
Septembre, des livres plein le cartable, le rat noir fait sa rentrée

Septembre commence dans les Pays Baltes, ou plutôt dans celui des Derniers païens de Sylvain Gouguenheim. Norvège : La ville de Segelfoss de Knut Hamsun. États-Unis : En crachant du haut des buildings de Dan Fante. France : La jeune fille et la nuit de Guillaume Musso. OTAN : une alliance au service de la guerre de Medea Benjamin et David Swanson.

« Garde tes songes ; les sages n’en ont pas d’aussi beaux que les fous » Charles Baudelaire
Sylvain Gouguenheim : Les derniers païens
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Dans son introduction, l’auteur commence par s’interroger sur la notion, aujourd’hui remise en cause, de préhistoire et ceci, « depuis la maitrise du langage et malgré le refus de certains historiens de considérer que cette période a bien "une histoire", même si l’écriture faisait défaut aux populations considérées dans ce livre », c’est à dire, aux Baltes, mais aussi par extension aux populations des Celtes, Germains, Saxons, Liutizes et Slaves christianisés, « ces dernières se présentant à nous sous une forme opaque car avant la christianisation, la mémoire du paganisme ne pouvait qu’être orale et gestuelle ». D’où le regard biaisé sur les civilisations baltes puisque issu de fragments et anecdotes rapportées par les vainqueurs « stéréotypes de missionnaires ou conquérants se voyant comme supérieurs » ! De fait, Sylvain Gouguenheim nous propose de reconsidérer l’histoire des Baltes, mais d’une façon critique.
Dans un premier temps, Sylvain Gouguenheim nous invite à faire un passionnant détour sur les origines supposées indo-européennes des peuples baltes, aujourd’hui remises en question par les historiens, linguistes et préhistoriens et nouvelles technologies ADN à l’appui. Ces derniers étaient-ils des hommes de Cro-Magnon installés en Europe à la fin du Paléolithique ? Dans ce cas, arrivés d’où avant de s’y fixer définitivement au XIIᵉ siècle ? Auraient-ils alors été organisés en tribus ou en peuple uni ? Ceci exclurait-il pour autant que les peuplades baltes et slaves se soient côtoyées, mais aussi heurtées au rythme des nombreuses invasions armées ?
Pour étayer son approche, l’auteur fait intervenir la dimension géographique. En effet, les territoires des Prusses, des Livoniens et des Lituaniens étaient à l’époque couverts de lacs et marécages, difficilement pénétrables, comme nous allons le constater en nous y promenant en compagnie de notre guide-historien. Leur christianisation, à laquelle nous allons assister, va donc se faire à partir du XIIᵉ siècle « plutôt en hiver et à l’unité, tribu par tribu », tandis que leur riposte ne verra le jour qu’au cours du XIIIᵉ siècle. Mais auparavant, nous assisterons à un nouveau flashback passionnant sur les « premiers découvreurs », marchands latins majoritairement allemands et polonais christianisés, s’intéressant à ce monde tenu à l’écart de la célèbre route des Varègues aux Grecs et qui selon l’auteur « ont inventé le monde balte au sens médiéval du terme avec leurs schémas, aprioris, catégories et références ». Sylvain Gouguenheim consacre un long passage aux Grecs antiques qui semblaient ignorer le monde balte appelé « désert ».
Nous en arrivons ainsi au XIIᵉ siècle, tandis que les premières informations sur ces régions nous viennent des missionnaires médiévaux. Il sera plus loin question des pratiques païennes à partir du XVᵉ siècle de « ces barbares cruels, sauvages, infidèles s’abreuvant de sang humain », comme les définissent alors les chroniqueurs chrétiens, exceptions faites de quelques-uns dont Pierre de Duisburg qui leur « concédaient » quelques rares qualités, comme l’hospitalité. Petits arrêts sur les différentes positions des papes, qui valent leur pesant d’or !
