Les animaux, ils sont gentils

mis en ligne le 18 octobre 2012
Les arguments sont nombreux contre la consommation de viande : l’élevage industriel qui représente la plus grande part – en fait la quasi-totalité – de la production animale est dégoûtant pour quantité de raisons (conditions d’élevage, santé des bêtes, abattage, etc.) ; une grande partie de la production agricole est destinée à la nourriture des animaux d’élevages et heurte donc la question démographique et la sous-alimentation d’un milliard de Terriens… Tout ceci est vrai. Faut-il pour autant traiter d’assassins les consommateurs de viande ?
Les mers sont surexploitées, certaines espèces pourraient disparaître, pour d’autres, on pratique un élevage hyperpolluant… Les vegans ont une solution : limiter la consommation de poisson de manière à renouveler les stocks ? Bien sûr que non ! Plus de pêche du tout, voilà la solution pour ce nouveau genre de réacs. Certains aiment tellement les animaux qu’ils préconisent la stérilisation des chats et des chiens…
Le véganisme ne s’arrête pas là. Il s’oppose radicalement à ce qu’on tue ou exploite des animaux. Il refuse la consommation de tout produit animal ou d’origine animale. Cela dépasse donc l’alimentation et touche aussi les vêtements, et tout produit contenant ne serait-ce qu’une quantité infinitésimale de dérivé animal. De fait, le véganisme s’oppose à la prédation. à tel point même qu’il entend imposer son mode alimentaire aux animaux de compagnie.
En fait, ses constats évidents à propos de l’élevage industriel, par exemple, ne sont que prétextes pour aller plus loin… et même le plus loin possible. C’est typiquement une dérive sectaire, dont le fond politique peut d’ailleurs se situer à peu près n’importe où, à part chez les gros ploucs et les actionnaires de l’agro-alimentaire.
Il y a bel et bien quelque chose de révolutionnaire à s’opposer à la prédation. Jamais encore dans l’histoire des idées aucun révolutionnaire n’avait envisagé non seulement d’imposer son mode de vie à son entourage, mais aussi aux animaux… et pas seulement dans un livre programme mais dans les faits. Est-ce une réussite, s’il y a maintenant un business vegan ?
Nombre d’anarchistes sont titillés, voire séduits, par le radicalisme du discours. On peut aussi trouver que l’outrance relève du sectarisme. Et il y a effectivement outrance quand il y a intolérance. Les autres, si différents soient-ils, ont le droit de vivre. Ils ont le droit de ne pas être convaincus, ou pas encore, ou peut-être jamais. Les vegans défendent les droits des animaux, au nom des animaux, et cela y compris contre les êtres humains que pourtant ils considèrent comme des animaux… Ils sont donc l’avant-garde de l’univers et personne ne le sait !
Certains vegans ont pu trouver judicieux, lors des Rencontres anarchistes
internationales de Saint-Imier cet été, d’empêcher des camarades de consommer de la viande, arguant qu’il ne faut pas manger de viande parce qu’« il n’y a pas de raison politique de manger de la viande ». C’est amusant. Ne pourrait-on pas en dire autant des relations sexuelles, par exemple ? Est-il raisonnable de s’en abstenir pour autant ? L’argument aurait été plus audible formulé autrement : il y a des raisons politiques pour ne pas manger de viande. Encore faudrait-il préciser « industrielle ».
Que l’élevage industriel soit un moyen capitaliste de produire une quantité impressionnante de viande sans goût est un fait. Que le fait de tuer des animaux soit criminel n’est pas un fait mais une vue de l’esprit parfaitement sectaire. Allez donc dire aux animaux sauvages, vous qui voulez abolir l’élevage et la pêche, d’arrêter d’être les prédateurs les uns des autres ! Donc je mangerai du rôti avec mes amis, et vous n’en serez pas. Et ne venez pas frapper à ma porte pour me dire que c’est pas bien, que les animaux ils sont bien gentils et qu’il faut pas leur faire de mal…
Cette chronique n’avait pas pour but de bouffer du vegan. On peut être omnivore sans être anthropophage. De toute façon, vu l’infantilisme de la pensée des adeptes, mieux vaudrait les protéger (pas en tant qu’espèce !), et leur expliquer que la réalité n’est pas toujours celle qu’ils croient.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Cristi Barbulescu

le 30 octobre 2012
Bonjour

Dites-moi, comment définissez-vous l'anarchisme ? Car, d'après ce que j'en pense, c'est un désir de ne pas voir sa vie dirigée et contrôlée par quelqu'un d'autre et dans l'intérêt de ce dernier.

