mettre au monde le petit Dimitri (le grand-père de Mitsos). Mais quelques heures à peine après sa naissance, se déclare l’incendie involontaire qui va ravager la plus grande partie de la ville. Sans ressources suffisantes en eau, les autorités de la ville impuissantes vont laisser le feu détruire en trente-deux heures, 9 500 bâtiments, laissant 70 000 personnes sans abri. « La mort d’une ville ». Pendant que Konstantinos essaie de reconstruire son empire textile disparu, Olga trouve refuge avec le petit Dimitri dans la rue Irini au sein du quartier cosmopolite où elle a vu le jour dans lequel chrétiens, juifs et musulmans vivent en bonne harmonie. Nous suivons parallèlement les aventures de Léonidas, le beau jeune frère de Konstatinos, après le démantèlement de l’Empire ottoman dû au Traité de Lausanne en 1923, qui va déclencher -après un incendie, volontaire celui-ci et responsable de 2 000 morts- le déplacement des 400 000 Micrasiates (Grecs d’Asie Mineure) survivants à trouver refuge dans une Grèce déjà affaiblie par la guerre. C’est dans cette Smyrne ravagée que nous faisons la connaissance de Katerina (la grand-mère de Mitsos) qui, toute gamine, réussit après l’incendie à s’embarquer pour Thessalonique où elle va faire la connaissance de Dimitri. Voilà pour l’intrigue de départ.

Nous suivons ensuite le destin de Dimitri et Katerina qui vont traverser ensemble bien des péripéties de l’histoire grecque, de la montée de l’antisémitisme de l’entre-deux guerre à l’occupation allemande et à la déportation de 95 % des juifs saloniciens puis à la guerre civile et la junte des colonels. Malgré un dénouement un peu à l’eau de rose, -mais qui fait partie de la « marque » Victoria Hishop-, la qualité de la fresque historique en toile de fond fait largement passer ce petit défaut « maison ». Une excellente occasion pour les lecteurs qui ne connaissant pas bien l’histoire de la Grèce d’y être intelligemment introduits !

Gazmend Kapllani et son Petit journal des frontières




Gazmend Kapllani, est né en 1967. Il fuit son Albanie natale en 1991, pour s’installer en Grèce, forcé de quitter ce pays dans lequel il vivait depuis plus de vingt ans, à cause des menaces et du harcèlement qu’il subissait de la part de militants d’extrême-droite. Mais son arrivée en Grèce ne fut pas sans déconvenues, dans un pays au passé tumultueux et plutôt enclin à la xénophobie, notamment envers les musulmans, pratiquants ou non. Thème développé dans son plus récent roman Le Pays des pas perdus que nous avions présenté dans une précédente rubrique. Mais avant celui-ci, Gazmend Kapllani avait déjà écrit en 2006, son Petit journal des frontières, retraçant l’histoire de son exil en 1991.




Dans ce Petit journal de bord des frontières (éd. Intervalles, 19€) Gazmend Kapllani raconte donc l’histoire d’un jeune migrant albanais, (lui-même), qui a cru que la Grèce était un pays accueillant. Mais quel pays peut-il en fait, se définir comme « accueillant » ? D’aucun seraient tentés citer spontanément, le Canada, l’Australie, voire la France. Ces derniers le sont-ils vraiment, sinon pour des raisons purement économiques ? La soi-disant tradition d’accueil ne relevant plus que du mythe. C’est toute la problématique développée dans ce petit livre qui touche à l’essentiel, tout en sensibilité, tout en retenue car chaque pays a ses frontières, son histoire. L’Albanie aussi, mais une histoire compliquée. Gazmend Kapllani nous explique en exergue, comment depuis la fin des années 40 jusqu’à sa mort, le dictateur Enver Hoxha qui refusa la déstalinisation, se fâcha avec l’URSS et alla chercher secours auprès de la Chine communiste. Il fut surtout responsable à l’intérieur du pays, de 8 000 condamnations à mort et de l’emprisonnement de milliers de personnes dans des camps. Sur presque trois générations, trois millions d’Albanais vécurent l’enfer au quotidien, enfermés à l’intérieur de leurs frontières infranchissables, souffrant d’une incurable claustrophobie. Nous allons la vivre à travers son héros, dont certains passages sont loin d’être dénués d’humour (noir). Avec une seule obsession : fuir. Fuir n’importe comment. Clandestinement. Au danger de sa vie. On suit alors cette fuite de Gazmend Kapllani tandis qu’en 1991, les frontières sont enfin officiellement ouvertes. La fuite devient alors un phénomène de masse. Mais quel accueil les attend l’autre côté de la frontière grecque ? Un véritable parcours du combattant lequel nous sommes invités à suivre au jour le jour.