Après les chroniques des premiers conquérants, nous découvrirons celles des élites lettrées et des princes du XVème siècle. Seront-elles pour autant plus favorables ? Suit un long chapitre consacré à la constitution du Grand-Duché païen de Lituanie, une exception notable dans l’histoire de l’Europe. Celui-ci devant s’opposer à l’Ordre teutonique et aux Tatars d’un côté et aux prétentions des Chrétiens de l’autre… Ce n’est qu’après ce détour que nous allons découvrir les sources médiévales traitant des origines « fabuleuses » attribuées aux terres de Prusse, Livonie et Lituanie « ce bout du monde ».
Nous arrivons alors au début du processus de transformation de la culture balte (ou acculturation), celle-ci n’excluant pas une interpénétration avec les envahisseurs chrétiens. Petits détours sur les langues baltes, les écrits, la religion et les croyances comme piliers de leur identité collective. Mais quid de la pertinence du terme « païen » devant une hypothétique fusion entre une chrétienté rigide et un paganisme plus perméable ? A partir de quand, certains historiens en arrivent à considérer la christianisation des pays baltes comme achevée ? Mais aussi, comment l’Église s’y prit-elle pour finir par imposer ses vues devant la polygamie pratiquée par ces peuples ? Par la ruse ? Quid de la place qui restera accordée aux femmes, aux morts, aux ancêtres et aux lieux païens sacrés ? ou encore, pourquoi la Lituanie fera-t-elle exception jusqu’à la fin du XIVᵉ, ainsi que de la Samogitie au début du XVᵉ siècle ? Les envahisseurs chrétiens passeront-ils la barrière des langues, et, outre les problèmes financiers causés par l’opposition des Réformés et de la Contreréforme, comment réagiront-ils lors des guerres locales (Russie, Lituanie et Suède) ? Pour conclure cette partie consacrée à « la fin des païens », Sylvain Gouguenheim fera un point toujours aussi captivant sur la survivance des rites païens ruraux ailleurs en Europe.
La dernière partie de ce volume traitera plus particulièrement des « dieux ou forces naturelles baltes » du Xᵉ au XXᵉ siècle. L’auteur nous conduira à travers le véritable « puzzle » que constituent les chants ou contes folkloriques, les « dainas », « plus anecdotiques que mythologiques », selon lui. Et ce, jusqu’au XVIᵉ siècle où « les dieux agropastoraux se multiplient certainement en liaison avec les conflits de la Réforme et de la Contreréforme ». Il sera alors passionnant de voir comment chacune de ces fractions se conduira dans un but de propagande « reliant, faute de comprendre en profondeur la culture populaire et le paganisme balte (associés à l’œuvre du diable et de la sorcellerie) aux dieux antiques et représentations religieuses colportées depuis Saint Augustin ».
Partant de cela, un passage tente d’évaluer à travers les textes et recherches archéologiques et linguistiques actuelles, s’il existait ou non des bâtiments réservés aux cultes (temples, sanctuaires ?) et des individus (prêtres, guérisseurs, devis, voire magiciens, avorteuses), communiquant avec les dieux. Sorts ? Divinations ? Banquets ? Sacrifices animaliers ? Humains ? Magie ? Sorcellerie ? Autour du bouc, adoration diabolique selon les Chrétiens ? Afin d’essayer de répondre à ces questions, nous partirons de l’avis des mêmes chroniqueurs médiévaux évoqués plus haut (témoignages fictifs, erronés ?) et tenterons de savoir lesquels de ces rites résistèrent à la christianisation et lesquels furent le plus combattus ?
Un chapitre est consacré aux cultes rendus aux éléments naturels (pierres, arbres, sources et les feux sacrés) dont le paysage balte porte encore les traces et contre lesquels l’Église lutta durant des siècles ! Enfin, le dernier chapitre traite des rapports à la mort chez les baltes païens (crémation, inhumation et immersion) et à leur quête de la fertilité. Là encore, nous n’aurons de cesse d’être étonnés en apprenant lesquels de ces rites perdurent encore, comme la croyance en la réincarnation ou le culte du serpent ?
