Les Forces Libres de la Paix poursuivies

mis en ligne le 1 octobre 1954

Notre République Quatrième du nom vient d'inculper les Forces Libres de la Paix pour une affiche ainsi présentée :

« Attendrez-vous pour vous remuer, la MOBILISATION GÉNÉRALE ? »

Comme légalement rien, dans le texte, ne pouvait être poursuivi, le chef d'accusation se réfère à une loi du 29 juillet 1881, tombée en désuétude, et par laquelle l'usage du papier blanc est interdit pour toute affiche, quelle que soit la couleur de l'encre employée.

Nous ne sommes pas de ceux qui, à tout propros et hors de propos, tentent de faire d'un quelconque procès-verbal un procès politique inavoué auquel on voudrait donner figure de simple contravention.

En effet, les affiches sur fond blanc sont innombrables : publicité, spectacles, mouvements politiques en font un usage constant sans que soit exhumée pour eux une loi caduque.

Par l'effet de quelle bienveillance particulière les Forces Libres de la Paix ont-elles l'exclusivité de ces faveurs ?

Est-ce parce qu'elles ont commis le crime de lèse-démocratie de prétendre intéresser le peuple aux questions sociales en général et à la Paix en particulier.

Est-ce parce qu'elles se sont, élévées contre la guerre d'Indochine, à laquelle le gouvernement Mendès-France, après les ministères à politique d'autruche, a fini par mettre un terme ?

Est-ce parce que les mots « Mobilisation générale », en lettres capitales, frappaient un peu vivement les regards et les esprits ?

En ce dernier cas, osez parler ouvertement et poursuivre au grand jour.

D'autant mieux que nous tomberons d'accord avec vous pour que soient rayés à jamais ces deux mots accolés, qui nous ont tant coûté dans le passé et nous font tant craindre pour l'avenir.