éditorial du n°1459

mis en ligne le 12 décembre 2006

Il y a 2007 ans, nul ne pouvait encore se douter qu'il allait se produire dans les jours qui suivaient un événement à partir duquel plus rien ne serait comme avant. Un événement pourtant des plus naturels qui fera référence dans l'histoire de l'humanité. Il y aura désormais un avant et un après. Cet événement est la naissance d'un enfant, le dénommé Jésus, né au milieu des chèvres sur de la paille souillée. Jusque-là, on se demande bien ce que cet événement peut avoir de si particulier. Et bien, voyez-vous, ce qu'il faut savoir, c'est que sa mère prénommée Marie l'a mis bas alors qu'elle était encore vierge. Bon, je vous entends déjà douter, bien sûr que cela est “impossible ” et que l'acte de procréation qui a eu lieu était sans doute trop ignoble pour qu'elle ose le raconter. La femme, de tout temps, n'a pu vivre sa sexualité en dehors de la volonté de l'homme à qui elle doit s'abandonner et dont elle doit satisfaire toutes les envies ; que de tout temps, elle a subi des violences ignobles de la part des hommes et que toujours il a été difficile pour elle d'en parler, car c'est la femme qui est toujours jugée par l'opinion publique. Et puis, de tout temps, dans bien des sociétés, la femme vierge a toujours été l'objet de nombreux fantasmes.

Finalement, dans cette histoire, son vrai silence et sa “ virginité ” arrangeaient bien tout le monde, de Joseph aux fous de dieu. Ceux-ci y ont vu, comme ils l'ont toujours fait, un silence honteux ou de la misère humaine à exploiter à leurs fins et, encore une fois, cela n'était pas pour déplaire ni à Joseph ni aux autres.

Ainsi, dans quelques jours, c'est Noël, c'est la nouvelle année, c'est des bonnes résolutions, bref, l'espace de quelques jours on oublie les promesses non tenues de l'année d'avant et on recommence. C'est des cadeaux, c'est de l'argent jeté par la cheminée et finalement la même misère dès le matin de la Saint-Sylvestre, où rien n'aura changé.

Alors, bien sûr, que vive la fête, mais comme rien n'a changé, il y aura toujours les mêmes qui mangeront du caviar et les mêmes qui passeront la nuit sous un pont.

L'équipe du Monde libertaire profite tout de même de ce non-événement pour prendre ses congés. La semaine prochaine, vous trouverez le hors-série de votre journal, qui restera dans les kiosques pour trois semaines.

Et comme rien ne change, on se retrouvera le jeudi 11 janvier pour un nouveau numéro.