Dans sa conclusion, Sylvain Gouguenheim tente de répondre à cette question qui résume toute sa démarche : « Au terme de ce panorama qui nous a mené du XIIᵉ siècle à l’époque actuelle, peut-on démêler l’incertain du probable et de l’assuré ? ». Les croyances païennes étaient-elles capables de remplir la fonction attendue d’elles : donner un sens au monde, orienter vers un mode de vie, vers un faisceau de relations aux forces de la nature, ou encore, vers un ensemble de traditions charpentant la vie sociale ? Si oui, qu’en reste-t-il ? « Cette "religion populaire" aux croyances héritées de la Préhistoire face à la puissance de la nature ne serait-elle qu’une invention des clercs, pasteurs ou humanistes frottés de culture antique ?» nous demande l’auteur. « Étant différent de celui des Grecs, des Romains ou même des Scandinaves, le paganisme balte se rapproche-t-il plus de celui des Slaves qu’à vrai dire on ne connaît guère mieux ?
Ces dernières questions seraient-elles une invitation déguisée au prochain essai de l’auteur ?
Knut Hamsun : La ville de Sagelfoss
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« Mais qui peut donc monter sur la "butte au drapeau" que Théodor de Bua a fait ériger sur le promontoire donnant sur le port et le fjord de la petite ville de Sagelfoss ? L’avait-il fait ériger uniquement parce que c’était un boutiquier qui aimait pavoiser pour n’importe quoi, parfois pour rien ?»
Dans la petite ville du Nordland norvégien, les supputations vont bon train « des gens étaient venus de toute la contrée pour savoir ce qui se mijotait ». Cet événement local dans un bourg où il ne se passait en général pas grand-chose va être l’occasion de nous faire connaitre ses habitants de toutes couches sociales. Certains crânes, d’autres jaloux ou indifférents. Sans dévoiler le fil de l’histoire, nous nous contenterons donc de présenter ses principaux protagonistes…
Tout d’abord, Holmengra : le patron de l’usine de farine, ancien roi détrôné, franc maçon par opportunisme, mais surtout nostalgique d’un passé, « bien plus glorieux que le présent moderniste et son consumérisme insatiable, collectivisant ses ouvriers indisciplinés qui ne le respectent plus. De nos jours, les chevaux n’ont plus de cocher et comme les chevaux savent qu’il est plus facile de tirer vers le bas que vers le haut, ils tirent vers le bas ! » Propos qu’il n’est pas trop choquant de voir sortir de la bouche d’un patron désabusé.
- A présent, le boutiquier Theodor de Bua : ambitieux commerçant avec son « comptoir à vin sans alcool ! », autour duquel les ragots vont et viennent et dont le père « ne finit pas d’en finir ». Ce Theodor « qui avait dans son cœur, un petit bosquet de bonheur, blessé par son impossible amour. »
- Au tour du cordonnier Nils Sr. : pauvre spectre ruiné d’un autre âge « où les chaussures en cuir ne se jetaient pas aux ordures à peine usées. »
- Bardsen : le télégraphiste alcoolique indolent, irresponsable « qui passait son temps à philosopher sur la vanité de l’existence et l’indifférence du destin. »
- Le pasteur Landmarck, « plus doué pour le bricolage que pour la chose religieuse qu’il trouvait bien ennuyeuse », sa femme et ses nombreux enfants…
- Les employés de la Gazette locale : souvent du côté des travailleurs et qui faisaient la pluie et le beau temps dans la ville.
- Ce n’est pas tout, voici les Bouvard et Pécuchet locaux : l’avoué de banque bedonnant Rash également propriétaire de la Gazette sans en être rédacteur, en revanche, créateur de sa propre banque. Florina, sa fille : aussi cupide que calculatrice. Le complice de l’avoué : le médecin Muss, « aux grandes oreilles difformes : Les trolls avaient dû faire un échange d’enfants une fois dans sa famille et « la chose » avait ressurgi en sa personne ! »
- Julius l’hôtelier : « homme sans foi ni loi, grossier et sain, mais sans vergogne, intact qui faisait l’important, n’écrivait que par signes mais savait très bien compter. »
- Lars Manuelsen et sa perruque.
