Notre-Dame-des-Landes : l’État voyou va frapper encore

mis en ligne le 12 décembre 2012
Tandis que preuve est faite que l’État a grossièrement manipulé les chiffres pour faire croire à la rentabilité de l’aéroport de Notre-Dame- des-Landes, on apprend l’imminence d’une nouvelle intervention policière de grande ampleur pour évacuer les contestataires du projet.

Une manipulation
Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est fondé sur une manipulation des chiffres pour faire croire qu’il serait rentable. C’est ce que révèle, ce 3 décembre, le journaliste Hervé Kempf, sur le site reporterre.net.
Le 17 novembre dernier, le sénateur d’Europe écologie-Les Verts (EELV) Ronan Dantec affirmait : « Lors de l’enquête coût-bénéfice sur le projet, l’État a manipulé les chiffres. Au moment de calculer la valorisation en euros des gains de temps permis par le nouvel aéroport, les sommes ont été au moins doublées. Sans cela, l’enquête coût-bénéfice aurait été négative. Cela a été fait sous la responsabilité du préfet de l’époque, Bernard Hagelsteen, aujourd’hui conseiller chez Vinci… Cela contribue à l’extrême fragilité de la légitimité démocratique de ce projet. »
En substance, détaille Hervé Kempf, l’enquête publique préalable au dossier d’utilité publique du projet d’aéroport du Grand Ouest Notre-Dame-des-Landes, réalisée en 2006 et ayant conduit au décret d’utilité publique pris en février 2008, s’affranchit des règles du ministère des Transports destinées à valoriser monétairement les gains de temps de transport permis par la nouvelle infrastructure. Résultat : un quadruplement des chiffres qui permet de présenter comme économiquement avantageux un projet d’aéroport qui, si l’on avait suivi la méthode recommandée, serait apparu comme déficitaire !
Une manipulation qui pose, notamment, ces quelques questions : qui l’a opérée ? A-t-elle été couverte par les autorités préfectorales de l’époque, dont le préfet Bernard Hagelsteen, qui travaille maintenant chez Vinci ? Pourquoi le Conseil d’État n’a-t-il pas vu ce manquement évident à la méthode officielle d’expertise ?
Des questions pour le moins embarrassantes pour le gouvernement et pour le Premier ministre, des questions qui expliquent aussi leur refus de remettre à plat un projet mené avec des méthodes dignes d’une république bananière.

Une nouvelle opération policière ?
Deux arrêtés jumeaux signés par le préfet de Loire-Atlantique, pour la période du 3 au 10 décembre, l’un interdisant le transport de « tout carburant » et l’autre prohibant le transport de « tout explosif, produit inflammable, feu d’artifice » sur les communes de Notre-Dame-des-Landes et Vigneux, ont mis la puce à l’oreille de BreizhJournal pour qui « le pouvoir va tenter de vider Notre-Dame-des-Landes cette semaine ».
Selon le même journal, « de source policière, ces arrêtés sont motivés par “l’organisation d’une opération de grande ampleur pour vider Notre-Dame-des-Landes des opposants” (et l’organisation d’une opération très prochaine nous est confirmée par des gendarmes de Loire-Atlantique “pour le milieu de la semaine”). »
Par ailleurs, « un jugement en référé est attendu le 4 décembre pour décider si les cabanes construites depuis le 17 novembre à la Châtaigneraie (la Chat Teigne), à l’ouest du bois de Rohanne, sont légales ou non par rapport au Code de l’urbanisme (Vinci-AGO a déposé plainte pour construction illégale) et si la force de l’ordre peut procéder à leur démolition. L’opération commencerait le 5 décembre au petit matin et s’étalerait sur deux ou trois jours. Elle pourrait reprendre le lundi 10 décembre en cas de résistance inattendue sur zone ».

Jean-Pierre Anselme