Pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah

mis en ligne le 5 novembre 2014
La France, à l’instar de nombreux pays, a ses prisonniers politiques ; prisonniers politiques parce que ce sont des interventions d’États qui motivent la détention. Cet article vise à informer les lecteurs du Monde libertaire de la situation de Georges Ibrahim Abdallah.
Georges est un Libanais détenu en France depuis plus de trente ans. Condamné en 1984 à perpétuité (actuellement à la prison de Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées), il est libérable depuis 1999.
Georges, qui se définit comme communiste, a adhéré au Front populaire pour la libération de la Palestine, organisation palestinienne marxiste. À l’époque, en 1982, le Liban est envahi par l’armée israélienne pour la deuxième fois en trois ans, ce qui fait lien avec la Palestine toujours sous occupation militaire israélienne. L’opération, dénommée Paix en Galilée, fera 25 000 morts et 45 000 blessés arabes et 670 soldats israéliens tués. Édifiante continuité historique !
Georges Abdallah est membre des Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl), qui ont décidé de porter la résistance à cette occupation en Europe en raison de la complicité des puissances occidentales et au premier chef de la France et des États-Unis.
Deux membres des services secrets israéliens et américains sont exécutés en France par les Fari. Georges est arrêté pour détention d’armes puis condamné pour complicité de meurtres à une peine de perpétuité. Les armes ayant servi à ces deux exécutions ont été retrouvées chez lui.
Mais les choses n’ont pas été simples avant d’en arriver là. Georges a d’abord été condamné pour détention d’un faux passeport délivré par les autorités algériennes, puis il devait être échangé contre le fils de Gilles Perrault détenu au Liban, enfin il est avéré que son avocat était lié aux services secrets français.
En détention, Georges a fréquenté Jean-Marc Rouillan, militant d’Action directe, ainsi que des militants basques. Il côtoie des militants islamistes avec qui il n’a aucune affinité, malgré ce que certaines rumeurs laissent entendre.
Libérable, à plusieurs reprises les juges des libertés avaient décidé de son élargissement. À chaque fois, le parquet a fait appel ou s’est pourvu en cassation, comme ce fut le cas fin 2012, alors que l’appel avait confirmé la demande de mise en liberté, assortie d’une mesure d’expulsion. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, actuel Premier ministre, a refusé d’en signer l’arrêté, rendant impossible la libération conditionnée par cette mesure d’expulsion. Au final, la Cour de cassation a considéré la demande de libération comme irrecevable.
À chacune de ses demandes de libération, les représentants des gouvernements américain et israélien se sont exprimés pour demander le maintien en détention. À plusieurs reprises, pour demander sa libération, Georges Ibrahim Abdallah a dû passer devant une commission de psychiatres (commission instituée contre la récidive des délinquants sexuels puis étendue à tous). Les psychiatres lui demandant si dans des conditions identiques d’occupation de son pays il reprendrait les armes, Georges répondait oui, ses convictions n’ayant en rien changé. Il semble que, avec la nouvelle loi Taubira, le passage devant cette commission ne soit plus systématique mais seulement effectué à la demande du juge des libertés.
La neuvième demande de libération a été portée le mardi 30 septembre devant le juge des libertés. Nous attendons le verdict, la réaction du parquet et celle du pouvoir politique actuel. Le Liban a déclaré être prêt à accueillir Georges. C’est la seule voie raisonnable.
Avec les comités de soutien, nous considérons que trente ans de prison, c’est trop ; que la peine à perpétuité n’a jamais été appliquée en France et que la détention de Georges sort du droit pour devenir une détention politique, une vengeance d’État, sous pressions américaines et israéliennes. Ces pressions arguent de la constance des convictions politiques de Georges, solidaire des peuples en lutte contre l’impérialisme, le sionisme et pour la libération de la Palestine. Pour Georges, ça a été :
Trente ans de prison, trente ans de résistance !
En effet, même en prison Georges n’a eu de cesse d’apporter sa solidarité aux autres combattants en accompagnant les grèves de la faim des prisonniers palestiniens, tous arbitrairement détenus, en refusant les prélèvements ADN en solidarité avec ceux qui les refusent, qu’ils soient faucheurs d’OGM ou militants syndicaux.
Le comité Libérons Georges 33 apporte son soutien à sa libération en multipliant les informations et les actions : projection débat à la suite de Route 60, film du Palestinien d’Israël Alaa Ashkar (rencontre d’un Palestinien d’Israël avec les Palestiniens de Cisjordanie) ; théâtre de rue avec les Dépossédés par la Compagnie des Petits Tréteaux ; soirée musique, poésie, chant, slam, à l’Athénée libertaire de Bordeaux.
Le samedi 25 octobre, un rassemblement national devant le centre pénitentiaire de Lannemezan a été organisé − avec bus collectif − pour protester contre l’entrée de Georges dans sa trente et unième année de prison. Le rassemblement a regroupé des proches de prisonniers, des collectifs du Pays basque, de Toulouse, de Bordeaux, de Lille, du Nord, de la Belgique, de Paris avec la présence de diverses organisations comme la Ligue des droits de l’homme. Georges tient à ce que ces manifestations se fassent aussi en faveur de la libération des prisonniers palestiniens. Ce fut encore le cas cette année.