- Le bailli : « homme pacifique, débonnaire et arrangeant »
et enfin L. Larsen « la lumière de Segelfoss, prétendu savant hypocrite, rusé et sans scrupules comme son père ».
A présent que tout ce petit monde vous a été présenté, nous pouvons revenir à nos moutons. Qui attendent donc tous ces personnages dans le petit port de Sagelfoss ? Serait-ce Willatz, le quatrième du nom, aristocrate héritier du Domaine, « Jeune homme riche et chic qui constituait une société à lui tout seul, mais muré dans un rêve d’art et de grandeur » ? Ce dernier aura-t-il la capacité de « donner un petit coup de fouet aux ouvriers ayant trop tendance à menacer de la grève et rétablir l’ordre ancien» ? C’est en effet autour de sa personne que vont graviter les principales figures de la petite ville « perdue dans la partie septentrionale de la Norvège ». Splendeurs et misères, rivalités « bourgeoises » pour essayer de briller cette micro-société. Savant mélange de caractères allant nous offrir sur un plateau, des scènes dignes des grands romans balzaciens. En effet, Kunt Hamsen excelle dans la description parcimonieuse de la futilité des personnages et met en valeur en contrepoids, la profondeur de certaines considérations hautement philosophiques ou sociologiques de certains d’entre eux.
Si ce livre est un petit joyau de concentré satyrique, en refermant ses dernières pages, on est en droit de se demander comment Kunt Hamsen, ce conteur de grand talent, a pu se laisser choir dans l’ignominieuse et nauséabonde promesse pro-nazie ? Et ce n’est hélas pas le dernier à avoir été dans son cas. Comment ne pas penser aux Ernst Jünger et autres Louis-Ferdinand Céline !
Dan Fante : En crachant du haut des buildings
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Bruno Fante enchaine en nous expliquant qu’après deux semaines à faire ce boulot, il le quitte à cause du ôte-agrafe qui cloque et rougit le pouce et l’index de sa main droite... C’est alors que notre héros, à la sexualité sans frontières dont il parle sans ambages, découvre un New-York « crasseux et nauséeux ». Son mode d’expression sent « foutrement » le vécu ! Après quelques jours bien arrosés, il dégotte un nouveau job : placeur dans un cinéma. « Ça tombait bien, j’ai toujours aimé le cinéma, à cause du noir, des mondes imaginaires et de l’odeur du pop-corn ». Malheureusement, « la patronne d’origine italienne « à la face de rat » se montre très tatillonne tandis que le projectionniste lui, fume de la drogue et picole, mais comme il est syndiqué… » On ose imaginer que son séjour dans la place ne sera que de courte durée. Et quand, une fois encore il se fait virer, son humeur tourne à l’aigreur. Or, nous n’en sommes alors qu’au début de ses aventures professionnelles.
Nous allons suivre Bruno « incapable d’écrire la moindre petite nouvelle », de petits boulots en petits boulots, plus décevants les uns que les autres. Evidemment, l’abus d’alcool ne fait rien pour arranger les choses ! Jusqu’au jour où il finit par décrocher « LE » job : laveur de carreaux de buildings. « A New-York, la plupart des laveurs de carreaux sont des alcoolos ou des malades mentaux, en tous cas ceux qui bossent en freelance. Il y a là matière à faire une thèse ». Bienvenue dans le métier, surtout lorsque l’on mesure un mètre soixante et que l’on est frileux !
Toute la saveur du récit réside dans la manière dont Bruno se fait à chaque fois virer et dans l’ampleur des revanches qu’il concocte, souvent assez foireuses, il va sans dire. Nous le quitterons alors qu’il décrochera sa licence de chauffeur de taxi : « un métier à haut risque à New-York » ! Mais jusqu’où conduira Bruno Fante, vacillant toujours entre deux montées et deux descentes alcooliques ? Irrésistible Dan Fante.
Guillaume Musso : La jeune fille et la nuit

Nous sommes alors projetés vingt-cinq ans auparavant, en octobre 1992 sur le même lieu, où une certaine Vinca avait rendez-vous avec Alexis, son amoureux.
