Twist again !

mis en ligne le 11 mars 2010
C’est la grande nouvelle, « François Bayrou est foutu » ou, à la une d’un quotidien : « La mode Bayrou est dans les choux ». Diable, pourquoi tant de haine, pourquoi lui et pas un autre personnage politique ? Du côté de la majorité actuelle on ne lui pardonne pas son esquisse d’alliance avec la gauche. Citons la déclaration d’un militant de l’UMP : « Avant les gens quittaient Bayrou au lendemain des élections. Désormais, ils partent avant la défaite. » Le débat n’est plus à fleuret moucheté… Foutre dieu, mais bien sûr, voilà revenu le temps des élections, régionales, cette fois-ci.
Nos boîtes à lettres, pourtant souvent hostiles à toute publicité, débordent de divers tracts vantant les mérites et qualités de celles et ceux qui postulent à des charges représentatives. Près des écoles fleurissent de drôles de panneaux où toutes les bobines des diverses boutiques électoralistes s’offrent à nos regards.
De « Tout changer, rien lâcher » à « Ensemble, faisons grandir nos belles idées », les forces (sic) de gauche font florès. Les sondages les donnent gagnants, ce ne serait pas la « vague rose » de l’époque mitterrandienne de naguère, mais une petite déculottée pour le pouvoir en place. Bien sûr, nous autres anarchistes, cela n’est pas la première de nos préoccupations, loin s’en faut.
Le combat est pour nous ailleurs, dans d’autres lieux que les bureaux de vote. L’effervescence avant chaque période électorale, on connaît, on attend les désillusions après les résultats. Avec les alliances diverses où ils sont nombreux dans les milieux d’extrême gauche à douter de l’efficacité de leurs efforts. Un quotidien a même récemment titré sur la grande victoire annoncée de l’abstention… Tout cela ne serait qu’une mise en bouche, voire un galop d’essai avant la présidentielle de 2012.
Le populisme, pour ne pas dire pire, peut faire déclarer à Marine Le Pen : « Je vais changer les choses. On va arrêter de donner de l’argent à Auchan. » Ça a un goût bien connu, quand l’extrême droite fait (en paroles certes) dans le social (comme là dans le Pas-de-Calais), le danger est proche…
Un million de chômeurs en « fin de droits », ça fait beaucoup de gens qui vont ne plus rien recevoir. C’est en discussion entre gouvernement et « partenaires sociaux », une « série de réunions » est prévue. On attend toujours un front offensif et syndicaliste.
S’il semble que l’UMP va morfler à ces prochaines élections, on se demande si l’affirmation « les régions doivent être des collectivités de combat » est autre chose qu’une incantation religieuse ou une version xxie siècle de la méthode Coué. Pour illustrer le propos, on aurait pu gloser sur la gestion de Montreuil (banlieue parisienne) de Dominique Voinet, mais on s’abstiendra par charité…
En fait, l’ex-anarchiste Cohn-Bendit est peut-être le seul à dire tout haut ce qui est déclaré dans les couloirs de la politique, à savoir que 2012 (la présidentielle) commence le 14 mars prochain. La course de fond pour la charge suprême a donc commencé. Le mouvement social (qui n’est pas à l’ordre du jour) est encore en léthargie et ce n’est pas seulement dû à la rigueur du climat hivernal ! On a échappé à une seule chose, la distribution des consignes de vote en ombres chinoises des diverses boutiques syndicales représentatives. La CGT « excellait » dans ce genre de choses. La direction de la confédération « constatait » que le programme du Parti communiste avait de nombreux points de convergence avec les revendications syndicales et le tour état joué… La CFDT nous la faisait façon « autonomie engagée » et son côté l’extrême gauche appelait à voter pour « le candidat ouvrier le mieux placé ». On a encore quelques florilèges de ce genre où des responsables cégétistes appellent à soutenir le Front de gauche « pour des lendemains plus solidaires », mais ce n’est plus la grande époque.
De toute façon, ce qui reste de mouvement syndical a du plomb dans l’aile et ce n’est pas en servant de marchepied aux partis politiques qu’il nous fera reprendre espoir.