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par DAF le 3 novembre 2019

Ancien article : L’État c’est le coup d’État, la Révolution c’est la Liberté

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Article à la une du 27 octobre 2016

Le coup d’État, une réalité constante liée au rôle de l’État dans le contexte géopolitique ‎présent depuis le coup d’État militaire de 1980, a resurgi après 36 années, dans la nuit du ‎‎15 juillet. Beaucoup de bâtiments publics ont été bloqués quelques heures pendant la ‎mobilisation des militaires à Istanbul et Ankara. Le coup d’État a démarré avec des ‎passages d’avions de combat à Ankara et le blocage de ponts à Istanbul par des soldats, ‎et s’est poursuivi par la prise en otage du chef d’état-major et les fracas de tanks et de ‎coups de feu dans les rues.

Beaucoup de bâtiments publics ont essuyé des tirs d’avions ‎F16 et d’hélicoptères, y compris l’immeuble du parlement et le quartier général de la ‎National Intelligence Organisation (Services nationaux du renseignement) ; on entendait ‎à beaucoup d’endroits des échanges de coups de feu entre soldats et policiers, la ‎télévision d’État a été interrompue et une déclaration des putschistes signée « Peace at ‎Home Council » (expression reprise des mots célèbres de Mustafa Kemas Atatürk : Peace ‎at Home, Peace in the World) a été lue. Quand le « Coup d’État de 5 heures » s’est ‎terminé, plus d’une centaine de soldats, plus de 80 policiers et plus de 80 manifestants ‎opposés au coup d’État ont été tués, 2839 militaires, dont beaucoup de gradés, ont été ‎placés en détention.‎

Pendant cette période de 36 années, le coup d’État militaire en tant qu’outil d’oppression ‎politique, de violence et d’élimination de personnes, a été utilisé comme une menace par ‎l’armée à maintes reprises. Aucun doute, pour nous, coup d’État signifie torture, ‎élimination et massacre de personnes dans le contexte géopolitique de ces périodes. Il ‎est évident qu’une structure qui tire son pouvoir des massacres qu’il commet, continuera ‎à commettre d’autres massacres au nom de la « protection de l’unité indivisible du pays ». ‎Le récent coup d’État résulte d’une lutte entre différents groupes de pouvoir au sein de ‎l’État. Peut-être, l’existence cachée de groupes de pouvoir en dehors de l’État élargit plus ‎largement cette explication. Cependant, il ne fait aucun doute que ceux qui ont renforcé ‎leur pouvoir à l’issue de ce « Coup d’État de 5 heures » sont le gouvernement actuel et le ‎chef de l’État.‎
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La nuit du coup d’État s’est transformée en une « vacance de la ‎démocratie » pendant que le pouvoir d’État reprenait le contrôle. Le parti au pouvoir, l’AKP, ‎a gagné le titre de « rempart au coup d’État » grâce à sa victoire sur les putschistes, ‎renforçant sa légitimité liée au fait d’avoir été « bien élu ». Durant la nuit, toutes les ‎chaînes de télévision ont fait des émissions pour accompagner cette victoire et ont fait de ‎la propagande pour diffuser l’illusion que la démocratie s’incarnait dans Tayyip Erdogan. ‎Cette propagande a aussi été diffusée en continu par les médias de l’opposition. Dans ce ‎combat pour le pouvoir d’État, non seulement les médias se sont rangés au coté de ‎Tayyip Erdogan, mais ils ont aussi participé à pousser la population à envahir les rues.‎

Tout autant que les médias, les partis d’opposition au parlement n’ont pas « ménagé » ‎leur soutien à l’AKP dès le début des événements ; ils sont tombés dans le piège tendu ‎par le pouvoir d’État : « empêchons que d’autres se mêlent de politique ». Leur position ‎‎« être aux côtés de la démocratie contre le coup d’État » masque leur ignorance politique. ‎Tout cela montre clairement qu’à court terme ils ne se mobiliseront que pour renforcer la ‎politique du pouvoir d’État. Définir comme des « supporters de la démocratie » ceux qui ‎se déclarent prêts à « mourir quand Tayyip Erdogan nous dira de mourir », remplissent les ‎places de slogans tel « nous voulons le rétablissement de la peine de mort », se ‎consacrent à lyncher quiconque leur tombe sous la main, n’est-il pas un signe de la ‎stagnation politique de ces mêmes partis ?‎

Avec ce coup d’État et la victoire contre ce coup d’État, l’AKP a maintenant les conditions ‎dont il avait besoin pour mettre en place une transformation idéologique de la société. ‎Les « 50 % qui se sont difficilement résignés à rester à la maison », désignés comme une ‎menace par Tayyip Erdogan pendant les manifestations du parc Gezi, étaient cette fois ‎dans les rues. La culture fasciste qui est une partie importante de la transformation ‎idéologique qui se répand à partir du système de lois de la vie sociale, a été réanimée par ‎ceux qui ont été mobilisés par l’État dans les rues. Non seulement ça, ils sont apparus ‎comme des gens essayant de défendre la démocratie... Il n’est pas difficile de deviner ‎comment ces « mobilisations démocratiques » vont se trouver confrontées à ceux qui ‎sont opprimés de différentes façons et à différents endroits. Nous avons déjà entendu ‎parler de lynchages de personnes ne prenant pas partie pour le renforcement du pouvoir ‎de l’État.‎

DAF (Action révolutionnaire anarchiste)‎
PAR : DAF
Devrimci Anarsist Faaliyet (Action Anarchiste Révolutionnaire) Turquie
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