Retour en 2017 : nous faisons à présent la connaissance de Thomas le héros du roman, écrivain et ancien élève du prestigieux lycée international de la région. Nous comprendrons rapidement pourquoi il se rend sur place afin d’assister à la cérémonie anniversaire de l’établissement. Ceci sur l’invective de Maxime, un de ses anciens camarades de classe qui lui a dit de l’y rejoindre « afin de tenter de désamorcer une bombe susceptible de ravager à tout jamais, le cours de leurs existences. Bombe dont ils avaient été les artificiers, un certain soir de décembre 1992 ».
Avant de retrouver son ami, Thomas décide de retourner au café où se retrouvait leur bande d’amis à cette époque.
Au centre du groupe, régnait Vinca, la belle jeune fille brillante « mais trop souvent défoncée », issue d’une famille bourgeoise américaine, dont tout le lycée semblait être amoureux. Cette Vinca qui faisait encore plus parler d’elle tandis qu’elle s’était enfuit à Paris avec Alexis, son professeur de philosophie. Tous deux ayant disparu depuis sans ne plus laisser aucune trace. Fanny faisait aussi partie de la bande, ex-punk devenue cardiologue, ainsi que Maxime « son frère de cœur », futur député marconiste, aujourd’hui homosexuel, marié et assumé.
Lorsqu’ils se retrouvent à la cérémonie, il s’avère qu’ils ont tous les quatre reçu la même lettre anonyme avec ce même mot : « Vengeance ». Ils croisent à la fête, Stéphane, trotskiste depuis le lycée devenu journaliste à Nice Matin. Stéphane semble en savoir beaucoup sur la soi-disant disparition de Vinca à laquelle les quatre autres ont été mêlés. Or, Stéphane est convaincu qu’en fait, Vinca n’a pas disparu.
Alors que s’est-il vraiment passé ce fameux soir de décembre 1992 ? Pour le découvrir, nous allons devoir faire beaucoup d’aller-retours dans le présent et le passé de tous ces individus pour comprendre en même temps qu’eux, ce qui s’est « exactement » passé ce soir-là. C’est petit à petit que nous allons soulever un par un, des petits morceaux du voile sombre qui recouvre cette histoire. Une enquête déroutante qui nous donnera aussi l’occasion de découvrir ce coin mythique de la Côte d’Azur, aujourd’hui défiguré par un bétonnage implacable.
Un nombre impressionnant de références culturelles des plus variées laissera parfois passer au détour d’une page, quelques vérités sans appel et trop réalistes, comme celle-ci par exemple :
« Loi injuste qui accable certaines personnes un peu trop fragiles qui ont comme seul tort de bien se comporter avec les autres. Le plus souvent le destin est un salopard pervers et vicieux qui prend son pied en broyant la vie des plus faibles, alors que les connards mènent une existence longue et heureuse »…
Medea Benjamin et David Swanson : L’OTAN, une alliance contre la guerre

Dans sa préface de L’OTAN, une alliance contre la guerre (éd. Lux, traduction de l’anglais Nicolas Calvé), ce dernier nous avertit que nous allons découvrir un ouvrage indispensable paru en 2022, à l’occasion du 75ème anniversaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Indispensable car « l’OTAN représente une réelle menace pour la paix mondiale en tant que machine incontrôlable ne faisant l’objet d’aucune délibération démocratique au sein de ses états membres, se résumant à un instrument de propagande et de détournement de l’attention ». C’est donc en détail que cet essai va décortiquer le sombre bilan de l’organisation, fondée en 1949, au moment de la Guerre froide par les ministres des Affaires étrangères de dix pays et ce, plus particulièrement des années 1990 à 2020.
