Hôpital psychiatrique, prison mal déguisée 

mis en ligne le 26 avril 2012
1670PrisonLe Comité de prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe vient de sortir son rapport et il relève des dysfonctionnements dans les unités de psychiatrie françaises visitées. Les plus gros reproches visent l’accueil des patients en hospitalisation libre qui se retrouvent en pavillon fermé et les recours abusifs à l’isolement.

Respect a minima des fonctions reptiliennes !
Le CPT note dans son rapport que malgré la mise en place de protocoles, le recours à l’isolement pour les patients, soi-disant pour leur sécurité, varie fortement d’un hôpital à l’autre, ce qui entraîne des dysfonctionnements. Par exemple, le comité a relevé qu’à l’hôpital Paul-Guiraud (Val-de-Marne), la moitié des dossiers examinés en psychiatrie générale bénéficiaient d’une « autorisation générale » de mise en isolement donnée au préalable au personnel par les médecins. Mais un autre problème est la raréfaction des rondes. Celles-ci n’ont lieu parfois que toutes les deux ou trois heures et nombre de patients se sont plaints de dysfonctionnements alimentaires et d’incontinences urinaires et fécales. Ces dernières fonctions n’étant pourtant que reptiliennes ! Les périodes d’isolement peuvent parfois être très longues et durer jusqu’à six mois.

Victime et coupable
Pour ce qui concerne le transfert de prisonniers, le comité a constaté que les détenus transférés à l’hôpital pour des soins étaient presque systématiquement mis en chambre d’isolement dans les services de psychiatrie générale. Ils sont presque systématiquement maintenus en immobilisation complète (contention) : bras, jambes et abdomen liés, pendant les quarante-huit premières heures et parfois jusqu’à la fin de leur séjour, soi-disant pour leur sécurité et non pour des raisons cliniques. Le comité appelle donc la France à adopter des mesures permettant l’accès aux soins pour toute personne incarcérée ne pouvant être accueillie en unité hospitalière spécialement aménagée. Mais les mesures de contention touchent également les patients (non détenus) mais déclarés « difficiles », en attendant leur placement dans des unités spécialisées. C’est le cas dans l’unité de soins intensifs psychiatriques du centre Le Vinatier (Rhône) où des patients ont affirmé au CPT que la présence des instruments de contention dans les chambres d’isolement ont accru leur anxiété.

« Rapporte » toujours, tu m’intéresses !
Pour toute réponse, le gouvernement a expliqué au comité que des améliorations étaient en cours (toujours !) en matière d’accueil et de traçabilité, et indique vouloir confier à la Haute autorité de santé, la redéfinition des règles d’isolement et de contention. Au moins, ça ne mange pas de pain, mais en attendant que ces tortures physiques et psychiques soient remises en question, il est fort à parier que beaucoup d’eau coulera encore dans la Seine. Car loin de nous de croire que la « folie » est classable et « légiférable » car comment résister à ne pas reprendre cette merveilleuse phrase citée par Gérard Garouste dans sa très belle autobiographie L’Intranquille, parue dans le livre de poche : « La folie ce n’est pas quand on a perdu la raison, mais c’est quand on a tout perdu, sauf la raison ! » Hélas, car dans ce cas, la souffrance physique et morale est certainement alors ressentie deux fois plus douloureusement.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Pablo

le 25 juin 2012
Ils se donnent bonne conscience en donnant une image délinquante de la schizophrénie auprès du public pour pouvoir jouir d'un pouvoir sur les patients. La schizophrénie n'est pas une maladie mais un groupe de maladies qui peuvent prendre de très nombreuses formes. Certaines de ces maladies peuvent pousser parfois à la violence extrême parfois mais cela reste très rare dans les populations atteintes.