L'anarchisme ne peut pas, sans rester fondamentalement incohérent, justifier l'exploitation institutionnalisée des autres espèces animales. Que vous vouliez continuer à manger la chair des animaux tout en vous proclamant révolutionnaire, je le conçois bien, il n'est pas facile de passer outre ses intérêts strictement égoïstes. Mais affirmer que le véganisme est ridicule ou enfantin, quelle erreur intellectuelle. Tenez-vous bien : vous n'avez jamais rien lu de votre vie de plus révolutionnaire et de plus juste que le véganisme. Jamais. Et vous n'en lirez pas non plus. Après, si vous avez mal compris ou si on vous l'a mal exposé, je me ferai un plaisir de débattre avec vous si vous avez un esprit objectif et que vous ne cherchez pas à justifier votre mode de vie. Comme disait C.Bobin, "on ne peut bien voir qu'à condition de ne pas chercher son intérêt dans ce que l'on voit."
Vous avez mon adresse, vous avez mon site. A vous de jouer

Cordialement,

crapaudlulu

le 30 octobre 2012
Bravo, Cristi! Et il ose se baptiser LE Furet? quelle insulte au petit animal!

Dom antispé

le 30 octobre 2012
On est bien loin de Louise Michèle !
Vous l'insultez Monsieur Furet mais peut-être que vous ne la connaissez pas?
Je ne salue pas ce qui est méprisable et l'anarchie se gagnera avec la fin de l'exploitation animale, de toutes les formes d'exploitation animale.
Libération humaine et animale, go vegan
Les gens comme vous subiront le même sort que tous les exploiteurs car vous êtes comme ceux que vous condamnez.
Nous ne connaîtrons pas la pitié à votre égard, vous qui en êtes dépourvu pour les autres espèces faisant de vous un semblable des racistes que vous condamnez

Leslie

le 1 novembre 2012
Ouh là c'est quoi toutes ces imbécilités là?

Py

le 1 novembre 2012
Salut,

Quand est-il sur le terrain et sur la mise en pratique de nos idéaux aussi révolutionnaires soient ils?

il faudrait peut être pousser la question plus loin et voir quelle place occupent les animaux non humains dans l'agriculture.

Etant en formation dans le maraichage bio et travaillant sur une ferme en polyculture élevage (un des systèmes agricoles les plus autonomes au passage), je suis bien conscient que les légumes que je vais produire vont pousser dans une terre fertilisée par le fumier des vaches de la ferme destiné à finir en morceaux de viande....

Beaucoup de maraîchers Bio utilisent même des amendements organique manufacturés contenant des déchets d'abattoirs, comme de la farine de plume.

Pour essayer de faire bref et c'est mal parti, même une carotte bio sera très souvent produite selon un mode qui découle de la production de viande ou de lait (et/ou de fromage), parfois de centre équestre par l'apport de fumier...

la manière dont nos aliments sont produits est encore plus importante à considérer.

On devrait juste réfléchir ensemble plutôt que de se bouffer le nez (et ça c'est carrément cannibale)

Un débat à rallier à notre rapport à la consommation sans aucun doute, faut-il avoir des doc martens en cuir végétal ou réutiliser les sabots en bois de pépé pour être un vrai décroissant?!

Salutations et tout mon soutien a tous les camarades paysan(ne)s libertaires qui luttent pour changer nos systèmes agricoles !

GVegan

le 11 décembre 2012
Merci Cristi et Dom pour votre pertinente intervention.
Il est évident que la position et l'engagement vegan, anti-spéciste est la plus cohérente avec les luttes contre l'exploitation et les despotismes, la barbarie.
Faites un seul pas dans ce sens Furet, et vous comprendrez la puissance de cette engagement, la puissance de désintoxication mentale et civilisationnelle.
L'anarchisme sans veganisme est incohérence, vous pouvez toujours tenter de justifier le contraire, mais attention à la marche...
La civilsation du chasseur guerrier à atteint son paroxysme, il est temps d'incarner un nouveau paradigme, ce nouveau paradigme à été préparé par vos pairs libertaires, faites leur honneur et continuez la lutte Furet, il est toujours temps pour bien faire, mieux faire, mieux penser, c'est un devoir.

Anarchiste Végan

le 15 mars 2013
Cette chronique n’avait pas pour but de bouffer du végan, si j’en reprends les mots de l’auteur pourtant à la lecture de cet article, je me suis senti agacé. En tant qu’adepte du véganisme, ce n’est pas agréable de se faire traiter d’infantilisme, ni de lire que cette pratique serait une dérive sectaire, mais je n’en suis pas surpris après tout la philosophie anarchiste à maintes fois été qualifiée injustement de dérive sectaire elle aussi par le passé, souvent de façon virulente et à l’aide de raccourcis d’idées comme c’est le cas ici aussi dans cet article à propos du véganisme....

Anarchiste Végan

le 15 mars 2013
Ni dieu, ni maitre. Pas de hiérarchie entre les hommes, si on étend le concept à toutes les espèces, nait alors l’antispécisme et sa mise en pratique le véganisme. Pas de hiérarchie entre les espèces. Comme l’anarchiste refuse l’exploitation de l’homme par l’homme, le végan refuse l’exploitation des espèces par l’homme. C’est cela, le véganisme. Il n’y a pas de gourou, pas d’idole, juste sa propre conscience et l’analyse perpétuelle de ses propres actes, histoire de se remettre en question lorsque ses propres choix ne reflètent plus sa philosophie de vie.