Medea Benjamin et David Swanson commencent par décliner les trois objectifs principaux issus des quatorze articles de la « nouvelle Alliance » lors de sa constitution, qui se résument schématiquement à « garder les Russes à l’extérieur de l’alliance, les Américains à l’intérieur et maintenir les Allemands sous tutelle ». Et nous allons très vite constater que dans les faits, les présidents américains successifs, prépondérants dans l’organisation, ont après avoir violé la Constitution américaine, aussi bafoué la Charte des Nations Unies qui enjoignait ses signataires « à régler pacifiquement leurs conflits en vertu des valeurs démocratiques et des libertés fondamentales des droits de l’Homme ». Et nous verrons plus loin comment l’Alliance servit rapidement, sous la coupe des USA, outre à faire obstacle à l’URSS et à la Guerre froide, à réprimer les mouvements communistes actifs en Europe occidentale ainsi que les luttes révolutionnaires et anticoloniales en Afrique, favorisant une économie capitaliste et de libre-échange.
Les auteurs enchainent sur la création par l’URSS en 1955, d’une « zone tampon avec les pays amis » en riposte à son rejet de la part de l’Alliance (fait peu connu). Qui eut été alors assez naïf pour ne pas deviner que la Russie allait elle aussi user de la force, notamment contre les révoltes en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968 et ce, jusqu’à la dissolution du Pacte en 1990, quelques mois avant la chute du Mur ?
Le chapitre suivant constate qu’après cet événement, l’OTAN non seulement ne fut pas démantelée, mais passa de 12 à 32 membres. Sous quels critères ? Pour quelles raisons et surtout pourquoi la Finlande et la Suède, dits « pays neutres » n’y ont-elles alors pas adhéré ? Ici comme pour l’ensemble de l’ouvrage nous découvrirons les réponses à toutes les questions posées sous l’éclairage de nombreux documents d’archives, interviews et articles de presse.
Dans le chapitre intitulé « Les offensives militaires de l’OTAN », nous verrons le rôle joué par celle-ci en Bosnie Herzégovine, en Serbie, au Kosovo, en Afghanistan et Irak et enfin, en Libye. Menaces, guerres illégales, expansion de zone d’influence, etc.
Plus proche de notre époque, le chapitre suivant se focalisera sur la présence en Ukraine de l’OTAN et des USA (90 % de l’aide militaire). Nous découvrirons alors les jeux diplomatiques et géopolitiques s’étant noués autour de son éventuelle intégration à l’organisation, sans omettre les positions divergentes des pro-Russes et des pro-Occidentaux ukrainiens. Mais, quel rôle a joué dans tout ça exactement l’OTAN après l’invasion russe en 2022 ? Quid de l’infiltration de groupes d’extrême-droite liés au régiment d’Azov ? Quelles places furent laissées aux propositions de paix des gouvernements africains, asiatiques et sudaméricains ?
Les auteurs nous invitent ensuite à la découverte des « partenaires » de l’Alliance (autres que ses 32 membres), en Europe, en Asie, en Afrique du Nord. Peut-on les définir comme étant des pays attaqués ? Quel rôle jouent-ils dans tout cela ? Achètent-ils des armes ? Suit un passage dévolu au rôle de l’OTAN en Israël et Palestine, avec un focus sur le « grand intérêt » manifesté par l’Alliance pour l’utilisation de l’Intelligence artificielle contre la Bande de Gaza ! Nous comprendrons le pourquoi des tergiversations des partenaires au sujet de l’aide humanitaire apportée aux réfugiés. Serez-vous plus surpris que cela d’apprendre que parmi les partenaires de l’OTAN figurent des états considérés comme les plus autoritaires du Monde ? Une situation qui pourrait, selon les auteurs « alimenter une course folle à l’armement ». Et depuis qu’outre la Russie, la Chine est désormais aussi considérée comme un ennemi de l’hégémonie étasunienne, où cela risque-t-il de nous conduire ?
Le chapitre « Qui décide ? Qui paye ? » est tout aussi effrayant : « L’OTAN étant une organisation aux décisions sans plébiscite, sans vote enregistré, tout se fait derrière des portes closes » ! Quant au financement, nous comprendrons vite comment et pourquoi l’Alliance organise cette « course à l’augmentation des budgets des membres alloués aux armes, les USA qui exportent 42 % du marché mondial, ne se trouvant jamais bien loin » ! Nous trouverons une phrase très éloquente de Trump à ce sujet sur les « mauvais payeurs », membres ou partenaires… !