Le charme de ce petit livre réside surtout dans la description de ses compagnons de voyage, de ses passages absolument délicieux où l’on suit entre autres leurs fantasmes de jeunes hommes. Jeunes migrants dont les Grecs n’arrivent pas même à prononcer le nom de famille. Le racisme omniprésent et qui explose dans des formules indécentes à la Une des journaux locaux « Tout augmente même les Albanais » ! La peur de la police, etc. Dans l’épilogue, Gazmend Kapllani parvient à nous faire cependant rêver. Rêver un autre monde qu’il ose imaginer. Un monde idéal : sans frontières ! Petit journal de bord des frontières, un petit livre magnifique que devraient lire tous les Grecs et plus généralement tous les xénophobes !

Proust contre Cocteau de Claude Arnaud




Claude Arnaud nous livre cette magnifique biographie de Proust contre Cocteau (éd. Arlea, 9€) menée avec grand enthousiasme. Dans un style fluide et doté d’une solide argumentation. Jean et Marcel, donc. D’un côté Marcel Proust, l’aîné de 18 ans, avec « sa gentillesse collante », sa délicatesse exacerbée, ses réflexions alambiquées, « sa sensibilité asphyxiante ». Comme nous le décrit encore l’auteur : « Ce fils abusif qui empêcha sa mère de cesser de le couver ». Marcel, que les jeunes filles en fleur moquent, que ses amis évitent, ainsi que ses désirs louches. Ce « tyran affectif » qui ne quittera l’appartement familial qu’un an après la mort de sa mère en 1905, alors qu’il a déjà trente-cinq ans passés. Vivant le deuil de sa mère, « sa seule passion à s’en rendre définitivement malade » avant de s’immerger totalement dans l’écriture. Ce Marcel que l’antisémite Maurice Barrès définit si méchamment de « poète persan dans une loge de concierge » ! Et de l’autre côté du miroir, Jean Coteau, le cadet, « dont toutes les fées sociales et esthétiques se sont penchées sur son berceau à sa naissance en 1989. » Ce Cocteau, tout jeune déjà si doué en tout, qui répond quand on lui demande ce qu’il veut faire plus tard : « Ingénieux ». Cocteau qui, lui, devient le « petit mari » de sa mère quand son père meurt et la suit partout dans le monde. Cette mère qui, par bienséance et largeur d’esprit, fait semblant de ne pas voir l’inversion de son « cher fils prodige ».
Ce Cocteau qui, selon Claude Arnaud, ne se souvint jamais de la première fois où il avait rencontré Marcel Proust. Une relation qui allait pourtant durer une bonne douzaine d’années. On peut imaginer que cette rencontre eu lieu grâce à la garde rapprochée de Marcel Proust, c’est-à-dire de Reynaldo Hahn, ce « musicien chéri des salons », ou de Lucien Daudet ce « bellâtre snob et masochiste ». Tous les deux admirant autant Cocteau et que Proust.

Peu importe, car ensuite, Claude Arnaud nous entraine dans sa biographie originale au plus profond de l’intimité qui lie ces deux génies, bien que tellement différents, s’admirent et se font mutuellement rire aux larmes, notamment en vitupérant les travers des gens du monde. On suit ainsi un Proust qui n’a de cesse de mettre en garde le jeune Cocteau contre « son désir de plaire à tout prix » et de briller aux yeux du « Tout Paris ». Jalousie exacerbée d’un Proust qui pourtant ne fait que ça dans ses écrits ? C’est à toutes ces questions concernant leurs rapports en dent de scie que l’auteur essaie de répondre. Sans nous épargner quelques scènes hilarantes, notamment lorsque les deux complices se rendent au Louvre pour admirer et commenter le Saint Sébastien de Montegna. Ou lorsque Marcel lit, « entre deux quintes de toux et deux infusions », à Jean dans une « frénésie désorganisée et en toute fausse modestie », des morceaux de la future Recherche. D’ailleurs, se demande encore Claude Aranud, Cocteau l’a-t-il seulement lu ? Autant de chapitres remplis de rebondissements, tous aussi passionnants les uns que les autres. Un livre incontournable pour nous faire découvrir de nouvelles facettes de ces deux génies égocentriques. Un véritable plaisir… des jours !

