Indignés de tous les pays, révoltez-vous !

mis en ligne le 27 octobre 2011
1648Indignes2Samedi 15 octobre, ceux qu’on appelle les indignés manifestaient à travers la planète pour dénoncer la finance et les politiques de rigueur qu’elle veut imposer à tous les peuples sous toutes les latitudes.
De la Suède au Japon, de l’Australie à la Grèce, de l’Italie au Canada, partout dans 82 pays plus de mille manifestations ou rassemblements ont eu lieu. À Londres, shocking : une centaine de tentes installées sur le parvis de la cathédrale St Paul. À Berlin ils étaient 8 000 à hurler : « De la justice, pas des banques ! », et à Francfort 5 000 devant le siège de la Banque centrale européenne. Les Grecs qui n’en peuvent plus des mesures de rigueur qu’on leur impose déjà, ont prolongé cette journée de mobilisation en manifestant violemment contre leur parlement : « Fini la patience et l’apathie, la révolution sociale est la seule solution ! » À Rome, les indignés qui se disent comme ailleurs pacifistes, ont montré qu’ils n’étaient pas disposés à tendre l’autre joue devant la répression policière ; la manifestation a tourné à l’affrontement violent quand les forces de l’ordre ont chargé : 135 blessés (dont 105 flics, comme quoi il n’y a pas que des mauvaises nouvelles !)

Descends dans la rue, crée un nouveau monde
Ce mouvement des indignés initié le 15 mai à Madrid et calqué sur les modèles tunisiens et égyptiens, a gagné des pays où on ne l’attendait pas forcément, à commencer par les USA où depuis plus d’un demi siècle, c’est-à-dire depuis la guerre du Vietnam on n’avait pas vu ça : des manifestants par milliers, et des arrestations par centaines pour une remise en cause de leur système : « 1 % des américains possède tout, nous sommes les 99 % restant ». En dix ans, l’« axe du mal » s’est déplacé. En 2001 les attentats du Word Trader Center mobilisait l’Amérique contre l’ennemi extérieur. En 2011 les politiciens veulent refaire le coup de l’ennemi intérieur, en dénonçant ces manifestants au poing levé, se disant même parfois anarchistes (et oui !) et qui invitent à « Occupy Wall Street ». L’effet Obama est bien loin.
Ici comme ailleurs, pas de leader charismatique, ce qui laisse les médias désemparés les pauvres. Ici comme ailleurs on dénonce la corruption, le chômage, la crise provoquée par les banques, les plans de rigueur, les différences de niveau de vie etc. Bref la première puissance mondiale se découvre les mêmes préoccupations que… la Grèce.
Face à ces manifestations des représentants du capital comme Mario Draghi (Banque centrale d’Italie) ou Jean Claude Trichet (Banque centrale européenne) déclarent « comprendre » les indignés mais sans les « soutenir » (ben voyons !)
En Espagne d’autres mouvements s’articulent avec les indignés : grèves nationales prévues dans l’Education et la Santé, préparatifs pour une semaine de lutte (14 au 18 novembre) organisée par les syndicats révolutionnaires (CNT-CGT-SO) qui appellent de cette manière, juste avant les élections parlementaires (20 novembre) à l’abstention active et consciente.
Et chez nous direz-vous ? On avait déjà constaté la faible mobilisation (du moins à Paris) de ceux qui voulaient imiter les indignés espagnols ; samedi 15 octobre, on éprouvait un peu le même sentiment : Paris a voulu participer à la mobilisation internationale contre les puissances financières qui veulent continuer de pomper des populations déjà exsangues, et contre les politiciens : des « représentants » qui ne représentent que les intérêts des dites puissances.
Plusieurs rendez-vous étaient fixés à partir de 14 h 00, devant toutes les gares, à Châtelet et au métro Belleville pour converger vers l’Hôtel de Ville à 17 h 00. Autour du métro Belleville s’étaient regroupés des jeunes, heureux d’être là, de faire partie d’un mouvement en train de s’étendre à l’échelon mondial et des moins jeunes, qu’on a croisés lors de toutes les manifs de ces quarante dernières années, fidèles au poste et ravis de répondre aux questions d’un journaliste de BFMTV.
Pas d’étiquette politique affichée mais quelques tracts distribués, dont l’un prévenant : « Nous indigner ne suffira pas » et invitant à se mobiliser « contre L’État et le capital ». Les banderoles et pancartes sont du cousu main fait maison. On peut lire en grec, traduit au-dessous : « C’est pas une dette, c’est du racket », beaucoup de « Démocratie réelle, maintenant » et surtout, repris sous toutes les couleurs : « Nous sommes les 99 % ». De jeunes Espagnoles apportent leur savoir faire en confectionnant leurs pancartes sur place : « No hay fronteras (il n’y a pas de frontières), esto no se acaba aquí (cela ne se termine pas ici) ».
La fanfare se met à jouer entraînant un cortège d’une ou deux centaines de personnes dans la rue de Belleville vers République derrière une banderole : Les Indignés. La place de l’Hôtel de Ville commence à se remplir : on repère, se baladant au milieu des touristes, quelques pancartes isolées proposant des mesures pour encadrer les fureurs bancaires : « Oui à la taxation des transactions financières, oui à la limitation des stocks options etc. »
Vers 17 h 00, un cortège arrive par l’avenue Victoria, barrée par une dizaine de cars de CRS. Un peu plus tard, un autre, par la rue du Renard rejoint la place de l’Hôtel de Ville. Des drapeaux du PCF et du mouvement des Jeunesses communistes font leur apparition, sous les sifflets et une invitation ferme à disparaître : d’accord pour s’exprimer au micro mais pas pour récupérer le mouvement. Les quelques centaines de manifestants se déploient sur la place, sans pour autant la remplir, et forment une ronde de façon à soutenir un immense calicot où l’on devine l’inscription « Indignés », en reprenant les slogans de la manifestation. Les organisateurs invitent les participants à s’asseoir pour écouter les prises de paroles qui vont suivre, et en expliquent le fonctionnement : comment s’inscrire, comment réagir… La première déclaration salue la présence d’une délégation chilienne venue soutenir le mouvement.
Il est question de tenir la place jusqu’au soir… « Cela ne se termine pas ici », on voudrait le croire mais pour ça il faudrait que les Indignés de France se mettent au diapason de ceux d’Espagne, de Grèce, d’Italie et des États-Unis. Que l’on passe de l’indignation à la révolte, qu’on cesse de quémander des aménagements du système capitaliste, pour envisager sérieusement sa disparition, bref s’engager fermement sur la voie de la révolution.

Claire Lartiguet-Pino



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


nestor

le 4 novembre 2011
Tiens 'core un biou qui r'garde passer les trains!

Hé l'anar, t'as qu'à y aller, entrée libre, c'est ça qui t' gène?
T'as qu'à parler, on t'écouteras,. P'têt même qu'on t'approuveras,
Hé le noir, t'as quoi à perdre, t'as peur d'être gris?
T'es tout nu sans ton drapeau?
Critique donc, c'est ben ton droit, mais participe c'est c' que tu doit!
Si tu y est pas l'évolution se f'ras sans toi!

Reste donc sul' quai, la rame balais va pas tarder!

douille

le 9 novembre 2011
Très bon article

julien bézy

le 12 novembre 2011
De l'indignation à la révolution il y a un pas qui n'a pas été franchi.