Le chapitre consacré à « l’OTAN et le droit international » ne surprendra que les moins convaincus d’entre nous, sachant qu’un pacte datant de 1976 stipulait « toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi », notamment la Cour pénale internationale. Qui visait-il exactement ? On n’ose à peine douter de la réponse ! Mais se demandent les auteurs, l’existence même de l’OTAN est-elle seulement légale ? Et qu’en est-il de la réalité de l’armement nucléaire des pays de l’OTAN ? Question bien naïve encore : les armes nucléaires ne violent-elles pas le Traité de 1970, sur leur non-prolifération ?!!! Quid depuis l’invasion de l’Ukraine ? Et à quels jeux jouent la Hongrie, la Russie et bien sûr Trump, dans le conflit ?
Après cet immense tour d’horizon, on pense enfin en avoir terminé avec l’énoncé de ces catastrophes passées et à venir, mais que nenni : Medea Benjamin et David Swanson nous avertissent que l’OTAN se promet de recruter pour intégrer de nouveaux partenaires et membres ! Préparatifs pour une cyberguerre ? Fort heureusement, avant de nous quitter, ils nous proposent une série de solutions de rechange (avant qu’il ne soit trop tard ?) que nous vous laissons découvrir par déférence pour eux, mais surtout en respect de leur immense travail…
Patrick Schindler, groupe de Rouen de la FA
"OTAN, suspends ton vol !" C’est pas gagné.... Pendant ce temps deux passagers clandestins :
Une chanson d’Areski et Fontaine faisant référence à septembre noir [note]
Et puis une chanson de Michel Bühler est sortie en 2017, reprise en duo fin 2021 avec Eric Frasiak et toujours terriblement d’actualité.
Groupe de Rouen
"Qu’on me laisse à mes souvenirs de lecture" fredonne le rat noir en ce mois de novembre.
En octobre le rat noir lira-t-il des octosyllales à l’octopode octogénaire ?
Qui est in et qui est août ? se demande le rat noir
Juillet, rat noir, qu’est-ce que tu lis pour les vacances ?
Le Rat noir a lu Guy Pique
Mai, ou, et, donc, le rat noir ?
C’est le printemps, avril, le rat noir est de retour.
Sur le calendrier du rat noir, au mois de février, les jours s’allongent peu à peu
"Monsieur Janvier, c’est des livres francs" exige le rat noir.
Décembre, le rat noir a rempli sa hotte
A Athènes, Exarcheia est toujours bien vivante : La Zone, un nouveau lieu de rencontre libertaire vient d’ouvrir ses portes !
Le rat noir fera craquer les pages blanches, octobre tiendra sa revanche
Les livres portent déjà les couleurs de septembre et l’on entend, au loin, s’annoncer le rat noir
Le raout du rat (noir) en août
Les livres du rat noir de juin, les livres du rat noir de juin
Mai, mai, mai, Patrick mai... Mai, mai, mai, rat noir !
"Nous roulerons comme les écrivains roulent Ni riches, ni fauchés... Viens être mon rat noir d’avril Viens, nous allons briser toutes les règles"
Mars : "Un pas, une pierre, un rat noir qui bouquine..."
Février de cette année-là (2024) avec le rat noir
Janvier, une nouvelle révolution... terrestre*. Et le rat noir, toujours là.
Décembre : pas d’hibernation pour le rat noir.
Novembre, le rat noir toujours plongé dans des livres.
lectures d’octobre avec le rat noir
Sœurs ensemble, tu n’es plus seule !
Les vendanges du rat noir. Septembre 2023, un bon cru...
Le rat noir est "in" pour ce mois d’août
Lunettes noires pour un rat noir, voilà juillet.
Gay Pride d’Athènes 2023 en une seule photo !
Le rat noir répond à l’appel de juin
En mai le rat noir lit ce qui lui plait (mai 2023)
En avril le rat noir ne se découvre pas d’un livre
Athènes . Rendez vous féministe et solidaire était donné le 8 mars
En Arès, le rat noir hellénophile attend le printemps.
