A propos d’un procès

mis en ligne le 9 janvier 1986
Le procès de Roger Knobelspiess à Evry n’est pas seulement celui d’un homme, c’est aussi celui d’un symbole. Celui du combat contre l’enfermement, les Q.H.S., la barbarie en somme. C’est le combat pour la dignité et pour la justice.
Ce n’est pas le rôle du Monde Libertaire de rapporter par le menu le détail du procès de Roger Knobelspiess ni celui de nous transformer en chroniqueurs judiciaires. Mais enfin, l’histoire du combat de Roger (voir ML précédent), l’acharnement servile, veule et sadique de la police à vouloir le voir ramper est symptomatique de quelques mentalités qui prévalent dans certains milieux officiels. On ne bafoue pas l’autorité. Roger est avant tout coupable de l’avoir fait. Car c’est bien là le noeud de l’affaire.
Il aurait très bien pu se comporter en détenu modèle et collaborer, purger sa peine et tenter malgré tout de se réinsérer. Mais Roger a choisi de vivre debout. Il a voulu hurler et faire savoir que la prison n’est pas seulement une privation de liberté, c’est aussi l’humiliation, les coups, le mitard, le sadisme des matons. C’est l’obscurantisme. Le combat de Roger est celui de la lumière contre les ténèbres, c’est pour cela que son combat est le nôtre. C’est celui de la justice contre la brutalité maniaque et c’est aussi pour cela que son combat est le nôtre. C’est celui de la générosité contre la haine, c’est encore pour cela que son combat est le nôtre. Et cette lutte ne cessera pas...
Quelle que soit l’issue du procès, que Roger soit condamné ou non, cela n’effacera pas les profondes cicatrices laissées par des années de pénitentiaire. Malgré le zèle et l’ardeur de la justice, Roger ne cédera jamais. Il est arrivé à un point de non-retour. Les matons ont donné trop de coups. Et ces coups maintenant doivent se retourner contre eux. Vous, matons, si vous lisez ces lignes, sachez que nous avons des réserves inépuisables de mépris à votre service ; que nous méprisons votre matraque, votre uniforme, votre étroitesse d’esprit ; que nous méprisons aussi vos chefs et que nous sommes derrière Roger Knobelspiess. Mais un doute m’effleure, un gardien de prison est-il capable de lire le Monde libertaire ?

Jean-Pierre Gault