Daniel Kehlmann et Les Arpenteurs du monde




Daniel Kehlmann est le fils du réalisateur Michael Kehlmann et de l’actrice allemande Dagmar Mettler. La famille s’installe en 1981 à Vienne. Daniel Kehlmann y étudie la philosophie et la littérature et commence une thèse sur le thème du sublime chez Kant avant de se consacrer à l’écriture de romans. Les Arpenteurs du monde lui amène le succès en 2007. En 2012, Detlev Buck l’adaptera dans Die Vermessung de Welt.




Les Arpenteurs du monde (éd. Babel, 8,70€) nous transportent en l’année 1828. Alexander von Humboldt invite à Berlin, Carl Friedrich Gauss, le plus grand mathématicien allemand, qui âgé et désabusé par la vie, se montre récalcitrant à se rendre à ce rendez-vous. La première scène du roman qui décrit la rencontre de ces deux grands chercheurs est des plus désopilante et délicieuse. Elle nous plonge d’entrée dans un monde qui en plein Directoire à Paris, ne fait que découvrir les prémices de la science moderne. Le ton est donné. Les chapitres suivants nous font découvrir alternativement l’enfance et l’adolescence plus qu’originales des deux héros. Tout d’abord celle d’Alexander qui très jeune déjà, se passionne pour toutes sortes d’expériences scientifiques et va être amené à croiser les grands génies du siècle, Kant, Schiller et même Goethe. Alexander qui veut « tout voir, tout mesurer et tout comprendre ». Sur son chemin, il croise un médecin rochelais, Aimé Bonpland qu’il entraîne dans ses aventures sur une simple gageure. Et les voilà parties ces deux têtes brûlées n’ont peur de rien. Petit passage par l’Espagne avant de pouvoir s’embarquer vers les nouvelles colonies. Passons quelques chapitres dans lesquels on nous montre à Trinidad puis en Nouvelle Andalousie (Mexique), un insatiable Alexander totalement hermétique au charme des femmes indigènes, mais beaucoup plus attentif à « tout ce qui n’a pas assez de pattes ou pas assez peur pour se sauver ». Et qui traîne toujours derrière lui le nonchalant Bonpland dans nombre d’aventures, notamment en Amazonie où ils vont pour satisfaire les lubies d’Alexander, devoir affronter bien des dangers, (moustiques, serpents, fauves, cannibales, hallucinations, divagations) et ce jusqu’au but : l’ascension du Chimborazo au Paraguay. Cette partie du roman jusqu’à leur retour épique en Europe est véritablement irrésistible. Comme nous l’avons dit plus haut, en alternance, nous découvrons l’enfance du second héros, Carl Friedrich Gauss. Ce dernier passe sa jeunesse dans un milieu humble de Brunswick en Basse-Saxe, entre un père jardinier et une mère illettrée qu’il adule, « surtout quand il est malade » ! Mais, dès ses huit ans, ses maîtres stupéfiés découvrent ses dons pour les sciences et plus particulièrement pour les mathématiques. Contrairement à Alexander, lui déteste voyager (une perte de temps !). De fil en aiguille et en anecdotes délicieuses, n’étant pas riche, nous allons le suivre dans son métier d’arpenteur, puis dans sa vie familiale, notamment par ses dialogues intérieurs qui sont autant de petites merveilles.

Après d’aussi longues que ludiques digressions, dans les derniers chapitres du livre, nous retrouvons nos deux héros à Berlin, là même où nous les avons découverts dans le premier chapitre. Vieillis mais fondamentalement inchangés. Que peuvent bien avoir à se dire deux grands génies quand ils se retrouvent face-à-face ? Autant encore de délicieux moments pour nous. Ce roman magique est un petit bijou qui nous présente deux personnages, vivant chacun dans son propre monde, hors du temps et des hommes. Pas une seule page sans quelques stupeurs ou fou-rires. Une parfaite réussite à déguster par temps maussade !

