Ça booste derrière les barreaux : interview avec l’équipe de Ras-les-Murs

mis en ligne le 25 novembre 2010

Le Monde libertaire : Que pensez-vous du mouvement de protestation des matons ?

Ras-les-Murs : C’est quelque chose de récurrent chez eux et, avec le changement de garde des Sceaux, ça leur permet de ne pas se faire oublier. Leurs demandes sont toujours les mêmes, et elles ne concernent absolument pas une amélioration des conditions de détention.


ML : Et quelles sont leurs revendications ?

RlM : Plus de recrutement pour un budget encore plus important. Mais, il faut savoir qu’en 2002 il y a eu une embauche de 1 000 gardiens et qu’en 2008 il y a eu de nouveau une campagne pour recruter davantage de personnel. Au mois de novembre 2010, on compte 34 000 agents, dont 25 000 personnels de surveillance pour 61 428 détenus. C’est la seule administration française qui embauche encore et dont le budget va augmenter en 2011. Qui plus est, l’administration pénitentiaire n’est pas soumise au principe du « un fonctionnaire sur deux n’est pas remplacé au départ à la retraite ».

ML : Comment les prisonniers vivent-ils ces blocages et les « altercations » des matons avec les CRS ?

RlM : Dans un premier temps, c’est plutôt un sujet de rigolade. Comparées aux interventions hyperviolentes des CRS, gardes mobiles ou éris (équipes régionales d’intervention et de sécurité) lors des refus de remontée des promenades des détenus, les bousculades symboliques entre forces de l’ordre et surveillants de prison nous apparaissent comme une véritable mascarade.

ML : Jamais les revendications des matons ne concernent le bien-être des prisonniers ?

RlM : Bien sûr que non ! Les revendications des matons concernent seulement la sécurité du personnel, les salaires et l’augmentation de leur poste. Nous ne pouvons donc pas nous sentir concernés. Les seuls cas où nous pouvons être d’accord, c’est sur les interpellations relatives à l’hygiène, aux conditions de détention déplorables et à la surpopulation. Mais ces revendications sont rares, si ce n’est inexistantes.

ML : Ces blocages ont-ils une incidence sur le quotidien des prisonniers ?

RlM : Oui, c’est évident, cela entraîne de nombreux inconvénients : le service général n’est plus assuré, certains déplacements sont supprimés, parfois les extractions pour le palais de justice ne se font plus, les activités et les promenades n’ont pas lieu. Tout cela devient vite insupportable pour les détenus. Être enfermé est déjà quelque chose de très douloureux, contre-nature et très angoissant. Le fait de sortir en promenade, d’aller à un cours d’informatique, à une réunion, à une discussion, voire à la salle de musculation sont autant de soupapes qui permettent d’échapper à l’enfermement permanent.

ML : Et pour les familles ? Quelles sont les conséquences de ces blocages ?

RlM : Quand les parloirs sont supprimés, c’est beaucoup plus grave. Les familles restent en dehors des murs, tenaillées par l’inquiétude et se demandent ce qu’il se passe à l’intérieur. N’ayant pas été prévenues du blocage, elles ont, pour beaucoup, effectué des déplacements importants et se retrouvent devant une porte close. Pour ces familles, c’est évidemment de l’argent dépensé, pour ne pas dire dilapidé alors que la situation économique est majoritairement catastrophique pour elles. Les détenus, quant à eux, se retrouvent réduits à l’impuissance. Il ne va pas leur être apporté ce soutien, cet échange affectif et ce bol d’oxygène qui leur sont indispensables pour survivre dans cet univers mortifère. Ils se sentent pris en otage.

ML : Un mot pour conclure ?

RlM : Quand on connaît le no man’s land émotionnel des prisonniers, il devient évident que ces blocages constituent de véritables incitations à la colère, à la révolte, à la haine et au désir de vengeance.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


neutre

le 9 mars 2011
Pour information, on ne dit pas des matons mais des surveillants pénitentiaire. Sinon pourquoi pas appeler les détenus , des voyous, des crapules ou des méchants ?

Sinon dans l'ensemble , cet article manque cruellement d'objectivité, comme la plupart des articles de ce site.
Je suis déçu car je pensais ce mouvement ouvert d'esprit.Après lecture de plusieurs articles je constate beaucoup de haine et d'étroitesse d'esprit . Mais c'est le propre de l'homme d'être violent et mauvais quelques soient nos convictions. nous sommes loin d'être civilisé comme on veut le faire croire.

juste une question quelle réponse avez vous façe aux criminelles(meurtre, viol ...) ou aux délinquants(cambrioleurs, agression physique etc.. )? prison ? loi du Talion ?

Videopunk

le 10 mars 2011
La criminalité est une création intrinsèque à l'organisation systémique qui est celle de toute nos société depuis des siècles. On s'attaque, par la prison, la notion de punition, ou la vengeance étatique, ou par les lois encore, aux effets, aux gens, mais jamais aux causes des problèmes... Pourquoi ?

Parce que ces "problèmes" sont des créations du système pour justifier punitions, lois, violences étatiques et répression, ou alors, plus insidieusement, un certain "contrôle" de notre manière de penser; en d'autres termes, pour contrôler les gens, créons une minorité de criminels...

Se débarrasser de ce qu'est aujourd'hui notre société, se serait se débarrasser d'une grande part des problèmes et des "délinquances" comme tu dis.