Quand l'autruche éternue...

mis en ligne le 21 mai 2004

c'est toute la jungle qui s'enrhume

Tina

« Nous n’avons pas eu la chance, en France, d’avoir une Thatcher pour faire le sale boulot. » Strauss-Kahn.

Certes, mais nous avons en France la chance d’avoir un Strauss-Khan qui, victime du syndrome Tina (« There Is No Alternative »), est prêt à s’y coller, portant, s’il le faut, collier de perles et tailleurs à chier et dents en avant toutes. Qui a dit que le PS n’avait pas de programme ?

On voit

« Idéologique, c’est un mot que je n’emploie pas. » Bernard Kouchner, de chez Total.

Même le mot « idée », je l’emploie rarement, voyez. C’est un vieux mot, « idée ». Un mot que j’utilise par contre assez souvent, depuis que je bosse chez Total, c’est : combien ? Parce que c’est la vraie vie, « combien », c’est du concret, ça parle aux gens. Je l’ai vu en Birmanie, quand Total m’y a envoyé, voyez ?

Deux frères

« Ils sont comme deux grands fauves, qui se sont flairés, reniflés, et se respectent. » Monsieur Anonyme, ministre.

Les deux fauves en question sont Sarko et Villepin. Mais monsieur Anonyme (dont nous saluons le courage) ne nous dit pas lequel des deux a fourré le premier son museau dans le cul de l’autre.

Un frère

« J’écris beaucoup la nuit, après avoir longuement parlé avec mon frère. » Patrick Poivre, se disant d’Arvor.

Après avoir longuement parlé avec son frère-en-écriture (autrement dit son nègre), Poivre lui envoie un SMS dont l’autre doit tirer cent pages. Alliance de la technique avec la jeune littérature.

Zéro frère

« La France ne peut plus se contenter de compter les morts et de veiller à la survie du régime en place. » Soro, leader des rebelles de Côte d’Ivoire, lettre à Chirac.

Réponse de l’Élysée : nos soldats font en Côte d’Ivoire ce qu’ils ont fait au Rwanda, rien de plus, rien de moins. Compter les morts, ça, ils savent faire, nous venons d’ailleurs de les doter de calculettes high-tech. Pour le reste, Soro, t’es prié d’attendre d’être, comme on dit chez les Noirs, le « nouvel homme fort du pays » avant de m’envoyer tes cartes postales pourries : que je sache, on a pas gardé les Tutsis ensemble.

Très bon, très, très bon, mais bon…

« À l’Élysée ils m’ont dit que j’avais été très, très bon mais, bon voilà, on pouvait pas faire autrement. » Wiltzer, ex-secrétaire d’État chargé de la coopération.

En terme de coopération, faut avouer qu’il est fort, le gars. Accepter de quitter son poste parce que « bon, voilà », si c’est pas coopérer, ça… On me souffle que ça pourrait également être interprété comme le signe d’un intellect cruellement limité. On voudrait me contraindre à traiter de débiles les membres des gouvernements Raffarin I, II, III (partez) qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Je m’y refuse absolument. Luc Ferry chaussait classe, et le maquillage de Bachelot aurait assurément inspiré Zavatta.

Courage, baissons

« Les mécontents sont plus nombreux à droite qu’à gauche. Si l’on veut les récupérer, il faut prendre les mesures adéquates et avoir par exemple le courage de continuer la baisse des impôts. » Olivier Dassault, UMP.

Maître Dassault sur son arbre perché serait-il en train de nous dire que l’électorat de droite paierait davantage d’impôts que l’électorat de gauche ? Qu’il serait donc, comment dire, « plus riche » ? Que les riches seraient mécontents, qu’il faudrait donc les rassurer ? Mais que sait-il, ce corbeau tenant dans son bec un missile, que sait-il, cet oiseau de malheur, des « mécontents de gauche » ? Confondre mécontentement et colère, est une constante du patronat. Que faire face à un patronat qui fait mine d’avoir oublié la puissance de nos colères ? Devine.

Réclame

« Raffarin essaie de concilier tout et son contraire, la redistribution et la croissance. C’est une impossible synthèse. Nous, on va réclamer que l’on favorise la croissance. » Novelli, UMP.

Ah là, je suis drôlement déçu. Vraiment, je m’attendais à ce que les élus de l’UMP fassent de la réclame pour une redistribution égalitaire des richesses… Ah moi, fini, je vote plus pour eux.