Laszlo Krasznahorkai et La Mélancolie de la résistance




Fils d’un avocat et d’une fonctionnaire, Laszlo Krasznahorkai est né en 1954 à Gyhula, en Hongrie. Il termine ses études de droit à l’université de Szeged. Il publie sa première nouvelle en 1977 et devient pour un temps éditeur, puis abandonne le métier pour entièrement se consacrer à la littérature. En 1985, il publie Le Tango de Satan, son premier roman et commence une fructueuse collaboration avec le cinéaste Béla Tarr. La consécration de Krasznahorkai, arrivera avec la parution de La mélancolie de la résistance en 1989. Il vit aujourd’hui entre la Hongrie, la Chine et le Japon.




Pour s’immiscer dans l’univers de La mélancolie de la résistance (éd. Folio) de Laszlo Krasznahorkai, il faut se dégager de tout à priori. Dès les premières lignes, nous sommes plongés dans un monde où tout devient incertain. Embarqués avec l’héroïne, Madame Pflaum qui revient d’une visite chez des cousines, dans un train de seconde zone au pied des Carpates avec ses wagons « aux relents de saucisson à l’ail, la mauvaise eau de vie mélangée et le tabac bon marché. » C’en est beaucoup à supporter pour Madame Pflaum, mère d’un fils, Jonas, idiot du village, qu’elle a foutu à la porte de chez elle « parce qu’il a toujours la tête dans les étoiles ». Après un pénible voyage, elle réussit à regagner son village. Mais dans celui-ci, l’incertitude ne fait que se développer au sein « d’un monde sens dessus-dessous, où la justice et la paix semblent exclues à jamais ainsi que toute forme de rationalité. » Seul refuge pour Madame Pflaum : son petit appartement rempli de bric et de broc. Mais sa quiétude chèrement retrouvée va bientôt être dérangée par la visite impromptue de celle qu’elle considère comme son ennemie personnelle : sa voisine Madame Eszter. Affolée elle vient lui annoncer l’arrivée en ville d’une troupe de cirque ambulant qui présente dans le village « la plus grande baleine géante du monde ». Arrivée qui a mis le village en ébullition. Que vient faire un cirque dans ce village déjà voué au cahot ? N’en révélons pas plus.

C’est à travers les yeux et les délires de Jonas, l’idiot du village et de son seul ami, Mr Ester que nous allons découvrir les dessous de l’affaire. Et cela nous promet de belles scènes hallucinées, absurdes. Tantôt obscènes, tantôt bourrées de naïve poésie. Mais toutes saupoudrés de magnifiques pensées philosophiques, philarmoniques et théoriques. L’univers de Laszlo Krasznahorkai est définitivement unique. Parfois assez proche d’une dynamique nietzschéenne sur une toile de fond kafkaïenne. En tous cas, c’est celui d’un grand bonhomme !

B comme Bretagne





B comme Bretagne
(éd. L’aube, 12€) est un petit ouvrage présenté sous la forme d’abécédaire littéraire de la littérature consacrée à la Bretagne. Une sélection d’auteurs en étant natifs ou l’ayant aimée, la majorité d’entre eux aux 19 et 20èmes siècles. Il s’adresse aussi bien aux amoureux de l’Armorique qu’à ceux qui n’en ont pas encore percé les beautés et les secrets. Quelques morceaux choisis. De Sarah Bernardt qui passa sa petite enfance en nourrice à Quimperlé où elle ne parlait que le breton. Costumes : « Les femmes, avec leurs jupes courtes laissant voir leurs chevilles menues sous le bas noir, avec leur petite tête sous les ailes de la cornette, ressemblaient à des mouettes » / D’Alphonse Daudet qui fit plusieurs séjours en Bretagne, à Piriac, puis à Quiberon. Goémon : « Lorsque le vent souffle, les algues courent en bruissant le long de la plage, et aussi loin que la mer se retire sur les rochers, ces longues chevelures mouillées se plaquent et s’étalent » / D’Yves-Marie Le Guilvinec, pêcheur de morue, admirateur de la Commune de Paris. Marin : « Tous les chanteurs ne sont pas marins. Tous les marins sont des chanteurs » / D’Octave Mirbeau, l’auteur du Journal d’une femme de chambre. Mouettes : « Et les mouettes passent, s’élèvent, plongent, rasent l’eau qu’elles battent de leurs ailes, emplissent l’air de leurs cris, ou bien se laissent mollement bercer par le flot qui monte » / De Stendhal, auteur du Rouge et le Noir. Ouessant : « La tempête et les dangers s’y montrent presque tous les jours, et ces marins si braves passent leur vie tête à tête avec leur imagination ». Arrêtons-nous là, afin de ne pas trop déflorer les autres perles des mers bretonnes qui coulent tout le long des pages et autres algues de ce petit livre…