Hommage au philosophe, René Schérer
Pour un mois de février à ne pas mettre un rat dehors...
Le rat noir a fait au gui l’an neuf : merveille : son œuf mensuel.
Grèce. Un Rom de 16 ans tué par un policier pour un vol à 20 €
Pour finir l’année avec le rat noir
Commémoration du 17 novembre 1973, hier à Athènes
Ballade en novembre pour le rat noir
Finies les vendanges en octobre, le rat noir fomente en tonneau
"C’est en septembre que je m’endors sous l’olivier." rêve le rat noir
Coming août, voici le rat noir.
Le rat noir lit à l’ombre en juillet
Gay Pride Athènes 2022
En mai, le rat noir lit ce qui lui plaît.
En avril, le rat noir ne se découvre pas d’un livre.
Encore un peu du rat noir pour mars
Le rat noir de mars
Vite, le rat noir avant que mars attaque...
Février de cette année-là, avec le rat noir.
Une fin de janvier pour le rat noir
deux mille 22 v’là le rat noir
Le Rat Noir de décembre...
Un rat noir de fin novembre...
Début novembre, le rat noir est là
Octobre, nouveau message du rat noir
revoilà le rat en octobre
Le message du rat noir, fin septembre
La rentrée du rat noir
La fin août du rat noir
Mi-août, voilà le rat noir !
Le rat noir, du temps de Jules au temps d’Auguste
Le rat, à l’ombre des livres
Interview de Barbara Pascarel
Le rat noir, fin juin, toujours le museau dans les livres
Un bon juin, de bons livres, voilà le rat
On est encore en mai, le rat lit encore ce qui lui plait
En mai le rat lit ce qui lui plait
Fin avril, le rat noir s’est découvert au fil de la lecture
Un rat noir, mi-avril
Une nouvelle Casse-rôle sur le feu !
Qu’est Exarcheia devenue ?
V’là printemps et le rat noir en direct d’Athènes
Le rat noir de la librairie. Mois de mars ou mois d’arès ? Ni dieu ni maître nom de Zeus !!!
Librairie athénienne. un message du rat noir
Le rat noir de la librairie athénienne. Février de cette année-là.
Le rat noir d’Athènes mi-janvier 2021
Le rat noir de la bibliothèque nous offre un peu de poésie pour fêter l’année nouvelle...
Volage, le rat noir de la bibliothèque change d’herbage
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1 |
le 2 septembre 2025 11:52:26 par Max |
Cher Patrick, j’ai lu le père : John Fante, j’ai adoré son écriture et son humour et là tu me donnes l’occasion de découvrir le fils. je trouve le tableau d’Alfred Agache "L’énigme" très beau. Merci pour ce partage
2 |
le 2 septembre 2025 17:14:16 par Jehan |
Beau Knut Hamsum.
Baci.
Jehan
3 |
le 2 septembre 2025 17:15:11 par Le rat noir |
Oui, Oui, talentueux et beau Knut Hamsum...
Hélas tous les pronazis n’étaient pas tous bêtes et laids. Ce serait tellement plus simple !!! ????????
4 |
le 2 septembre 2025 17:15:48 par Jehan |
Et oui pas facile à négocier...
5 |
le 2 septembre 2025 17:16:42 par Stéphane |
Très cosmopolite, pour ce tour d’horizon !...
Stef
6 |
le 2 septembre 2025 17:18:23 par Corinne |
A mon sens, le tableau L’énigme : Elle a le cœur qui saigne dans sa dignité drapée de noir ....
Pour les critiques, c’est sympa, on a le choix, propositions très variées, bravo et très bien écrit.
Corinne
7 |
le 2 septembre 2025 19:46:57 par Paolo |
Merci au passager clandestin pour nous avoir fait réécouter les deux versions du 6 septembre, l’original et la reprise en écho aux massacres à Gaza.
8 |
le 15 septembre 2025 15:40:41 par Singio |
C’est indispensable, ce rat. J’ai adoré Dan Fante. Indispensable. Le Singe