Que faire face à une bête sauvage, avec Joëlle Zask




Dès son avertissement dans les premières pages de ce petit recueil (éd. Premier Parallèle, 9€), Joëlle Zask nous prévient : « Tandis que les animaux sauvages s’ajustent rapidement à des conditions de vie parfaitement nouvelles. C’est s’ajuster à ce que les animaux savent de nous ; et c’est remettre en question la place que nous accordons aux humains parmi eux. » Nous voilà donc prévenus. Et tout au long de ces cent-soixante-dix pages, nous allons apprendre à nous comporter devant des corneilles, sangliers, chiens errants, rats et autres moustiques. Quelques exemples parmi ceux-ci. Ces corneilles omnivores de plus en plus nombreuses aujourd’hui dans nos grandes villes et qui se nourrissent dans nos poubelles mal fermées et n’hésitent pas parfois à s’attaquer aux humains, en Inde, à Vancouver et même à Paris. Comme pour tous ces animaux sauvages évoqués, Joëlle Zask nous apprend quel comportement adopter en cas d’attaque et comment apprendre à vivre avec elles. Ainsi en est-il des sangliers qui aujourd’hui, chassés pour plusieurs causes de leurs forêts viennent, encombrants envahisseurs, se réfugier aussi bien à Mont-de-Marsan qu’à Barcelone, Berlin, Haïfa, Houston, Rome, Singapour ou Hong-Kong et n’hésitent pas dans certaines conditions à charger des humains. Pour ce qui concerne encore les chiens apprivoisés, s’ils ont la réputation d’être les meilleurs amis de l’homme, des milliers sont abandonnés par leurs maîtres et livrés à eux-mêmes, certains sont « divagants » (ils se déplacent ici et là en attendant de retrouver leur maître, d’autres errants (sans maîtres et vivent de façon opportuniste, s’accommodant de reste, d’autres encore « féraux » qui, comme les dingos en Australie, deviennent tout à fait sauvages. L’ours à présent « compagnon idéal des enfants » mais durant des millénaires, considéré comme le pire ennemi de l’homme. Ils ne sont guère plus d’un million dans le monde. Mais n’oublions pas que l’ours est un animal dangereux avec lequel, comme nous l’explique Joëlle Zask, « Il va falloir apprendre à coexister ». Les rats qui sont 32 millions dans le monde se sont faits eux de plus en plus intrépides dans les grandes villes qui, livrées au confinement les ont fait sortir de plus en plus de leurs trous à la recherche de subsistance. Enfin, « last but not the least », le moustique qui est apparu, cette sale bête il y a 245 millions d’années et dont il existe 2 500 espèces à travers le monde « qui sont responsables d’un million de morts par an, soit deux fois plus que le nombre de morts dont l’homme, qui arrive en deuxième position dans le palmarès des espèces meurtrières, est responsable » ! Ces moustiques qui, cela a été prouvé ne transmette pas le sida comme il a été indûment prétendu mais qui nous gâchent souvent la vie dans les moments les paysages les plus délicieux, dont il est pratiquement impossible de se débarrasser (l’auteur fait un long déroulé à ce sujet) et dont on apprend au passage, qu’il a été responsable ou co-responsable entres autres, de la mort d’un Alexandre le Grand ou d’un Caravaggio !

En substance, Joëlle Zask conclue que qu’elles que soient les espèces sauvages avec lesquelles nous avons à cohabiter à présent dans nos espaces urbains, il nous faut appliquer ce petit conseil bien utile : « D’une manière générale, en cas de confrontation avec des animaux sauvages urbains, nos réactions primaires sont mauvaises conseillères. Seules les réactions secondaires, apprises, transmises, fondées sur des études et des comparaisons permettent d’envisager une issue heureuse. » A bon entendeur…

Patrick Schindler, individuel FA Athènes











PAR : Patrick Schindler
individuel FA Athènes
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le 13 août 2021 15:50:33 par max pelgrims

"Face à une bête sauvage" me tente bien. heureux de retrouver tes éditos après une escapade en Normandie, région dans laquelle je fus confronté à des hirondelles, mésanges, oies sauvages, des cigognes, mouettes, goelands, méduses tropicales, crevettes, coques, crabes, moustiques, poules, vaches, moutons, taureaux, chevaux... j’en passe et des meilleurs sans fin.